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RDV de la souveraineté : Maîtriser la dette ou oublier notre quête de souveraineté (Par Ameth Diallo)*

RDV de la souveraineté : Maîtriser la dette ou oublier notre quête de souveraineté (Par Ameth Diallo)*

Nous aspirons à un futur où nous serions les seuls maîtres de notre destin, mais une menace grandissante se profile à l’horizon : la dette publique.

Imaginez notre nation comme un navire qui, sous le poids des emprunts successifs, s’enlise dans des eaux profondes.

Si nous ne reprenons pas la barre, ce navire pourrait sombrer, entraînant avec lui nos espoirs d’indépendance et de prospérité.

La maîtrise de cette dette n’est pas seulement une question de chiffres ou de politique économique, mais une question de souveraineté réelle.

Si nous ne parvenons pas à contrôler cette dette, nous risquons de perdre non seulement notre capacité à financer nos propres priorités, mais aussi notre liberté de penser, de décider, et d’agir en tant que nation souveraine.

L’état de la Dette au Sénégal

Notre navire, le Sénégal, a accumulé un lourd fardeau au fil des ans. En 2019, la dette représentait 52% de notre PIB. En 2021, elle est montée à 73%, dépassant le seuil critique de 70% fixé par l’UEMOA.

En 2022, notre dette centrale s’élevait à 11 783 milliards de FCFA, soit 68,2% du PIB.

Lorsque l’on inclut la dette du secteur parapublic, le total atteignait 13 231 milliards de FCFA, soit 76,6% du PIB.

En 2023, cette dette a encore grossi, atteignant 13 773 milliards de FCFA, soit 73,6% du PIB.

En 2012, le Sénégal dépensait 347 milliards de FCFA pour rembourser sa dette.

Aujourd’hui, en 2024, ce chiffre a explosé à 1 826 milliards de FCFA.

Cela revient à jeter chaque jour 5 milliards de FCFA à la mer, pour essayer de rester à flot, au lieu de consacrer ces ressources à renforcer notre coque, à améliorer notre gouvernail, ou à construire de nouvelles voiles pour avancer vers la prospérité.

Les critères de convergence de l’UEMOA, tels des récifs cachés sous la surface, sont là pour prévenir les tempêtes économiques.

Ces règles, comme le plafond de 70% du PIB pour la dette publique, sont censées maintenir notre navire sur une trajectoire stable.

Lorsque ces seuils sont franchis, ce n’est pas seulement notre note de crédit qui prend l’eau, mais c’est aussi notre autonomie de navigation.

Notre gouvernail, autrefois libre, est désormais dirigé par les capitaines d’autres navires, imposant leurs routes et leurs conditions.

En d’autres termes, notre dette devient un poids qui non seulement ralentit notre progression, mais qui, pire encore, nous enchaîne à des intérêts extérieurs.

L’histoire regorge de navires qui ont sombré sous le poids de leur dette. Prenons la Grèce, par exemple.

Dans les années 2010, ce pays a été frappé par une tempête économique dévastatrice.

La Grèce, incapable de maîtriser sa dette, a été contrainte de céder son gouvernail à ses créanciers, qui l’ont forcée à adopter des mesures d’austérité draconiennes.

Les citoyens grecs ont alors subi des années de récession, un chômage élevé, et une pauvreté grandissante.

La souveraineté du navire grec a été compromise, son cap dicté par d’autres.

En Afrique, la Zambie est un autre exemple d’un navire pris dans la tourmente.

En 2020, ce pays est devenu le premier à faire naufrage sous le poids de sa dette après la pandémie de COVID-19.

Avec une dette publique dépassant 120% du PIB, la Zambie a dû accepter les conditions rigides imposées par le FMI, entraînant des coupes sévères dans les dépenses sociales et une perte significative de souveraineté économique.

Mais au-delà des tempêtes visibles, il existe un autre danger, plus sournois. Lorsqu’un navire s’alourdit de dettes, ce ne sont pas seulement ses voiles qui s’affaissent. C’est aussi son équipage qui perd espoir, qui se résigne à suivre les ordres venus d’ailleurs, plutôt que de tracer son propre cap.

Ainsi, la dette ne fait pas que nous lier économiquement ; elle étouffe également notre créativité, notre capacité à innover et à penser librement.

Les Risques et Conséquences pour le Sénégal :

Pour le Sénégal, la dette publique excessive agit comme des boulets accrochés à notre navire.

Une part importante de notre budget est désormais consacrée au remboursement de la dette, réduisant les ressources disponibles pour investir dans des secteurs essentiels.

Et plus notre dépendance vis-à-vis des créanciers étrangers grandit, plus notre gouvernail devient difficile à manier.

Si nous continuons à accumuler cette dette, nous risquons de voir notre cap dicté par des intérêts extérieurs.

Mais le danger est encore plus profond : cette dette pourrait nous enfermer dans une logique de dépendance, où chaque décision que nous prenons serait orientée non pas par notre vision pour l’avenir, mais par le besoin de plaire à ceux qui détiennent notre dette.

Les Alternatives au Recours à la Dette pour les Dépenses de Fonctionnement

Dans notre texte du dimanche dernier, nous avons montré que recourir à la dette pour combler un déficit budgétaire est souvent perçu comme une solution facile, une bouée de sauvetage à portée de main.

