Un coup d’État planifié à l’encontre du capitaine Ibrahim Traoré ? (Par Jean Noël De Thierry)

Le capitaine Ibrahim Traoré a été désigné le 14 octobre « à l’unanimité » président de transition du Burkina Faso jusqu’à une élection présidentielle prévue en juillet 2024, après avoir mené un coup d’État et destitué Paul-Henri Damiba, accusé d’incapacité face aux attaques djihadistes qui se sont multipliées au Burkina.

Depuis que le jeune capitaine de 34 ans a signé à l’issue des travaux, une « Charte de la transition » qui fait de lui le président pour les 21 mois à venir, il n’a cessé de bénéficier du soutien du peuple. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté près du Centre de conférence où se tenaient les assises, en brandissant son portrait et en criant son nom, d’autres agitant des drapeaux russes, burkinabè et maliens. Mais aussi plusieurs centaines d’entre eux protestent contre la présence de la France au Burkina Faso.

Vendredi 18 novembre 2022 une nouvelle manifestation a eu lieu dans les rues de Ouagadougou, pour réclamer pour la énième fois le départ de la France. Les évènements se produisent en plein centre-ville de la capitale, plus précisément en face de l’ambassade de France.

Samedi 19 novembre, le gouvernement du Burkina Faso a appelé la population « au calme et à la retenue » et a assuré qu’il « ne dérogera pas aux règles et principes de protection dus aux diplomates et aux représentations diplomatiques présents sur le sol burkinabè ».

Au Burkina, le nouveau gouvernement n’a pas fermé la porte à un rapprochement avec la Russie mais n’a pas montré d’hostilité à la France qui continue d’appuyer l’armée burkinabè dans sa lutte anti-djihadiste. Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Apollinaire Kyélem de Tembela a toutefois estimé que « certains partenaires n’ont pas toujours été loyaux », sans citer de pays : « Comment comprendre que le terrorisme gangrène notre pays depuis 2015, dans l’indifférence, si ce n’est avec la complicité de certains de nos prétendus partenaires ? », s’est-il questionné.

Dans le contexte actuel, avec ce nouveau coup d’État, comment Paris peut-il vraiment envisager de rester dans le Sahel ? Après le Mali , le Burkina Faso est le deuxième coup de semonce pour Paris, le capitaine Ibrahima Traoré, a parlé de s’orienter vers « d’autres partenaires » capables d’aider efficacement le Burkina dans la lutte contre le terrorisme. Plus tard, il a accusé la France de soutenir et de protéger son prédécesseur, le lieutenant-colonel Damiba.

Depuis le 27 novembre 2022, un audio faisant état d’une tentative de coup d’Etat contre le capitaine Ibrahim Traoré circule sur les réseaux sociaux au Burkina Faso. Ce lundi 29 novembre 2022, des jeunes se sont regroupés à la Place de Nation pour, disent-ils, dire « non au coup d’Etat ». « Il n’y a pas de fumée sans feu », déclare un manifestant qui dit croire à la thèse de la tentative du coup d’Etat contre le régime du capitaine Ibrahim Traoré.

« Savane FM a parlé de cet audio, d’autres médias également en parlent. Cela veut dire que c’est vrai. En Afrique, on dit très souvent qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Coup d’Etat dans un coup d’Etat, dans un autre coup d’Etat, on en veut plus », a répondu Souleymane Ouédraogo, le directeur de ladite radio.

« Nous avons appris depuis hier qu’un richissime du pays a payé des soldats pour renverser le président », s’est insurgé le manifestant qui exige que les putschistes soient punis.

Un des manifestants a fait valoir que leur présence à la place de la Nation n’a pas seulement pour but de dissuader les détracteurs du capitaine Ibrahim Traoré, mais aussi pour faire savoir au président de la transition qu’ils sont mobilisés derrière lui. Selon d’autres citoyens, ce coup d’État n’est qu’orchestré par les manigances de la France, qui se sent de plus en plus dégagée de l’Afrique.

A noter que depuis quelques années, des habitants du pays discutent activement de cette tentative de coup d’Etat sur les réseaux sociaux, accusant la France de parrainer cette opération, alors que les pays du Sahel continuent de lutter contre les terroristes.

Jean Noël De Thierry
Observateur indépendant

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