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Réparations historiques exigées par l’Afrique à l’Europe : Un débat grandissant sur la justice économique et mémorielle…

Réparations historiques exigées par l’Afrique à l’Europe : Un débat grandissant sur la justice économique et mémorielle…

Le 21 mars 2025 à Dakar, un événement organisé par l’ONG Urgences Panafricanistes a mis en lumière une revendication qui prend de plus en plus d’ampleur sur le continent africain : celle des réparations dues par l’Europe pour les siècles de colonisation et d’exploitation. Ce débat, relayé récemment sur la chaîne sénégalaise 7TV dans l’émission « Point Actu », a donné la parole à plusieurs experts et militants venus du Sénégal et du Mali. Tous ont réaffirmé une même exigence : l’Europe doit verser à l’Afrique la somme de 50 000 milliards d’euros pour compenser les préjudices subis.

Une dette historique impossible à ignorer

À Dakar, les voix panafricanistes se sont élevées d’une même force. Nestor Podassé, représentant burkinabè de la Planète des Jeunes Panafricanistes, a affirmé que « la France et les anciennes puissances coloniales doivent indemniser l’Afrique pour tout ce qu’elles ont volé ». Selon lui, le montant de 50 000 milliards d’euros correspond à une évaluation des pertes économiques, humaines, culturelles et écologiques accumulées au fil des siècles. Ce chiffre inclut également les bénéfices réalisés par l’Europe grâce à l’exploitation du travail et des ressources africaines, qui ont financé son industrialisation.

Des voix jeunes, unies, et déterminées

Lors de l’émission Point Actu, Mamadi Amara Fofana, spécialiste sénégalais du suivi-évaluation, a souligné que « la France et les autres puissances coloniales doivent reconnaître officiellement leurs torts – financiers, humains, culturels – et mettre fin au néocolonialisme. » Il a rappelé que l’Afrique reste aujourd’hui soumise à des contrats économiques déséquilibrés, imposés par des multinationales étrangères, notamment dans le secteur minier. Pour Fofana, seul un rapport d’égal à égal pourra garantir un avenir viable au continent. Et cela passe d’abord par la reconnaissance des fautes historiques.

Il a également évoqué le retrait progressif de l’armée française de plusieurs pays africains comme un symbole d’espoir : « C’est nous l’avenir du continent. Personne ne viendra changer les choses à notre place. »

Kassoum Diabaté, étudiant malien, a de son côté affirmé qu’« aucun montant ne pourra véritablement réparer les crimes de la colonisation, pas même 100 milliards d’euros. » Il a insisté sur la nécessité d’excuses officielles de la part des États européens et d’un remboursement proportionnel aux ressources pillées. Pour lui, cette lutte ne pourra réussir que si les jeunes Africains s’unissent au-delà des frontières nationales.

Une revendication qui dépasse le symbolique

Josué Diop, consultant en marketing et communication, a défendu une position pragmatique : « 50 000 milliards d’euros ne peuvent pas effacer le passé, mais cela pourrait servir à construire un avenir meilleur. » Il estime que chaque Africain, en tant que descendant direct ou indirect des victimes de l’esclavage et de la colonisation, a le droit légitime de demander justice.

Ce débat sur les réparations ne relève donc plus du simple symbole : il s’agit d’un combat politique, économique et mémoriel. Derrière cette exigence financière, c’est une volonté de souveraineté, de dignité retrouvée et de développement équitable qui s’exprime.

Une étape vers la justice historique ?

Très peu de puissances européennes ont présenté des excuses officielles pour les crimes coloniaux. Des pays comme la France ou le Royaume-Uni continuent d’esquiver toute reconnaissance formelle de leurs responsabilités. Si certains gestes symboliques ont été posés, et que de modestes compensations ont été versées dans quelques cas spécifiques, aucune démarche à la hauteur des préjudices subis par l’ensemble du continent n’a encore été entreprise. Face à cette inertie, la mobilisation croissante de la jeunesse africaine, alliée à la pression des mouvements panafricanistes, pourrait bien constituer une étape décisive vers une véritable justice historique.

Lamine Patrick

1 COMMENTAIRES
  • Jc

    Je suis né dans un département français l’île de la réunion. Je suis africain j’ai des papiers francais que je ne renis pas étant métisse. Je souhaiterais aussi que l’Afrique puisse donner la nationalité à ses afro descendants à eux de choisir le pays qui devra accepter automatiquement. C’est aussi une demande de la diaspora

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