Histoire générale du Sénégal : Des divergences justifiées (Ismaïla Kamara)

Le débat sur l’histoire générale du Sénégal bat son plein. Au delà des réactions subjectives, les contradictions sont justifiées.

Cependant, reconstituer l’histoire du Sénégal est une ambition pertinente, une impérieuse nécessité, puisqu’elle s’insère dans notre action quotidienne de sauvegarde de notre patrimoine national à la recherche de repères et de modèles pour notre société. Ne dit-on pas qu’ « un peuple sans histoire est un peuple sans âme »?

Les reproches ou les réactions subjectives faits à la commission dirigée par le Pr Iba Der Thiam émanent essentiellement de sa méthodologie, de sa démarche. En effet, notre pays regorge de compétences avérées dans ce domaine. Très tôt, nos marabouts-chercheurs se sont illustrés dans la reconstitution des faits historiques vécus par notre peuple. Ils écrivaient en arabe, langue dans laquelle ils excellaient et qu’ils maniaient avec merveille.

Toutes nos familles religieuses possèdent, par devers elles des manuscrits d’une teneur historique. Il est cependant déplorable que ces manuscrits servent de décor ou d’apparat sans utilité aucune pour l’humanité. A l’entame de ses travaux, la commission aurait pu visiter toutes les familles, gardiennes de ces manuscrits et les impliquer dans les travaux d’aval en amont.

Par ailleurs, je suis désagréablement surpris que le patrimoine historique à l’IFAN n’ait pas été mis à contribution. Sinon, comment le legs de Cheikh Moussa KAMARA a pu être ignoré, royalement? Je voudrais élaguer tout subjectivisme en le citant car, je suis son descendant. Cependant, force est de reconnaître que c’est le seul fonds qui existe à l’IFAN qui traite de l’histoire du Sénégal, de l’Afrique et des peuples noirs d’frique (Cf: Zuhur Al Bassatine: Manuscrtit de 1800 pages). Je rappelle que les colons voulaient justement reconstituer l’Histoire de l’Afrique à partir des manuscrits de Cheikh Moussa KAMARA qui est l’illustration palpable du rôle incommensurable incarné par nos érudits dans la diffusion de l’Islam et de la solidité des liens et des échanges culturels islamiques entre le Nord et le Sud. Dans ce domaine, Cheikh Moussa KAMARA peut être considéré comme le plus représentatif de notre univers intellectuel.

Feu Amar Samb, alors Directeur de l’IFAN, s’était évertué à traduire quelques uns de ses ouvrages. Il a été suivi par d’éminents chercheurs à travers le monde (Américains, Français, Arabes et Sénégalais). Le plus acharné dans la défense et la diffusion de patrimoine de Cheikh Moussa KAMARA est sans nul doute le Dr Abdoul Malal Diop.

Donc, il existe bel et bien des données basiques de l’Histoire générale du Sénégal. Le rôle de la commission pouvait se résumer à 60%, à la compilation, à la mise en ordre et à la rédaction d’une mouture de qualité à soumettre aux compétences des familles religieuses. Ainsi, tout le Sénégal aurait participé à la reconstitution de son histoire, de son patrimoine et chaque Sénégalais s’y retrouverait. L’auto-glorification ne devrait pas être l’apanage de la Commission.

Le Pr Iba Der Thiam connait parfaitement Cheikh Moussa KAMARA; il l’a plusieurs fois cité et fouillé pour se ressourcer dans ses recherches. Les historiens, les chercheurs, les étudiants de l’IFAN (Français comme Arabes), les intellectuels honnêtes, les hommes religieux doivent, en toute logique, s’émouvoir de l’oubli total fait à Cheikh Moussa KAMARA. Je rappelle que le département d’histoire à l’UCAD porte son nom.

Sans vouloir polémiquer, à titre d’exemple, je vous livre quelques titres de ses manuscrits:

  • L’Histoire de l’Islam
  • L’histoire de Sokoto
  • L’histoire du Wagadou
  • L’histoire de Ségou
  • L’histoire du Kaarta
  • L’histoire du Khasso
  • L’histoire du Gadiaga et du Guindimakha
  • L’histoire du Boundou
  • L’histoire du Fouta Toro
  • L’histoire du Bosséa
  • L’histoire du Toro
  • L’histoire du Walo
  • L’histoire du Kadior
  • L’histoire du Sine et du Saloum
  • L’histoire du Baol
  • La vie et l’oeuvre d’El Hadji Oumar Tall
  • La répartition des populations et le peuplement de la vallée du fleuve Sénégal : Manuscrit qui a rétabli la vérité sur les terres des deux rives lors du conflit Sénégalo-mauritanien en 1989; démontrant ainsi que le fleuve était l’épine dorsale du Fouta et que notre frontière variait entre 25 et 80 Km sur la rive droite.
  • L’histoire des griots
  • L’histoire de quelques chefs peulhs et maures
  • L’Islam et le Christianisme…

David Robinson, un chercheur américain qui s’est déplacé jusqu’à Ganguel, considérait Cheikh Moussa KAMARA comme  » Une autorité sérieuse en matière de recherche sur l’histoire du Sénégal.  »

Il est regrettable pour le Sénégal, pays de culture, d’ignorer une oeuvre colossale et monumentale produite par un de ses fils.

Le constat est amer. Il n’y a pas de congruence entre les objectifs déclarés et le produit fini. Les populations, à tous les niveaux, désapprouvent totalement les contenus car, elles ne s’y retrouvent pas. A mon avis, il ne s’agit pas de tout brûler, mais de constituer une commission pour apporter le correctif nécessaire.

* Directeur d’école

e-mail: cmoussacamara11@gmail.com

776656637

5 COMMENTAIRES
  • mike dionez

    Pure et simple

  • akidebgien

    Le débat sur l’histoire générale du Sénégal bat son plein, notre gouvernement fait tout pour proteger notre histoire

  • sah

    Cependant, reconstituer l’histoire du Sénégal est une ambition pertinente, une impérieuse nécessite, notre gouvernement realise la une action d une importance capitale pour notre pays
    sachez le

  • ifan

    jusqua present l histoire du senegal etait mis en retrait, heuresmenet dpeuis 2012 et l arrive de macky nous pouvons enfin avoir droit a une histoire digne et fier nde notre pays , une premiere depuis notre independance, une fierte !

  • okk

    mai il faux arete lhistoir general du senegal person n la conesss latdior serigne touba apre c si personbe n peu done des preuve concrete ont seul dir ont n cones pa nostrorigine

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