Le Professeur Alioune Badara Diané ouvre la rentrée littéraire au Sénégal avec un plaidoyer pour la souveraineté littéraire

La première édition de la rentrée littéraire au Sénégal a pris son essor avec le cours inaugural du Professeur Alioune Badara Diané. Cet événement s’est tenu à la Maison de la Culture Douta Seck, regroupant un public diversifié constitué d’élèves, d’étudiants, d’universitaires et de passionnés de culture. Le thème principal, « La souveraineté littéraire, possibilités et perspectives », a été exploré avec profondeur, mettant en lumière le rôle fondamental de la littérature dans la formation des identités et des sociétés.
Dans son discours introductif, le Pr Diané a souligné l’importance cruciale de l’éducation, utilisant une métaphore saisissante : « L’arbre peut produire 50 kilos de fruits, mais avec des greffes, il en produit 150. Il demeure un arbre. L’homme, lui, ne naît pas homme, il le devient par l’éducation. » Cette analogie a introduit une réflexion sur la littérature comme un outil indispensable d’émancipation, capable de guider l’humanité « hors des ténèbres de l’obscurantisme ». Cette citation a été rapportée par nos confrères de Sud Quotidien.
Abordant le concept de « souveraineté littéraire », le professeur a défendu l’idée d’une totale autonomie de l’écrivain, où la création est un appel à être lu et débattu. Il a affirmé que « L’écrivain drague les lecteurs », s’inspirant de figures littéraires emblématiques comme Baudelaire, Montaigne et Hugo, soulignant ainsi le dialogue incessant entre l’auteur et son auditoire. En évoquant les théories de la réception développées par les Allemands, il a mis en avant le rôle du lecteur comme une « conscience » qui parachève l’œuvre.
Le Pr Diané a également comparé l’écriture à un art du tissage, déclarant que « La matière première de l’écrivain, ce n’est pas l’idée, c’est le mot. » Illustrant ses propos avec le poème « Demeure de l’aube » et les jeux linguistiques d’Apollinaire, il a montré comment la littérature peut transcender le langage ordinaire pour atteindre une dimension à la fois poétique et universelle.
La conférence a aussi mis en lumière les perspectives pour la littérature sénégalaise. Selon des informations reprises par Sud Quotidien, le Professeur Diané a célébré la richesse de la production littéraire locale, citant des auteurs tels que Cheikh Ndao et Ibrahima Sall, et affirmant que le Sénégal n’a « rien à envier au roman français du XIXe siècle ». Il a encouragé les jeunes écrivains à se renouveler et à innover, tout en s’inspirant des classiques. Il a rappelé avec force que « le romantisme n’est rien d’autre que le renversement du classicisme ».
Concluant sur une note de rassemblement, le Pr Diané a lié la littérature à l’idéalisme du vivre-ensemble, usant de la métaphore où « les S de Nations tombent pour ne faire qu’une seule Nation ». Il a souligné que l’écriture est un « acte de foi », capable de transcender les divisions communautaires et de laisser une empreinte indélébile dans l’histoire. Citant Heidegger, il a affirmé : « Privé de littérature, l’homme perd le seul moyen de léguer son image. »