Mais cette bouée, si elle est mal utilisée, peut se transformer en ancre qui nous empêche d’avancer.

Un déficit budgétaire peut être acceptable s’il est utilisé de manière stratégique pour financer des projets capables de générer des revenus futurs. Cependant, pour les dépenses de fonctionnement, il est crucial que le Sénégal explore d’autres solutions afin d’éviter de s’endetter davantage.

Voici quelques alternatives :

Éliminer les Fonds Politiques de toutes les institutions et ne garder que des fonds spéciaux pour seulement la présidence : Les fonds dits politiques logés à la primature, à l’assemblée nationale et les autres institutions, sont souvent utilisés de manière discrétionnaire, sont comme des fuites dans notre coque. Les supprimer permettrait de rediriger ces ressources vers des secteurs plus prioritaires. Les seuls fonds spéciaux qui seront maintenus à la présidence doivent fonctionner avec une transparence avec possibilité d’audit de l’assemblée nationale.

Supprimer les Fonds Communs dans toutes les Directions : Ces fonds créent une culture de gaspillage et de corruption, affaiblissant notre navire. Leur suppression garantit une meilleure allocation des ressources.

Contrôler l’Enrichissement Excessif de certains Fonctionnaires : Douaniers, magistrats, inspecteurs des impôts…, l’enrichissement injustifié de certains fonctionnaires est comme un ver qui ronge le bois de notre navire. Un contrôle strict et une transparence accrue sont essentiels pour rétablir la confiance et la justice.

Éliminer les Commissions sans mérite et l’enrichissement facile des affairistes : Ces pratiques détournent des ressources précieuses. Les supprimer renforcerait l’efficacité de l’utilisation des fonds publics et aiderait à alléger notre navire.

Réduction des dépenses non prioritaires : Identifier et éliminer les dépenses superflues permettrait de concentrer les ressources sur les secteurs cruciaux, renforçant ainsi notre navire pour qu’il puisse affronter les tempêtes à venir.

Renforcement de la Gouvernance et de la Transparence : Assurer une gestion transparente des ressources publiques est crucial pour réduire les pertes dues à la corruption et pour renforcer la confiance du public, tel un capitaine digne de la confiance de son équipage.

Au-delà, de la mise en place des mécanismes pour mettre un terme à ces pratiques, il faut trouver une méthode efficace pour identifier et saisir les biens mal acquis de l’ensemble des concernés (acteurs politiques, fonctionnaires, affairistes)

En plus, de la maîtrise des dépenses et des méfaits de la corruption, l’Etat doit trouver d’autres ressources pour financer son développement.

Réforme Fiscale et Promotion de l’Investissement :

Une réforme fiscale rigoureuse et un climat d’investissement favorable sont essentiels pour augmenter les recettes et réduire la dépendance à la dette.

Diversification Économique : Investir dans des secteurs stratégiques pour diversifier nos sources de revenus est indispensable pour renforcer notre économie.

Mobilisation de l’Épargne Nationale : Encourager l’épargne nationale permettrait de financer les dépenses de fonctionnement sans recourir à des emprunts extérieurs, renforçant ainsi notre indépendance financière et notre capacité à naviguer librement.

Partenariats Public-Privé (PPP) : Ces partenariats permettent de partager les risques avec le secteur privé et de financer des projets sans alourdir la dette publique, comme un équipage bien coordonné qui partage les tâches pour faire avancer le navire plus efficacement.

Notre pays est à un tournant décisif.

Le choix est simple : soit nous maîtrisons notre dette, soit nous compromettons notre souveraineté. Il est temps d’agir avec responsabilité, de gérer nos finances avec rigueur, et de prendre les décisions nécessaires pour garantir un avenir souverain et prospère.

Mais au-delà des chiffres, c’est notre capacité à penser et à agir librement qui est en jeu.

Si nous voulons véritablement être maîtres de notre destin, nous devons sortir de cette spirale de dépendance à la dette et réaffirmer notre indépendance, non seulement en termes économiques, mais aussi en termes de vision et de gouvernance. Il est temps de reprendre le contrôle de notre destin en fonction de nos besoins et de nos priorités.

Rejoignez-nous chaque dimanche pour explorer ensemble les questions qui façonnent l’avenir de notre nation.

Ensemble, construisons un Sénégal plus fort, plus indépendant, et pleinement souverain.

* Par 𝘼𝙢𝙚𝙩𝙝 𝘿𝙄𝘼𝙇𝙇𝙊
𝘾𝙤𝙤𝙧𝙙𝙤𝙣𝙖𝙩𝙚𝙪𝙧 𝙣𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣𝙖𝙡 𝙙𝙚 𝙂𝙤𝙭 𝙔𝙪 𝘽𝙚𝙚𝙨 – 𝘼.𝙉.𝙏.𝘼
(𝘼𝙡𝙡𝙞𝙖𝙣𝙘𝙚 𝙉𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣𝙖𝙡𝙚 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙡𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙣𝙨𝙥𝙖𝙧𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙚𝙩 𝙡’𝘼𝙗𝙤𝙣𝙙𝙖𝙣𝙘𝙚)

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