« Ils savent qu’il n’y a pas de surfacturation », le Dg d’Aee Power Sénégal « électrocute » ses « détracteurs » (Entretien exclusif)
« Il y a un détournement d’objectifs, en effet. AEE POWER EPC a utilisé une partie de l’avance de démarrage de 56 millions d’EURO… » Une révélation de Mouhamed Kane. Le Dg d’Aee Power Sénégal s’est entretenu avec Senego suite à la polémique née de la renégociation du contrat avec l’ASER et les accusations de surfacturation. Il accuse ses partenaires espagnols de vouloir les écarter du projet, à travers des « manœuvres« . Et soutient que l’actuel Dg de l’Aser « ne maitrise pas le dossier« . Entretien !
« Il n’y a pas de surfacturation », le Dg d’Aee Power Sénégal dément et accuse ses partenaires espagnols de… (Entretien exclusif)
Senego : Qu’est-ce qui vous liait à Aee Power Espagne ?
Mouhamed Kane : Dans le cadre de ce marché portant sur la livraison d’équipements et de réalisation de services pour l’électrification 1600 localités au Sénégal, conclu avec ASER, nos deux entités sont allées en groupement matérialisé par la signature d’un contrat de prestation de services et de fourniture de Poteaux Électriques.
Notre société, AEE POWER SENEGAL S. A intervient dans le cadre de cette relation comme mandataire et prestataire de service autonome de AEE POWER EPC (AEEP).
Elle est chargée, à cet effet, sous son entière responsabilité, d’assurer la réception des équipements et leurs installations dans les 1600 localités bénéficiaires du programme d’électrification rurale et à la réalisation des prestations, conformément au cahier des clauses administratives particulières et du contrat de marché signé entre AEE ESPAGNE ET ASER.
Il importe de relever que dans ce partenariat, la conception du projet à savoir la formulation du dossier d’affaires décrivant le projet dans ses dimensions technique, environnementale et financière a été entièrement préparée par AEEPOWER SENEGAL reconnue comme le concepteur qui réunit l’expertise technique et l’expérience pratique nécessaires pour réussir la mission.
Dans la répartition des activités entre nos deux sociétés, il a été convenu et accepté, compte tenu de l’expérience et du niveau d’implication de chaque partie, que AEE POWER SENEGAL S. A assure la réception et l’installation de tous les équipements acquis par AEE POWER ESPAGNE. Ce qui représente, en valeur, 60% des montants pour la partie sénégalaise et 40% pour la partie espagnole.
Dés lors il ne s’agit plus de sous traitance, mais les deux entités sont des co-contractants, en ce sens que le plafond de la sous traitance autorisé par le code des marchés publics est de 40%, alors que AEE POWER SENEGAL S.A détient 60% du montant total du marché.
Ce contrat de prestation, si l’on se fie à la sortie du Dg de l’Aser sur Walf, ne devrait plus être d’actualité, votre partenaire ayant souhaité le résilier pour cause d’irrégularités ?
C’est son point de vue à lui, il ne s’en cache pas, mais la réalité est autre. Les motifs invoqués par AEE POWER EPC pour décider de façon unilatérale la résiliation sans en aviser l’autorité contractante et la banque Santander alors qu’il y a un engagement tripartite entre l’ASER, AEE POWER EPC et AEE POWER SENEGAL, semblent trop légers pour justifier une rupture, entre autres griefs :
• La constitution de AEE POWER SENEGAL ne respecte pas les règles en vigueur en la matière ;
• Prétendue paiement de droits et taxes et honoraires d’expert non conformes à la réalité ;
• Tentative de AEE POWER SENEGAL S.A de se substituer à AEE POWER EPC pour exécuter le marché ;
Tous ces griefs sont infondés, AEE POWER SENEGAL est une société anonyme de droit sénégalais dont l’actionnariat est détenu exclusivement par des Sénégalais. AEE POWER SENEGAL a été légalement constitué par le notaire Me. Alioune KA qui s’est occupé de toutes les formalités.
Devant l’incapacité financière de AEE POWER EPC à contribuer aux frais liés au projet, c’est AEE POWER SENEGAL S.A qui a pris en charge le paiement de tous les honoraires de l’expert ayant évalué l’offre, la redevance sur les marchés publics due à l’ARCOP et fait enregistrer à titre gratuit le contrat de marchés, tous les justificatifs sont disponibles.
