Gestion Covid-19 – Mesures restrictives : « La nécessité d’avoir un Premier ministre revient… »

« La décision du président de la République d’assouplir les premières mesures de restrictions face au nouveau coronavirus s’inscrit dans une démarche visant à éviter l’ouverture d’autres fronts pour le gouvernement…« , d’après Dr Maurice Soudieck Dione. Le Docteur en Science politique et Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, lors d’un entretien avec senego, a été interpellé sur les nouvelles mesures, prises par le président Macky Sall, dont la réouverture des lieux de cultes. Non sans préciser que « la nécessité d’avoir un Premier ministre revient… »

Sur la réouverture des mosquées…

« Au demeurant, les rapports entre le politique et le religieux sont extrêmement sensibles, car l’État parce qu’il est laïc n’a pas une légitimité sur le plan spirituel, et c’est ce qui lui permet d’assister, de protéger et de promouvoir de manière égalitaire les différentes religions et communautés religieuses. Dans le domaine proprement religieux qui n’est pas le domaine temporel de l’État, celui-ci est obligé de négocier avec les communautés religieuses, et de ce point de vue, cela ne me semble pas être une faiblesse. Car de toute façon, vouloir imposer la volonté de l’État par la force ne peut être que contreproductif et dangereux pour la préservation de la paix sociale.  Pendant que l’arrêté n° 007782 du 13 mars 2020 était en vigueur qui interdisait en son article 1 toutes les manifestations ou rassemblements de personnes dans les lieux ouverts ou clos, il y a des mosquées qui ont continué à ouvrir« , rappelle-t-il.

Il poursuit : « Après que le Président Sall a décidé de rouvrir les mosquées dans son discours du 11 mai 2020, plusieurs chefs spirituels ont décidé de garder fermés les lieux de culte car la menace n’est pas encore écartée. Cela montre tout simplement que l’État ne peut pas régir les affaires spirituelles, ce n’est pas sa vocation, mais il doit assurer la pérennisation du vivre-ensemble dans la paix, le respect et la concorde entre les différentes religions et communautés religieuses. La situation du Covid-19 est inédite en ce sens qu’elle révèle une ambivalence des décisions de l’État : ouvrir ou fermer des lieux de culte, touche à la fois le domaine temporel qui est celui de l’État et le domaine spirituel qui est celui des guides religieux. Dans une telle situation, seule l’information, la sensibilisation et la concertation permanentes peuvent permettre de trouver les solutions appropriées. Après les difficultés relatives à la gestion de la crise dans ses implications à la fois politiques et religieuses, il y a celles en rapport avec l’État de droit« .

Retour du poste de PM…

D’après le Dr en Science-Po, « Avec les nouvelles mesures, c’est toute la stratégie gouvernementale qui est chamboulée. C’est un changement paradigmatique qui nécessite de revoir toute la stratégie pour éviter les contradictions. Ensuite, la nécessité d’avoir un Premier ministre revient. Car le Président est obligé d’aller lui-même au front, et il n’a ni bouclier ni fusible. Or, un Premier ministre aurait pu monter régulièrement au créneau et laisser au Président une plus grande marge de manœuvre, en lui permettant d’incarner davantage une posture de transcendance. On a vu la sortie de l’ex-Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République, dans le quotidien national Le Soleil du 13 mai 2020 pour défendre le Président Sall dans ce nouveau cap défini dans la lutte contre le Covid-19« .

« Au demeurant, si le nombre de cas augmente-ce qu’on ne souhaite pas mais l’hypothèse n’est pas à exclure pour l’analyse, le Président pourrait-il encore revenir sur les mesures ? Cela donnerait l’impression qu’il se dédit ou alors qu’il ne sait pas véritablement quoi faire, ce qui risque de plomber davantage la stratégie du Gouvernement. Sur les questions religieuses, la stratégie de communication doit davantage intégrer les guides religieux pour donner plus de force, d’autorité et de légitimité aux décisions prises. La stratégie gouvernementale doit également évoluer en intégrant davantage les leaders sociaux et les relais communautaires ; elle doit s’enrichir à devenir plus transversale et coordonnatrice, une communication plus fondée sur la coordination, l’inclusion et la circularité, plutôt qu’une communication essentiellement basée sur la hiérarchie, la verticalité, une communication dominante et surplombante qui donne l’impression d’infantiliser les cibles…« , souligne-t-il.

1 COMMENTAIRE
  • Dos argenté

    Si votre raisonnement tant et si éclairé s’appliquait dans toute sa rigueur et intelligence on vous aurait applaudi. Malheureusement on ne vous a jamais entendu lorsque certaine frange de la population revendique la mort dans l’âme une reconnaissance et traitement égalitaire de la part du pouvoir. De visu, tant que les décisions agréent les groupes majoritaires on se gausse et se pourlèche les cabines : 《les chiens aboient la caravane passe》. Si jamais le respect de la décision de fermer ou de d’ouvrir les lieux était enfreinte par certaines obédiences de certaines contrées du gondwana, il est sûr et certain que le bras armé et séculier de l’État allait sévir avec une violence inouie

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