Le vendredi 18 octobre, l’agence de notation S&P Global Ratings a abaissé les perspectives économiques du Sénégal de « stables » à « négatives », tout en confirmant la note de long et court terme à « B+/B ». Cette dégradation est la deuxième alerte pour le pays, après celle de Moody’s. Fitch Ratings, la troisième grande agence de notation, pourrait bientôt emboîter le pas. Cela entraînerait pour le Trésor sénégalais des conditions d’emprunt plus coûteuses, avec une prime de risque accrue.
Les analystes de S&P expliquent cette décision par la détérioration des finances publiques, notamment le dérapage budgétaire prévu cette année et les possibles révisions à la hausse des déficits et de la dette pour la période 2019-2023. L’audit des finances publiques, publié par les nouvelles autorités de Dakar, a contribué à ces prévisions pessimistes, bien que ses résultats restent à confirmer par la Cour des comptes.
Cependant, S&P souligne que même avant cet audit controversé, la situation budgétaire du Sénégal s’était déjà fragilisée. L’agence prévoit un déficit budgétaire atteignant 7,5 % du PIB pour 2024, soit 2,7 points de plus que prévu. De plus, le ralentissement de l’économie a poussé S&P à réviser la croissance du PIB réel à 6 % en 2024, avec un déficit budgétaire moyen de 5,5 % du PIB sur la période 2024-2026, contre 3,9 % dans les estimations précédentes.
La prochaine évaluation de la note souveraine du Sénégal par S&P est attendue pour le 29 novembre, et une dégradation supplémentaire n’est pas exclue.
Cette situation intervient dans un contexte tendu pour le Premier ministre Ousmane Sonko, en poste depuis avril 2024. Après avoir révélé des chiffres dissimulés sur la dette publique par l’ancien régime dirigé par Macky Sall, il a été critiqué pour sa gestion de la crise économique, exacerbée par la récente dégradation de la note du pays par Moody’s, passée de Ba3 à B1.
Sonko défend la transparence de son gouvernement, blâmant les administrations précédentes pour leur manque de rigueur dans la gestion des finances publiques. Il demeure cependant optimiste, estimant que cette crise pourrait servir de catalyseur pour repenser le modèle économique du Sénégal, afin de renforcer son indépendance et favoriser un développement durable à long terme.