Sénégal : Défis et solutions pour une souveraineté littéraire renforcée

La première édition de la rentrée littéraire sénégalaise a ouvert ses portes avec un panel captivant sur le thème de la « Souveraineté littéraire, possibilités et perspectives ». Cet événement, rapporté par nos confrères de Sud Quotidien, a permis d’examiner les défis et les initiatives pour renforcer l’indépendance éditoriale du Sénégal, en présence de nombreux acteurs du secteur.
M. Ousmane Ndiaye, des Éditions 3 E à Thiès, a introduit le sujet en insistant sur l’importance de décentraliser l’accès aux livres. Il a souligné la nécessité de lutter contre les « déserts littéraires » en développant des bibliothèques mobiles et en organisant des salons littéraires locaux pour assurer une couverture équitable du territoire.
Issakha Guèye, spécialiste de l’édition scolaire, a pour sa part évoqué les obstacles structurels auxquels les éditeurs sénégalais font face. Ces freins incluent le faible accès aux marchés publics, le manque de subventions et les difficultés liées à l’impression et à la distribution. Pour pallier ces défis, il a préconisé l’instauration de quotas pour les manuels édités localement dans les appels d’offres publics, ainsi que la création d’un fonds de soutien à l’édition scolaire au Sénégal.
Par ailleurs, Idrissa Sow des Éditions Aminata Sow Fall a mis en lumière l’importance de la qualité des ouvrages et de la formation des professionnels du secteur. Il a insisté sur la nécessité de professionnaliser l’édition à travers des formations spécifiques et un cadre réglementaire solide. Abdoulaye Diallo, directeur de L’Harmattan Sénégal, a partagé son expérience enrichissante. Après une formation en France, il s’est engagé à promouvoir les auteurs sénégalais et à démocratiser l’accès aux manuels universitaires, en mettant l’accent sur la centralisation de la distribution pour toucher un plus grand public.
Madame Aminata Sy, directrice des Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal (NEAS), a rappelé le rôle historique de sa maison d’édition dans l’avènement éditorial africain post-indépendance. Elle a souligné l’importance de la coopération entre les associations professionnelles pour former les jeunes éditeurs et mutualiser les efforts. « Le livre est un produit de l’esprit, difficile à vendre, mais essentiel pour notre indépendance intellectuelle », a-t-elle déclaré lors de la réunion.
Les intervenants ont proposé des mesures pour renforcer la souveraineté éditoriale, comme la mise en place de quotas pour les manuels locaux dans les commandes publiques, le développement d’une centrale de distribution nationale et l’incitation des médias à promouvoir la littérature locale. En dépit des défis persistants, les participants ont affiché leur optimisme et leur détermination à faire du Sénégal une référence éditoriale en Afrique, notant que « la route est longue, mais les perspectives sont prometteuses ».