Il faut rappeler que le contrat de marché N°T0296/24-DK est le fruit d’une offre spontanée, conclue par négociation directe. Par ailleurs, le financement du projet bénéficie de la garantie souveraine de l’Etat du Sénégal, par conséquent AEE POWER EPC en tant qu’entreprise étrangère n’est pas éligible.
Ce qui nous ramène à conclure qui si le Directeur Général de l’ASER réussit à faire écarter AEE POWER SENEGAL de l’exécution du marché, c’est le processus d’attribution du marché à AEE POWER EPC qui risque d’être remis en cause.
Dans ses griefs, le Dg de l’Aser accuse votre société d’avoir surfacturé un poteau en béton à 1 million FCFA au lieu de 200 000 FCFA, entraînant une surfacturation totale de 15 milliards 300 millions FCFA. Que répondez-vous à ces accusations ?
Ce sont des accusations grotesques et dénués de tout fondement. Cela dénote une fois de plus de son absence de maitrise du dossier. Il convient de rappeler que l’offre commerciale de AEE POWER EPC portait sur l’électrification de 928 localités dans les régions de Kaffrine, Saint Louis, Tambacounda, Louga et Kédougou. Nous avons dans le cadre de la révision du bordereau de prix soumis par AEE POWER EPC dans le cadre de son offre, des prix hors normes, c’est qu’ainsi nous avons procédé à leur correction avant de les soumettre à l’ASER.
Ainsi, lors des négociations que nous avons menées avec l’ASER, le nombre de localités à électrifier est passé de 928 à 1600 tel qu’indiqué dans le bordereau de quantité du marché approuvé par la DCMP. Tous les prix indiqués dans le bordereau des prix sont indexés sur les prix de références de la SENELEC, et des projets exécutés ou en cours d’exécution au niveau de l’ASER. Ce sont ces prix qui s’appliquent dans le cadre du contrat de prestation de services et de fourniture de poteaux électriques en béton armé.
Lesdits prix ont été fixés par l’ASER. Donc il ne peut y avoir de surfacturation.
Et vos partenaires espagnols dans tout ça, qu’en pensent-ils ?
Depuis qu’ils ont décidé de façon unilatérale d’engager ces manœuvres visant à nous écarter du projet, il n’y a pas eu de contact. Ils savent pertinemment qu’il n’y a pas de surfacturation, d’autant plus que ce sont les mêmes qui sont facturés à l’ASER et qui ont été validés par la DCMP.
L’actuel Dg de l’Aser dit avoir voulu renégocier contrat à cause d’irrégularités. Ne pensez-vous pas qu’il soit dans son rôle ? Surtout que ça permettrait, selon lui, d’électrifier plus de 1700 villages, au lieu de 1500 prévus dans le premier contrat ?
C’est le lieu de soulever la question sur quelle se base l’actuel DG à renégocier le contrat en passant de 1505 à 1740 localités, sachant le nombre de localités à électrifier tel qu’indiqué dans le bordereau des quantités est 1600. Tout le projet a été bâti sur ce postulat. Nous sommes d’autant plus surpris de l’entendre dire qu’il a pu réaliser des gains en faisant supprimer les transformateurs de 25KVA du projet et à ne retenir que des transformateurs de 50 KVA, du surcroît au même prix ?
C’est à se poser la question comment le Directeur Général d’une aussi grande agence que l’ASER a pu affirmer cela. Pour votre gouverne, c’est en fonction de la distance vis-à-vis de la ligne de la SENELEC et du nombre ménages à électrifier que le choix est fait par rapport au type de transformateur. Il y a deux types de réseaux dans le projet (réseau basse tension et réseau moyenne tension).
Vous faisiez état d’un détournement d’objectif et d’une usurpation de paternité du projet d’électrification rurale, quelles preuves pouvez-vous donner à l’opinion ?
Il y a un détournement d’objectifs, en effet. AEE POWER EPC a utilisé une partie de l’avance de démarrage de 56 millions d’EURO, pour payer la prime d’assurance et les cautions, alors que l’avance de démarrage c’est l’argent du contribuable qui devait servir à financer les opérations dans le cadre du projet. Il y a aussi une tentative d’usurpation de la paternité du projet car le but ultime de toutes manœuvres c’est d’écarter AEE POWER SENEGAL S.A et d’exécuter seul le projet.
Quelle suite comptez-vous donner à cette affaire ?
Nous avons saisi l’Autorité de Régulation de la Commande Publique qui, a notre avis est plus habilitée a trouver une solution qui pourra sauver le projet.