Rapport Cour des Comptes 2019-2023 : Pape Malick Ndour exprime ses réserves

Rapport Cour des Comptes 2019-2023 : Pape Malick Ndour exprime ses réserves

Pape Malick Ndour réagit à la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion 2023-2024, rendue publique ce mercredi. L’ancien ministre sous Macky Sall exprime ses réserves.

In extenso sa déclaration

Respect du principe du contradictoire

Le rapport produit par les services de l’IGF et la certification n’ont pas respecté le principe du contradictoire. Aucun ancien ministre des finances n’a été soumis à cet exercice, ce qui aurait pourtant permis d’apporter des éléments de réponse à certaines interpellations.

Mandat de la Cour (Page 7)

Conformément à l’ordonnance 32/2024/CC/CABF/G en date du 30 septembre, la composition de la mission a été fixée, mais celle-ci curieusement a été modifiée un mois plus tard par une nouvelle ordonnance. Pourquoi cette modification ? Quelqu’un a-t-il été remplacé ? La composition des membres de la mission a-t-elle été modifiée, et si oui, pour quelle raison ? La Cour a le devoir, au regard de l’impératif de transparence, de donner les motivations de cette révision.

Absence de mention de détournement ou de sanctions (voir recommandations)

Le rapport ne mentionne, dans ses recommandations, aucun cas de détournement, d’ouverture d’information judiciaire, de traduction devant la chambre de discipline financière, ou même de remboursement.

Maintenant,il importe de comprendre et de savoir par quelle alchimie, le ministre de la justice est arrivé à définir des catégories d’infractions et des personnes qui devront répondre devant les juridictions compétentes en l’occurrence, la Haute Cour de Justice et le parquet financier.

La Cour des Comptes avait certifié les rapports précédents

La Cour des comptes, toutes chambres réunies, avait validé les comptes de l’État à travers la certification des lois de règlement. Aujourd’hui, seule la chambre des affaires budgétaires et financières, remet en cause le travail conjoint de toutes les autres.

Rappelons qu’en matière de reddition des comptes, la loi de règlement constitue le principal outil de contrôle du Parlement sur l’exécution des lois de finances initiales et rectificatives adoptées par l’Assemblée nationale. Toutes les lois de règlement des années 2019 à 2021 ont été votées par le Parlement après certification de la Cour des comptes, donnant quitus au gouvernement, tandis que celles de 2022 et 2023, elles aussi certifiées par la Cour, ont été transmises au Parlement.

La dette extérieure (Page 22)

L’analyse de la dette extérieure contenue dans le rapport n’apporte pas d’éléments nouveaux, d’autant plus que le dernier rapport sur la dette réalisé par la Cour des comptes (mystérieusement disparu de la barre de téléchargement du site de la Cour) avait déjà mentionné des écarts. Ces écarts avaient été attribués par la Cour à des dysfonctionnements dans les comptabilités de la Direction de la dette publique, de la DODP et du Trésorier général.

Absence de réserves sur les recettes, les dépenses et les comptes spéciaux du Trésor (Pages 10, 15 et 23)

Le rapport élaboré et adopté par la Chambre des affaires budgétaires et financières de la Cour des comptes n’a émis aucune réserve majeure concernant les recettes et les dépenses du budget général, qui sont identiques à celles figurant dans les différentes lois de finances et naturellement donc du rapport du gouvernement. Il en va de même pour les comptes spéciaux du Trésor. Cette situation s’explique par le fait que les recettes, les dépenses et les mouvements des comptes spéciaux ont été comparés aux chiffres contenus dans les lois de règlement des différentes années concernées, déjà certifiées par la Cour des comptes.

Incohérence dans la comparaison des chiffres relatifs aux prets projets (Page 21)

Curieusement, ce principe de comparaison avec la loi de règlement, pourtant conforme à la méthodologie énoncée par la Cour, n’a pas été appliqué lors de l’analyse d’une partie de la dette extérieure. Les prêts-projets ont été comparés non pas aux chiffres des lois de règlement, mais à ceux des lois de finances initiales, en omettant même les lois de finances rectificatives. Cette approche est pour le moins surprenante même si des écarts mineurs ont été décelés et imputé par la Cour des comptes par l’absence de système intégré de la gestion de la dette extérieure entre la direction de l’ordonnancement et la direction de la dette publique.

