France : Le silence de Bayrou sur l’affaire Pélussin remis en question

En France, une commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles au sein des institutions religieuses a remis en lumière l’affaire du collège Saint-Jean de Pélussin (Loire). Selon l’agence Anadolu, le rapport, publié mercredi, interroge le silence de François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale, face aux alertes lancées en 1995 et 1996 par deux enseignantes, Élisa Beyssac-Vinay et Marie-Dominique Chavas. Ces dernières avaient dénoncé des violences systémiques à l’internat Saint-Jean, géré par les frères maristes.

Le directeur de l’établissement, le frère Jean Vernet, a par la suite été condamné pour agressions sexuelles sur une trentaine d’enfants. L’homme, sans diplôme médical, dirigeait l’infirmerie du collège où il aurait commis des abus sous couvert de « palpations ». Face à l’inaction de l’Éducation nationale, les deux enseignantes ont saisi le procureur, puis adressé de nombreux courriers aux autorités, dont François Bayrou. Un courrier du 23 juin 1996 alertait : « Des enfants sont en danger, nous sommes menacées, nous ne pouvons rester dans cet état. »

Malgré ces alertes, aucune enquête administrative n’aurait été ouverte à l’époque. Certains des adultes mis en cause seraient restés en poste jusqu’à leur retraite. François Bayrou aurait invoqué la présomption d’innocence et n’aurait pris aucune mesure disciplinaire. L’affaire Pélussin présente des similitudes avec le scandale de Bétharram : silence ministériel, ostracisation des lanceuses d’alerte, impunité des agresseurs et dissimulation institutionnelle. En janvier 1997, les enseignantes ont interpellé Jacques Chirac par courrier. L’Élysée aurait transmis le courrier au cabinet de Bayrou, qui aurait répondu qu’une action disciplinaire ne pouvait être engagée qu’après une décision de justice.

Pourtant, des suspensions conservatoires étaient possibles. Une cellule d’écoute a été mise en place, mais confiée à un surveillant lui-même mis en cause. L’audit a été réalisé par l’enseignement catholique, et non par l’État. Aucun adulte accusé n’a été suspendu. Avec la médiatisation de Bétharram début 2025, les témoignages concernant Pélussin ont refait surface. Le rapport parlementaire souligne la clairvoyance des deux enseignantes, ignorées à l’époque. François Bayrou n’a pas commenté ces nouveaux éléments. Sa porte-parole a indiqué, après le conseil des ministres du 2 juillet, qu’il avait été interrogé par la commission parlementaire et avait fourni des explications sur son attitude.

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