Rétro actu politique 2018 : De la valse des transhumants… à une Présidentielle agitée…

L’année 2018 tire à sa fin. Une nouvelle page s’ouvre, dans quelques jours, celle de 2019. Une nouvelle année qui marquera, sans doute, l’histoire politique du Sénégal, vu le contexte électoral. La campagne présidentielle déguisée a déjà annoncé ses couleurs avec des inaugurations du président Macky Sall, des cérémonies d’investitures, des tournées politiques…Mais aussi des ralliements spectaculaires d’opposants qui, jamais imaginé, ont rejoint « l’ennemi ». 2018 est aussi marquée par d’autres faits saillants que senego vous propose de revivre. 

2018 et 2019 marqueront, sans aucun doute, un tournant décisif dans l’échiquier politique du Sénégal. Une Présidentielle qui a aussi annoncé les couleurs d’une année « mouvementée » avec des candidatures comme celles de Karim Wade et Khalifa Sall qui, tous deux, ont reçu leur récépissé, jusque là sans illusions. Les partisans du maire « révoqué » de Dakar et ceux de Wade-fils menaceraient de saboter le scrutin si, toutefois, le Conseil constitutionnel invalide les candidatures de leur leader.

Cette année a aussi été marquée par une vague de transhumance vers le navire de la mouvance présidentielle. De la part même d’hommes politiques qui ont heurté l’esprit des Sénégalais par leur revirement à 180°. Souleymane Ndéné Ndiaye qui jurait, par tous les saints, qu’il n’allait jamais rejoindre son « ami » Macky Sall et que tout transhumant mérite qu’on le pende, avant de se pendre, lui même au coup de Macky. Il sera, à son tour,  « fusillé » par les Sénégalais. Même s’il dit n’avoir jamais trahi (?) Abdoulaye Wade.

Mais aussi celle de Sada Ndiaye qui a été à l’origine de la loi Sada Ndiaye qui, rappelons-le, était à l’origine du limogeage de Macky Sall à l’Assemblée nationale. Une transhumance qui n’a pas du tout été du goût des partisans de Macky Sall, en occurrence Moustapha Cissé Lô qui ne l’a pas raté.

La liste est loin d’être exhaustive… Modou Diagne Fada, mais aussi Cheikh Tidiane Gadio, Ahmed Fall Braya sont entrés dans la danse…

La plupart, ces libéraux justifient leur acte par le soutien d’un autre frère libéral. Abdoulaye Wade avait « demandé à ce qu’on soutienne Macky Sall…« , se sont justifiés certains, au moment où le pape du Sopi continue de lutter pour que la candidature de son fils, Karim Wade, soit validée.

Qu’est-ce qui a poussé ces derniers à « vendre leur âme » au plus offrant ? Serait-ce par peur de représailles ? Par peur que l’Ofnac soit lancé à leurs trousses ?

Le cas Abdoulaye Baldé et Aïda Ndiongue en sont les parfaites illustrations. Le maire de Ziguinchor était, depuis un moment, sur les tablettes de la Crei l’Ofnac avant qu’il ne rejoigne la mouvance présidentielle. Se rappelle-t-on qu’il a même passé, cinq (5) longues heures dans le bureau du juge d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite.

Même s’il justifie son ralliement en ces termes: « Je ne soutiens pas Macky Sall, je suis venu pour soutenir mon pays pour construire le Sénégal et mon ralliement n’a rien à voir avec mon problème judiciaire… »

Aida Ndiongue aussi, après son incarcération et ses avoirs confisqués dans l’affaire d’enrichissement illicite du Plan Jaxxaay, une initiative de Abdoulaye Wade destinée à créer des logements sociaux pour recaser des sinistrés des inondations de la banlieue de Dakar, l’ex sénatrice libérale a rejoint son bourreau en vue de la Présidentielle. Une transhumance qui se justifie, selon les observateurs, parce que cette dernière voulait recouvrer ses biens et échapper à la justice.

Ousmane Sonko, peu connu, il y a encore quelques mois au Sénégal. Provocant, le leader de Pastef croit en ses chances face à Macky Sall, en février 2019. Mais fait-il vraiment le poids ?

