Sénégal : Tensions autour de la Journée internationale du travail dans le secteur des médias

Le 1er mai 2025, alors que le monde célèbre la Journée internationale du travail, au Sénégal, le secteur des médias se trouve dans une situation particulièrement délicate. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (SYNPICS) prévoit de soumettre son cahier de doléances annuel, une tradition qui cette fois prend un caractère d’urgence sous la direction de son nouveau secrétaire général, Moustapha Cissé.
Fraîchement élu, Moustapha Cissé fait face à une conjoncture difficile. Le secteur des médias, au bord du gouffre, subit des pressions croissantes dues à une économie vacillante. Plusieurs crises, allant du gel des conventions commerciales avec l’État à la stricte régulation du secteur, ont conduit à la suppression d’emplois et à des retards de salaires. En conséquence, plusieurs publications ont dû fermer leurs portes, aggravant encore l’instabilité du secteur.
Selon une analyse publiée par Sud Quotidien, la viabilité économique des entreprises de presse est gravement compromise. Le gel des allocations de publicité et les retards dans le versement du Fonds d’appui aux médias, lié à une stricte politique de régulation, accentuent les difficultés des petites structures qui peinent à survivre.
Le ministère de la Communication a récemment publié une première liste officielle de 258 organes reconnus légalement parmi plus de 600 médias actifs. Les médias non conformes sont menacés de sanctions s’ils ne cessent pas leurs activités. Dans ce climat anxiogène, les appels au dialogue du patronat de presse restent lettre morte.
Demain, Moustapha Cissé soumettra un cahier de doléances au président Bassirou Diomaye Faye. Ce document ne se limitera pas aux demandes salariales habituelles, mais visera à obtenir des mesures de soutien pour garantir la survie du secteur. Le SYNPICS insiste sur l’importance de renforcer la presse, considérée comme un pilier de la démocratie. Cette initiative montre l’urgence de revoir la Convention collective, qui ne correspond plus au coût de la vie actuel.
Sud Quotidien souligne que le message du SYNPICS est limpide : la fragilisation de la presse met en péril les libertés fondamentales et la démocratie elle-même. Alors que les médias indépendants jouent un rôle crucial, leur affaiblissement constituerait une menace pour l’État de droit.