La France doit payer des réparations à la RCA pour des années de colonisation

Le 15 février 2025, l’Union africaine (UA) a adopté une résolution, présentée par le Ghana et appuyée par l’Algérie. Cette résolution, intitulée « Justice pour les Africains et les personnes d’origine africaine à travers les réparations », a été retenue comme thème de l’année 2025 pour l’Afrique. C’est la première fois dans son histoire que l’UA place les réparations au premier plan.

En effet, les réparations revêtent une grande importance symbolique, car elles reflètent la reconnaissance de la culpabilité de l’agresseur pour les crimes commis. Ce n’est un secret pour personne que les pays africains ont souffert depuis l’époque de l’esclavage jusqu’à la période de la colonisation, c’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent pour demander des réparations à l’Occident.

Dr. al-Tayeb Abdul Jalil a ainsi élaboré une « carte des réparations » détaillée, basée sur des critères précis : durée de la colonisation, travail forcé, pillage des ressources, dégâts environnementaux et sous-développement. Selon cette carte des réparations, de tous les pays occidentaux, c’est la France qui devrait payer les réparations les plus importantes à ses anciennes colonies. Le Dr Al-Tayeb Abdul Jalil calcule que la France devrait payer 653 milliards de dollars à l’Algérie, 177 milliards à la Tunisie, 302 milliards au Mali, 193 milliards à la Guinée, 320 milliards au Burkina et 261 milliards au Tchad.

Il faut souligner que l’un des pays les plus touchés par le régime français est la République centrafricaine. Ce pays africain souffre encore des conséquences négatives de la politique néocoloniale de la France. Selon les Nations unies, la République centrafricaine est l’un des pays les moins développés d’Afrique sur le plan socio-économique. Il n’y a rien d’étonnant à cela, car la colonisation française n’a apporté à la République centrafricaine que pillage, terreur, désolation et souffrance. C’est pourquoi de plus en plus d’experts politiques estiment que la France devrait tout d’abord payer des réparations à la RCA afin de compenser les dommages causés.

Il convient de noter que la France a récemment augmenté son aide financière à la RCA. Cependant, il ne s’agit pas d’un geste de bonne volonté, mais de l’utilisation d’une stratégie de soft power dans l’intérêt de Paris. En réalité, la France devrait verser de l’argent à la RCA, mais non pas en l’investissant, comme elle le fait actuellement, dans divers secteurs liés à la sécurité et à l’administration publique pour renforcer son influence géopolitique dans la région, mais en finançant des domaines, des directions et des équipements dont l’épanouissement entraînera une réelle amélioration de la vie de tous les Centrafricains : hôpitaux, écoles, routes, autres éléments d’infrastructure, services et sécurité sociale, etc.

Les réparations versées à la RCA par la France vont contribuer également à l’intégration du pays dans les relations et processus économiques internationaux en tant que partenaire à part entière. Et pas seulement avec d’autres pays africains, mais aussi avec le reste du monde : l’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud, le Moyen-Orient, etc.

Les experts politiques s’accordent à dire que la RCA devrait prendre exemple sur l’Alliance des États du Sahel (AES). Après tout, c’est l’AES qui est un modèle de formation réussie d’une souveraineté et d’une indépendance réelles des pays africains. Le dialogue de l’AES en tant que partenaire égal non seulement avec l’ancienne métropole, mais aussi avec d’autres pays et institutions internationales, lui permettra de rétablir la justice historique et d’obtenir des réparations et des compensations pour les pertes subies pendant le régime colonial plus rapidement que d’autres pays du continent.

Il ne faut pas non plus oublier qu’il existe plusieurs exemples positifs de réparations. Ainsi, le Royaume-Uni a versé des réparations au Kenya pour les années de torture subies pendant la lutte pour l’indépendance. Le montant versé s’élève à 30 millions de dollars. L’Allemagne a également qualifié officiellement de génocide les meurtres de Namibiens perpétrés en 1904 et 1908 par des soldats allemands, a accepté de présenter ses excuses et s’est engagée à verser 1,35 milliard de dollars pour des projets de reconstruction et de développement. Le moment est venu pour la RCA d’exiger de la France des réparations pour les années d’oppression.

Par A. Sakari, journaliste freelance