Dans un contexte mondial bien souvent marque par le cynisme et la désillusion politique, il existe toujours un espoir… lorsque les dirigeants choisissent la rationalité.
Ousmane Sonko propose une méthode organisationnelle pour insuffler une nouvelle politique managériale des affaires publiques au Sénégal.
L’étape chaotique
L’histoire de l’administration sénégalaise après l’indépendance est marquée par de nombreux problèmes profonds dans la façon dont le pays est géré : les ministères, départements, services ou agences de l’Etat travaillent chacun de leur côté, il y a un manque de clarté, tout est décidé à Dakar et la bureaucratie est lente.
Les spécialistes de l’organisation appellent cela la phase chaotique, où chaque entité opère de façon isolée, sans se soucier des autres, les décisions sont prises à la va-vite et il n’y a pas de but commun, ce qui crée un désordre général. Les dirigeants prennent des décisions sans stratégie à long terme, et les équipes ne collaborent pas. Ce qui entraine des redondances. Et l’absence de vision partagée nourrit la désorganisation.
Aujourd’hui, un changement paradigmatique dans la gestion et la politique semble émerger, sous l’impulsion du Premier ministre Ousmane Sonko. Il apparait à la tête d’une « nouvelle génération » de dirigeants déterminés à rétablir l’efficience, à optimiser les procédures et à renforcer la responsabilisation au sein de l’’État.
L’émergence d’un État stratège : vers un but commun
La prochaine étape pour que le pays fonctionne mieux, c’est de se réorganiser en définissant une vision claire, logique et partagée par tous. L’idée de « Vision Sénégal 2050 » montre bien cette volonté de ne plus faire les choses au hasard comme avant. C’est une façon de penser à l’avenir en structurant les objectifs autour de points essentiels : être indépendant économiquement, avoir une société juste ou l’équité sociale est une réalité, des institutions équitables et une transformation numérique efficiente.
Pour y arriver, cette nouvelle phase s’appuie sur plusieurs éléments :
* Évaluer soigneusement les institutions (par exemple, les assises sur la
justice en juin 2024).
* Analyser les compétences des personnes et des secteurs (par exemple, les
Réunions, états généraux sur les transports en commun).
* Étudier les façons de gouverner (par exemple, la Conférence des
Administrateurs et Managers publics).
Cette réévaluation suggère une approche influencée par les principes de la gestion publique contemporaine, tout en mettant l’accent sur l’autonomie décisionnelle et une contextualisation aux spécificités du système administratif sénégalaise.
Clarté, responsabilité et redevabilité : les nouvelles bases de la confiance
Depuis sa nomination à la Primature, le sieur Ousmane Sonko a clairement montré qu’il veut une gestion basée sur la clarté et la responsabilité. Ce changement s’inscrit dans une façon plus moderne de voir la politique, où le pouvoir ne vient pas seulement de l’élection, mais de la capacité à rendre des comptes, à agir efficacement et à inspirer confiance.
Voici trois exemples de cette nouvelle façon de faire :
* La responsabilité : les responsables doivent expliquer et justifier leurs choix.
* La lutte contre la corruption : les règles sont revues pour être sûrs qu’elles
sont appliquées de manière juste et systématique.
* Une communication publique transparente : les interventions du Premier ministre
Ousmane Sonko sur la situation difficile des finances publiques marquent un
changement dans la façon dont on communique avec les citoyens.
Ces bases représentent une forme de gestion honnête. Une forme de gouvernance éthique qui, selon les modèles de leadership transformationnel, est essentielle pour encourager l’engagement, la confiance et l’adhésion des citoyens.
Engagement renouvelé et intelligence collective : une nouvelle façon de gérer
La réforme de l’État ne peut réussir que si l’on change profondément la façon dont on travaille dans l’administration. Cela implique de :
* Supprimer les barrières qui empêchent les services de travailler ensemble.
* Renforcer la collaboration entre les différents secteurs.
* Développer une culture de la performance basée sur la reconnaissance, la
formation continue et la responsabilisation des agents de l’administration.
La nouvelle génération d’autorités sénégalaises semble adopter une approche de gestion globale, dans laquelle les compétences humaines sont considérées comme un atout important pour transformer le pays. Il ne s’agit pas seulement de restructurer, mais de mobiliser l’intelligence collective pour créer un changement durable.
La logique comme guide
En politique comme en gestion, le succès d’une transformation dépend d’une vision claire, d’actions cohérentes et d’un leadership crédible. La méthode que semble initier le Premier ministre Ousmane Sonko, basée sur la clarté, la rigueur et la participation citoyenne, ouvre une opportunité historique pour le Sénégal.
Quant au nouveau leadership sénégalais, sa mission primordiale devrait consister à encourager une trajectoire de développement panafricain souverain, à éveiller la conscience sociopolitique des citoyens, et à servir de catalyseur pour l’affranchissement intellectuel, économique, culturel et civique de la jeunesse. Ceci, dans le but de lui permettre d’exercer pleinement sa souveraineté en dépit d’un environnement international en perpétuelle redéfinition.
AbduDialy
Spécialiste en intelligence des affaires internationales
Des Rives du Saint-Laurent, Canada