« Saccage du collège d’enseignement moyen de Hann : un fait social à comprendre » (Par Abdou Bassène)

Que les sociologues me concèdent cette équivalence que je fais entre un fait scolaire et le fait social ! Mais, en analyste amateur des faits humains, je soutiens que ce qui s’était passé au collège de Hann est un fait scolaire devenu fait social parce que se déroulant justement dans la société.

Qu’est-ce qui s’était passé ? C’était la fin de l’année et les élèves, étreints par l’émotion, avaient décidé de saccager leur lieu d’éducation et de formation. Cet acte très osé a surpris et ému tout le monde .Il a été commenté dans les réseaux sociaux, dans les journaux, à la télévision, dans les académies, dans les lieux de travail et dans les familles. Pour la plupart des commentateurs, cet acte relèverait de l’indiscipline, il fallait, par conséquent, identifier les auteurs et les sanctionner.

Pour le reste, c’est l’enfance passablement enchaînée par la morale qui a brisé ses chaînes pour se manifester au grand jour. Dans les deux cas, un acte inédit a été posé et a suscité beaucoup d’émotions et de réactions. Maintenant que la clameur émotionnelle s’est assoupie, nous devons interroger ce fait social en nous situant par-delà la réaction et l’émotion. Pour ce faire, je commencerai par écrire que ces collégiens sont avant tout des êtres humains engagés dans des relations sociales et pédagogiques sources possibles de conflits.

De ces conflits peuvent naître des frustrations, des stress, des peurs, des traumatismes, des humiliations, des mépris, des psychoses, de la joie, etc. Nous avons là une suite d’émotions que la société et l’école peuvent cultiver chez le collégien sans le savoir. Et quand ces émotions chargées d’énergie négative ne font pas l’objet d’une prise de conscience et d’un auto- contrôle, elles peuvent être un terreau très fertile pour la violence.

Quand des élèves déchirent leurs cahiers, vandalisent leurs salles d’étude et malmènent leurs symboliques blouses, ils ne sont point sous l’emprise d’émotions positives, ils ne sont pas dans un état de bien être émotionnel. Aux chercheurs qui souhaiteraient faire de ce fait scolaire un objet d’étude scientifique, je leur suggère d’accorder une importance particulière aux relations sociales entre les élèves et leurs professeurs et entre les élèves et l’administration.

Si ces relations ne sont pas saines, elles peuvent créer des situations d’angoisse, de peur, de stress et de psychose nuisibles pour l’efficacité et le rendement scolaires. Cela se traduira par de mauvaises notes gênantes et frustrantes pour les élèves. En plus des relations sociales, le chercheur doit s’intéresser aux relations pédagogiques en cherchant à savoir si l’interaction pédagogique s’est faite dans le respect de la personnalité des collégiens.

Si la relation pédagogique est heurtée, elle engendrera forcément des frustrés, des angoissés et des réactionnaires qui peuvent exploser à tout moment. Je parie que la violence exercée sur le CEM de Hann n’est pas l’explosion d’une joie consécutive à la fin d’une année scolaire, elle est plutôt l’expression de blessures psychologiques ouvertes et la manifestation d’émotions négatives non contrôlées. Que le pardon soit accordé à ces collégiens par l’état et la communauté éducative est une nécessité au regard de ce que je viens d’écrire.

Mais, nous devons prévenir ce type de situation en développant chez les apprenants des compétences socio-émotionnelles, en développant chez eux la capacité à gérer leurs émotions négatives, leurs stress, leurs angoisses et leurs impulsions. Dans tous les collèges d’enseignement moyen (CEM), nous devons introduire dans les programmes l’apprentissage socio-émotionnel qui aiderait les apprenants à prendre conscience de leurs émotions et à s’engager à leur donner une orientation positive. Il est même possible d’organiser dans les collèges des fora de vidange émotionnel mais en mode théâtral.

Par Abdou Bassène, inspecteur de l’éduction, SG de l’IEF de Bounkiling
2 COMMENTAIRES
  • mata

    Les jeunes d’aujourdhui ont tout sauf une bonne education quand meme il ya exception.

  • Mariam Ba

    Ne laissez pas une jeunette venir prendre votre place au foyer.
    Après 6mois et plusieurs pleurs et suplications, mon homme est de retour à la maison grâce à un homme brave.
    Merci le vieux ​…
    Medbaba.+.2.2.9.6.0.4.01.5.2.3.

Publiez un commentaire