New York, Madrid, Paris, Bruxelles ou Milan… Partout où il est passé, Ousmane Sonko a fait salle comble. Des milliers de personnes sont venues voir, écouter et soutenir ce grand échalas qui, en quelques mois, est devenu la nouvelle star de la politique sénégalaise. Partout où il est passé, il a ressassé ses critiques à l’encontre du régime de Macky  Sall…

Cette année qui tire à sa fin peut être aussi considérée comme celle de Ousmane Sonko qui, depuis son show à la place de l’Obélisque pour la présentation de son livre « Solution », a marqué les esprits. Et depuis, il est resté dans le collimateur de ses « pires ennemis », la coalition Bby, voire une partie de l’opposition qui n’ont pas raté l’occasion de lui couper l’herbe sous les pieds. En profitant de ses erreurs « de communication ». Et Thérèse Faye, ou encore Ousmane Tanor Dieng ne sont pas en reste dans ces attaques réglées.

Depuis lors, menaces et tentatives d’intimidation se sont multipliées envers les « patriotes ». On se souvient des gendarmes qui se sont rendus au siège de Sonko, à Ziguinchor et chez sa mère pour récupérer ses fiches de parrainages…

Ce qui n’a pas ébranlé Sonko qui n’a pas manqué d’interpeller le ministre Aly Ngouille Ndiaye sur la question…

Mais aussi, se souvient-on de la tentative de diabolisation de la part de Ahmed Khalifa Niass qui le qualifie de terroriste…

Ce qui n’empêche pas une ascension fulgurante du « Patriote » dans le Sénégal des profondeurs mais aussi en Europe, plus précisément à Paris, au Docks Pullman à guichets fermés. Ainsi, le leader du Pastef a fait un meeting dans une salle pleine à craquer.

Khalifa Sall et Karim Wade candidats?

Khalifa Sall, en prison depuis près de deux ans, est actuellement âgé de 62 ans. Malgré les crocs en jambes du régime en place, il reste en course pour la Présidentielle du 24 février. Ce, tant que ses recours ne soient pas épuisés. Ainsi, à deux mois de la Présidentielle, les partisans du maire « révoqué » de Dakar ne lâchent pas prise et ont même déposé leurs parrainages au Conseil constitutionnel, de même que Karim Wade. Il est, selon eux, hors de question d’assister à une élection Présidentielle sans leur candidat.

Ainsi, après avoir collecté le nombre de parrainages requis, les deux camps, par le biais de leur mandataire, se sont rendus au Conseil constitutionnel, avec une forte mobilisation, pour déposer leurs parrainages. Au moment où le délibéré du procès en cassation de Khalifa Ababacar Sall est renvoyé au 03 janvier 2019.

Karim Wade, depuis un moment, annonce son retour au Sénégal. Qualifié de « candidat fantôme » par le régime en place, Wade-fils a annoncé sa candidature, via un enregistrement diffusé dans la presse.

D’où l’optimisme de ses militants, bien que certains aient quitté le navire du Pds soit pour se présenter  à l’élection présidentielle soit pour rejoindre la mouvance présidentielle. C’est le cas de Me Madické Niang qui, se rappelle-t-on, s’est embrouillé, via des lettres interposées et relayées par la presse, avec Abdoulaye Wade. Ce qui avait occasionné son déplacement à Doha, à la rencontre du Pape du Sopi. Ce qui n’a pas empêché de présenter sa candidature.

Mais aussi, le cas de Pape Samba Mboup et Farba Senghor. Même si ces derniers disent qu’ils ont été exclus du Pds, leur soutien à Macky Sall n’a pas surpris. Mais ce qui a vraiment mis en halène l’opinion publique, c’est la façon dont-ils ont dénigré leur « ami » et « père », Abdoulaye Wade et son fils. Un feuilleton qui s’est poursuivi avec Serigne Mbacké Ndiaye et Souleymane Ndéné Ndiaye qui ont traité de tous les noms d’oiseaux Abdoulaye Wade et son fils Karim.

« Il n’y aura pas d’élections sans Karim Wade et Khalifa Sall… »

Ce sont là les propos de Oumar Sarr qui ne compte pas rester les mains croisées si la candidature de son candidat Karim Wade à la présidentielle de 2019 n’est pas acceptée car, craignant que le Conseil constitutionnel recale Rimka. Avant de menacer en ces termes: « Le Pds va bloquer la tenue de l’élection présidentielle sans Karim Wade et Khalifa Sall… »

Selon le mandataire du Pds au Conseil constitutionnel, depuis 2012, l’engagement du régime de l’Apr, c’est d’éliminer des adversaires. Non sans pointer du doigt accusateur, l’actuel ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye.