Comptabilisation des tirages sur les prêts-projets sur la loi de finance

Annuellement, les tirages effectués sur les prêts-projets sont comptabilisés en dépenses en capital sur ressources externes. Il arrive qu’une partie de ces tirages fasse l’objet de report dans la comptabilisation, ce qui est sans impact sur la dette. C’est cette méthodologie a toujours été utilisée. Le gouvernement a procédé rétroactivement, sur la période 2019-2023, à la comptabilisation dans l’année concernée de l’ensemble des tirages des emprunts-projets pour déterminer un nouveau déficit budgétaire qui n’en est pas un. À l’épreuve de cette doctrine du gouvernement, on se rendra compte de ses limites d’autant plus que comptabiliser un montant comme investissement non encore exécuté n’est pas orthodoxe.

Intégration du financement intérieur privé dans le calcul de la dette publique

En l’absence de griefs pertinents sur les chiffres de la dette publique, le nouveau gouvernement a cherché à y intégrer le financement intérieur privé et ses mécanismes de facilitation, qui ne sont en réalité que des instruments de gestion de la trésorerie de l’État et non des dettes publiques. Pour rappel, la dette publique est constituée de deux composantes : la dette intérieure, consistant en l’émission de titres publics (bons du Trésor et obligations) au sein des marchés financiers régionaux, et la dette extérieure, consistant en des prêts contractés auprès d’organismes bilatéraux et multilatéraux ainsi que des prêts aux conditions du marché (levée de fonds sur les marchés financiers internationaux, etc.). C’est pourquoi il n’a jamais été question d’y intégrer des facilités financières assimilables à des avances ou des découverts bancaires obtenues des banques locales pour l’exécution de projets et programmes, car elles ne constituent pas des émissions de titres publics. Dans ce cadre, il serait utile que le nouveau gouvernement nous informe sur son mécanisme actuel de gestion de sa trésorerie, notamment face à des impératifs comme lors des élections législatives de novembre 2024 et les inondations dans le Nord et l’Est du pays.

Sur les immeubles de l’État qui auraient été vendu (Page 34)

Comme rappelé dans le dernier paragraphe de la page 34 du rapport, ces biens ont été vendus à la Sogepa. La Cour elle-même n’émet aucun grief sur la vente puisque d’une part la Sogepa est une société nationale détenue exclusivement par l’État et d’autre part l’article 4 de la loi n°2022-36 du 22 novembre 2022 permet le transfert par l’État à la Sogepa, par cession ou à titre gratuit ou onéreux ou par tout autre mode, des droits et immeubles nécessaires à la réalisation de son objet social.

Qualité du rapport du nouveau gouvernement

Le rapport, objet des constatations par la Cour des comptes, a été produit par les services du ministère des finances de l’actuel régime. Certains chiffres produits ne sont même pas conformes à ceux produits par l’ancien régime et contenus dans les différentes lois de règlement. Si la Cour des comptes y décèle des incohérences, il y a lieu de s’interroger sur la qualité du rapport du nouveau gouvernement.

Parmi les incohérences notées par la Cour des comptes dans le rapport du nouveau gouvernement, on peut citer :

A. L’encours de la dette de l’administration centrale (page 26)

Sur cet aspect, la Cour corrige plutôt les erreurs contenues dans le rapport du ministère des finances, qui n’a pas pris en compte un montant de 81,29 milliards, contrairement à la loi de règlement.

B. Disponibilités bancaires de l’État (page 26)

Il en est de même pour les disponibilités bancaires de l’État, qui ont été sous-évaluées à 173,6 milliards par le rapport, un montant largement inférieur aux chiffres du Trésor et ceux des banques, qui positionnent le montant à 263,9 milliards.

C. Dette garantie (page 36)

Il en est de même pour la situation de la dette garantie, où une meilleure coordination entre les services de l’IGF et ceux du ministère de l’Économie et des Finances pourrait aider le nouveau gouvernement à être plus exhaustif dans son rapport, qui fait état d’un montant de 535 milliards contre 2,265 milliards comptabilisés par les services et validés par la Cour des comptes.

