Le mot « souveraineté » est revenu au cœur du discours gouvernemental. Il est brandi comme étendard, présenté comme justification, utilisé parfois comme camouflage.
Cependant, si nous voulons être sincèrement souverainistes, alors il faut être rigoureux, lucides et responsables. Il faut refuser les raccourcis.
Être souverainiste, ce n’est pas rejeter le monde. Ce n’est pas faire du populisme une doctrine économique. Ce n’est pas saboter des opportunités de développement au nom d’une posture idéologique.
C’est dans ce contexte que le Premier ministre du Sénégal déclarait le 27 mai 2025, lors du Forum FII Sénégal :
« Le programme avec certains bailleurs multilatéraux, notamment le FMI, est suspendu depuis un an. Aucun décaissement n’a été effectué en faveur du Sénégal, mais le Sénégal tient bon. »
Acclamée par ses soutiens, cette déclaration a été perçue comme une marque de courage mais si le Sénégal « tient bon », il est essentiel de se demander pour qui ?
Pour le gouvernement qui continue de fonctionner sans contrainte, pour les hauts responsables qui voyagent et recrutent ? Peut-être. Mais pour le citoyen, pour le secteur privé, pour les jeunes sans emploi, pour les agriculteurs sans engrais, pour les communes sans budget, pour les entrepreneurs sans clients ? Non. Le Sénégal ne tient pas bon pour eux.
Le Premier ministre a assumé l’orientation :« Rien ne peut justifier aujourd’hui l’absence de ces accords, si ce n’est des considérations politiques liées à notre volonté d’assumer notre souveraineté. »
Ce n’est donc pas un désaccord technique, c’est apparemment un choix politique qui a un coût. Et ce coût, ce ne sont pas ceux qui gouvernent qui le paient. Ce sont les citoyens qui le supportent.
Les chiffres sont clairs. Selon le rapport d’exécution budgétaire du premier trimestre 2025, le service de la dette s’élève à 225,24 milliards FCFA en trois mois, en hausse de 24 % par rapport à la même période en 2024. Les dons budgétaires extérieurs ont chuté de 71,5 %, à seulement 8 milliards FCFA. Les investissements publics financés sur ressources internes sont restés à un niveau quasi insignifiant : 2,64 milliards FCFA, soit 0,86 % d’exécution. Ces données ne sont pas des interprétations. Elles sont publiques, vérifiables, publiées par le ministère des Finances.
Et parallèlement, le Sénégal continue d’emprunter mais plus cher.
En l’absence d’accord avec le FMI, les financements se font désormais sur le marché régional UMOA-Titres, à des taux allant de 6,5 % à 9 %, parfois au-delà. Chaque milliard emprunté coûte 4 à 5 fois plus cher qu’un prêt concessionnel. Ce différentiel pèse lourdement sur notre capacité d’investissement, d’allègement fiscal, de relance économique. Et il aggrave l’injustice budgétaire.
Le FMI, contrairement aux insinuations, n’a pas fermé la porte. Il a simplement demandé ce qu’il demande à tous ses partenaires : une correction des données macroéconomiques (notamment la dette réelle, les subventions, les arriérés), une trajectoire budgétaire à moyen terme crédible et des garanties sur la qualité de la dépense. Il ne s’agit pas d’une hostilité, mais d’une exigence normale. Y répondre n’est pas se soumettre mais plutôt se préparer à négocier avec crédibilité.
Refuser ou retarder un accord avec le FMI est un droit mais dans ce cas, on ne peut pas rester les bras croisés. On doit proposer autre chose.
Renégocier les dettes existantes, mobiliser d’autres guichets : Banque mondiale, BAD, BID, Union européenne, Japon, Allemagne, Fonds vert pour le climat…Il existe d’innombrables instruments de financement à faible coût mais pour y accéder, il faut de la cohérence, de la clarté et de la transparence.
Être souverainiste, c’est justement le fait de refuser la dépendance sans s’enfermer dans l’isolement, de protéger ses citoyens par l’intelligence stratégique et non pas par le repli. Choisir ses partenaires, sans se couper du monde et bâtir l’autonomie budgétaire sans mépriser les instruments de coopération.
Aujourd’hui, on nous dit que le pays tient bon mais les entreprises étouffent, les chantiers sont à l’arrêt, les jeunes attendent, les marges budgétaires se dégradent.
Ce n’est pas la souveraineté que nous contestons mais la manière dont elle est appliquée. Sans cap, sans résultat, sans redistribution.
Une souveraineté utile ne proclame pas, elle produit, se protège et se projette.
Elle ne se mesure pas au nombre d’accords suspendus mais à la capacité d’un État à améliorer la vie de ses citoyens.
Thierno Bocoum
Président AGIR-LES LEADERS
Vas te faire soigner thierno tu es malade
Va travailler c’est mieux
Ce populisme que tu cites tjrs dans tes posts va te rendre dingue
T’as doule😂😂😤