Le souverainisme n’est pas une doctrine, c’est une conduite à la fois intellectuelle et politique

Le souverainisme n’est pas une doctrine, c’est une conduite à la fois intellectuelle et politique

Pour libérer l’Africain, il faut d’abord commencer par lui enlever de la tête ce complexe de victime. Nous passons tout notre temps à nous fâcher, à réclamer des autres une reconnaissance, à attendre une pitance morale que les autres voudraient bien nous servir au bout des lèvres. Il faut remarquer d’ailleurs que cette façon de faire est paradoxale, car nous pensons dans des langues étrangères, prions dans des langues étrangères ( le sens même des versets nous est parfois inconnu) et bâtissons une économie et des institutions inspirées ou copiées de celles des autres. Nous manquons de courage par rapport à nos prétentions, nous avons un problème d’ancrage moral et intellectuel.

Nous aimons nous inspirer de la Chine pour combattre la France et l’Occident alors que notre histoire, notre sociologie, nos croyances sont plus ancrées en Occident qu’en Chine. Jamais on n’entend un grand leader africain revendiquer un souverainisme religieux ou spirituel. C’est bien de s’inspirer de la Chine, mais c’est du populisme que de prétendre que la Chine est passée de pays pauvre à pays émergent ou développé en moins de cinquante ans, donc nous pouvons le faire. Évidemment que nous pouvons faire plus. Mais l’erreur c’est d’omettre que l’histoire de la chine est plus vieille que celle de l’Occident, que sa sociologie est très différente de la nôtre, que ses institutions politiques ne sont absolument pas les mêmes que les nôtres.

La muraille de Chine longue de plus de 6000 km voire cinq mille a été construite entre le III e siècle avant JC au XVII e siècle après JC. La technologie, l’organisation politique et sociale, les moyens matériels qui existaient à cette période n’avaient rien à voir avec ce que sont devenus nos pays après la colonisation. Le patrimoine scientifique et technologique de la Chine n’a jamais été perdu, or le nôtre est une table rase à partir de la colonisation.

Il faut avoir le courage de dépasser ce passéisme et cette attitude vindicative envers le monde entier comme si nous étions une forteresse de bienfaisance et de grandeurs. Comme tous les peuples, nous avons nos péchés, nos ratés, nos tares. Il faut donc avoir le courage de retourner le doigt accusateur sur nous-mêmes et apostropher nos propres carences. Il faut arrêter la victimisation outrancière dans le concert des nations. Nous nous comportons comme des gamins à la recherche d’un protecteur ou d’une puissance vengeresse. Arrêtons-nous un peu sur nos démons, car nous sommes loin d’être le peuple élu de Dieu, un peuple béni par je ne sais quel Ciel.

Nous ne sommes pas les gamins de l’humanité, acceptons de nous remettre en cause, de transcender les stigmates des humiliations du passé. Apprenons à nos enfants la fierté, il faut éviter d’inhiber leur confiance au génie de notre peuple en leur disant que nous sommes trompés et exploités depuis la nuit des temps. Une fois que la jeunesse intériorise une telle pensée, c’en est fini de sa dignité et de son désir d’affirmation. Plus de soixante ans de récits de douleurs, de lamentations et d’humiliations, ça suffit : il faut changer de disque et de discours. Il nous faut un nouveau logiciel. La réminiscence du mal est source de mal et de vexation, il ne s’agit pas d’oublier, mais de transcender, de regarder devant en commençant par faire aimer à notre jeunesse sa culture et son histoire, car la façon de raconter une défaite peut être plus humiliante que la défaite elle-même.

Alassane K. KITANE

4 COMMENTAIRES
  • Le Pasteur de Minuit

    Ce gars est un Marchand de sable…
    D’avord votre postulat est faux.
    Oui, le souverainisme est une doctrine en science politique. Il s’agit d’une conception politique qui défend la souveraineté d’un État ou d’une nation face aux influences extérieures, qu’elles soient politiques, économiques ou culturelles. Cette doctrine se manifeste sous différentes formes, notamment le souverainisme national (défense de l’indépendance d’un État face aux organisations supranationales) et le souverainisme populaire (volonté de redonner du pouvoir aux citoyens face aux élites et aux institutions internationales)…

    Le souverainisme politique a influencé de nombreux mouvements et partis politiques dans divers pays (gaullisme en France, Brexit au Royaume-Uni, et/ou le mouvement indépendantiste québécois, etc.).

    On aurait aimer lire cite contribution pour un debut de solution… Et qu’est ce qu’il ne fait pas lire: l’Afrique aime se placer sur la station victimaire.,, on crude encore Avec ce pseudo intelligent. On est pas sortie de l’obscurité , Bon Dieu!

  • Dou

    Très pertinent

  • Ass

    Belle contribution. Quand je vois certaine personnes comparer la situation du Senegal et celle de la Corée du Sud en 1960 on se rend compte du niveau d’inculture des gens.

  • Mahaman

    Pouvez-vous donner un exemple de ce que serait transcender sans oublier ?

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