D. Engagements de l’État vis-à-vis du secteur bancaire (Page 37-38)

Pour les engagements de l’État vis-à-vis du secteur bancaire, la Cour nous informe qu’à fin décembre 2023, un montant de 2 219,79 milliards a été enregistré partant des déclarations des services du ministère des finances et ceux de l’Économie. Ce montant contraste bien avec le chiffre de 619,8 milliards contenu dans le rapport et dont les tenants actuels gagneraient à nous dire d »où est ce qu’il tient ce chiffre.

Pape Malick Ndour

17 COMMENTAIRES
  • TaF

    Merci Monsieur Ndour pour cet exposé riche que vous nous partager pour éclairer les insouciants. 🙏👍❤

  • Damel

    Il ne faut pas laisser ces imbeciles parler après ces vols sans précédents prenons exemple sur la Chine qui n’hésite pas à fusiller les fossoyeurs de de l’économie. PM ndour =🐷

  • Samba gueye

    Dans ces genres de situation, il faut regarder ce qu’on évite de mentionner pour se rendre compte de l’honnêteté et de la pertinance de la réponse. Ici par exemple il n’est pas question des fonds disparus et des autres actionnaires de la sogepa.

  • Fall

    La seule chose qui intéresse les sénégalais c’est de recouvrer leurs biens dilapidés par ces charognards qu’importe la manière pour y arriver

  • Kalou

    Ana pape Abdou toure

  • Cheikh Ndiaye

    Honte à toi!

  • Baba

    Pape malick ndour tu n’es pas plus compétent que les magistrats du cour des comptes. Tes analyses sont bidons. Va te reposer grande gueule

    • Sunugaal

      Yaw ya khamoul dara rek li mou wax science da la fala dépassé.
      Très pertinente analyse machalah boy

      • boudioum

        dof bou mel ni yaaaw la aay analyse PMN DI DIAXAAL PARCEQUE TU ES UN CON MAIS PAS NIT NGNIIII XALATE YEINE WA AXE DU MAL SEN BAAAY MAKY SALL DINA TEUDEU PRISON PAR FORCE NDAAAX VOUS ETEZ DES VOLEURS

  • Laye Seck

    Il n’y aura plus de prétextes pour ne pas démarrer les arrestations et les jugements des criminels responsables de cette humiliation aux yeux du monde entier.
    Le Sénégal était synonyme de démocratie de justice et de d’intégrité
    Ces salauds ne sont dignes d’aucune compation

    • Sunugaal

      Ligey len 5 ans c vite passé d
      Tout le reste n’est que prétexte .
      Vous êtes éls pour régler les difficultés pas pour vous lamenter

      • TaF

        Bien dit. C’est tout simplement ça

  • Serge

    Na kat Ndayam.
    Domeram

    • Karim-USA

      SONKO n’a qu’à porter plainte contre ce type ! Et une fois devant les juges on verra s’il osera mentir ou pas. Dans la justice américaine, on vous fait jurer devant le juge que vous ne direz que la vérité. Et si vous mentez devant le juge pour tromper ou échapper à la prison, le juge pourra mener sa propre enquête et une peine allant jusqu’à 5 ans de prison pourra s’ajouter à votre peine. Il faut de fermeté contre ces voyous ! Autrement, ils ne vont rien rembourser et feront tout pour ne pas être condamnés pour les crimes de sang ! Et s’ils ne sont pas condamnés pour les crimes de sang, c’est le peuple sénégalais qui est condamné avec la certitude que tôt ou tard de tels crimes vont se reproduire ! Nous demandons plus de fermeté et d’autorité de la part du gouvernement. Ne pas hésiter à changer le procureur de la république s’il se montre pas à la hauteur ! L’indiscipline et le désordre doivent cesser dans ce pays si nous voulons travailler et aller de l’avant !

    • Mamadou

      Niy wara kat deyam kay moy ngay doul ci lo khamoul thiot deyam

      • Nitè

        Khana saga respecter wu sa ndey ?

    • Nitè

      Kou respecter tewul ndeyam rek moy saga . Pitié de toi

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