Seydou Guèye : « J’ai pitié de Karim Wade »

L’élection présidentielle du 24 février 2019 sera pour le Sénégal un rendez-vous décisif. L’avenir de notre démocratie, de notre économie, de notre société, en sera l’enjeu. Il ne s’agira pas seulement de mettre fin à sept années de gouvernance clanique de Macky Sall, d’atteintes aux libertés, de politisation de la justice, de dégradation de l’économie, de délabrement des services publics, d’appauvrissement de la population. Nos objectifs tiendront en quelques mots simples : rassembler, protéger, développer (…)

Mon appel intervient dans un contexte où le chef de l’État sortant veut choisir lui-même ses adversaires parce qu’il n’a pas le courage d’affronter au grand jour les critiques et les remises en cause. Il s’adresse aux militants et aux sympathisants des partis politiques constitués légalement, à tous les citoyens auxquels on veut interdire de contribuer à l’expression de la volonté nationale…« , peut-on lire, entre autre dans l’appel lancé par Karim Wade depuis Dubaï

Un appel, selon le porte-parole du Gouvernement « pathétique« . Pour Seydou Gueye, c’est son père, Me Abdoulaye qui a mis le Sénégal dans cette situation, justement corrigée par son successeur Macky Sall. « C’est un sentiment de tristesse. J’ai vraiment pitié pour M. Karim Wade puisque, en vérité, malgré cette déclaration et sa solennité, je crois qu’il cherche à s’élever à la dignité d’un candidat, ce qu’il n’est pas. Ensuite, le Sénégal qu’il décrit est le Sénégal que son père nous a laissé en tant que Président battu en 2012…« , déclarait M. Guèye.

Le Fds investit Idrissa Seck…

Babacar Diop, leader du FDS, après avoir quitté le Parti socialiste à cause des injustices à l’encontre de Khalifa Sall, avait rejoint l’opposition. Il n’avait pas manqué de dénoncer, avec la dernière énergie ce procès de Khalifa Sall.  Ce dimanche était aussi l’occasion pour lui d’investir son candidat à la présidentielle de 2019, Idrissa Seck. « Je ne critiquerai plus, le candidat sortant, Macky Sall…« , a dit le président du parti « Rewmi » lors de son speech.

Sans doute, dira-t-on, qu’il veut rectifier le tire depuis sa « bourde » (Ndlr: Makka – Bakka) qui a fait l’effet d’une bombe. Du pain bénit pour les tenants du pouvoir qui n’ont pas raté l’occasion de « fusiller » Idrissa Seck. Qui rectifie le tire avec le soutien de sa famille religieuse, Touba. Depuis lors, c’est le silence total. Une stratégie payante car, depuis lors, les soldats de Macky Sall se sont terrés attendant qu’il pointe le bout du nez.

Le Parrainage, une loi qui a fait couler beaucoup de salives…

On ne pourrait faire la rétrospective de l’année 2018 sans parler du parrainage. Une loi qui a fait couler beaucoup de salives. « Une façon pour le président Macky Sall d’éliminer ses adversaires…« , a dénoncé l’opposition.

Et malgré un rude bras de fer, la loi sur le parrainage sera votée sans débat, le 19 avril 2018. Et tout candidat à la Présidentielle doit s’assurer d’au moins 0,8 % (contre 1% avant) soit 62.000 parrains dans au moins 7 régions du Sénégal. La loi sera finalement votée par la majorité présidentielle, à l’unanimité.

A rappeler que le dépôt des parrainages au Conseil constitutionnel a démarré

le 10 décembre 2018 et  sera clôturé le 26 décembre 2018 à minuit.

Que d’incidents, le premier jour des dépôt avec Malick Gakou et la mandataire de BBY, Mimi Touré qui se sont donné en spectacle. Selon le président du Grand parti, Mimi serait venue avec une liste préfabriquée. Cette dernière sera malmenée par une foule en furie, même si, par la suite, elle minimisera avoir fait l’objet d’attaques.

Une liste que Gakou va déchirer, sans suivra de rudes affrontements.

Le Lundi 17 décembre, on a aussi assisté au dépôt des parrainages des deux principaux adversaires du président sortant, Macky Sall.

Au moment où des membres de l’opposition ont renoncé à leur candidature. Parmi eux, Habib Sy, Me Mame Adama Guèye, Ngouda Fall Kane, Modou Bousso Dieng, le professeur Coumba Ndoffene Diouf, Mor Sylla et la dernière en date, celle de Thierno Bocoum, président du Mouvement AGIR.

Ainsi, nous nous acheminons vers une échéance électorale qui s’annonce agitée. Surtout dans un contexte où le pétrole et le gaz aiguisent les appétits des Sénégalais et de certains « lobbys tapis dans l’ombre » et qui financeraient certains d’entre eux pour, plus tard, récupérer leur part du gâteau.