La Chine aux BRICS : Quand Xi Jinping veut mieux noyer l’Occident

En accueillant le 15e sommet des BRICS à Johannesburg à partir de ce mardi, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, espérait en faire un rendez-vous au service du développement de son continent. C’était compter sans une Chine à la manœuvre pour transformer ce forum économique en un pôle alternatif à l’ordre occidental.
Xi Jinping cache en effet de moins en moins son ambition de promouvoir un contrepoids au G7 ou au G20 composé d’Etats estampillés du « Sud global ». Face à ce qui est dénoncé comme une politique d’endiguement des Etats-Unis à son égard, Pékin travaille à traduire son ascendant économique en avantage géopolitique.
Créé en 2009, le forum des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a longtemps été un objet mal identifié, inspiré d’un acronyme inventé par un économiste de Goldman Sachs au tournant du siècle pour acter l’émergence de grandes puissances économiques. La dynamique de nouvelles guerres froides qui s’installe depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le retour de Lula à la tête du Brésil et les ambitions de Pékin pourraient toutefois donner un élan à une organisation jusqu’ici strictement économique. La presse chinoise, qui accorde une large place à ce rendez-vous diplomatique, évoque non seulement la banque des BRICS (établie à Shanghai), mais aussi la possibilité d’une monnaie commune, ainsi que des jeux sportifs et un classement des universités réservé aux Etats membres.
Et dans les faits, le pouvoir d’attraction des BRICS se vérifie. L’Iran et la Biélorussie sont sur les rangs pour adhérer. Une quarantaine d’Etats, dont l’Arabie saoudite, l’Argentine ou l’Indonésie, se bousculent pour être du rendez-vous. Une transformation qui, si elle devait se réaliser, en ferait bientôt l’organisation rassemblant non seulement la plus grande population, mais aussi le plus grand PIB du monde. De quoi peser sur l’ordre international, en marge de l’ONU. On en est toutefois encore loin.
Le forum des BRICS a jusqu’ici survécu en prenant soin d’écarter tout sujet qui fâche. Car, au-delà des strictes convergences d’intérêts économiques, les différends politiques sont nombreux. Et pour commencer, entre la Chine et l’Inde, l’autre géant du groupe. Le renoncement de Vladimir Poutine à se rendre à Johannesburg, au risque d’être interpellé par la justice internationale, montre bien les limites de l’exercice. Le chemin pour transformer ce « Sud global » en véritable contrepoids à l’Occident sera long. Mais Pékin y travaille résolument.