Darfour : Des massacres ciblent les civils dans un conflit brutal

La région du Darfour, située à l’ouest du Soudan, est plongée dans un conflit brutal depuis avril 2023, où l’armée soudanaise et ses alliés ont perpétré des atrocités contre les civils. Accusés de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire opposé à l’armée, les civils subissent des violences de grande ampleur.
Le gouvernement soudanais a mis en place des mesures drastiques pour empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire, exacerbant la crise. L’interdiction de l’accès humanitaire par les frontières a condamné des milliers de personnes à des conditions extrêmes. Le département d’État américain a exprimé sa préoccupation, accusant l’armée de bloquer l’assistance dans les zones contrôlées par les FSR.
Le 24 mars 2025, l’armée soudanaise a intensifié ses attaques en menant des frappes aériennes sur le marché de Tura, dans le nord du Darfour, tuant des centaines de personnes. Des témoins ont rapporté que plusieurs missiles ont frappé la zone, amplifiant l’ampleur de la tragédie. Ces bombardements aveugles, visant souvent des civils innocents, font partie d’une tactique militaire dévastatrice.
Déplacements forcés et souffrance humanitaire
Des millions de civils ont été contraints de fuir, déclenchant une crise de déplacements internes. En 2025, le nombre de déplacés a atteint 15 millions, vivant dans des conditions précaires, souvent sans aide humanitaire. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé sa « profonde indignation » après les frappes de Tura. L’ONU a estimé que 30,4 millions de personnes nécessitent une aide d’urgence.
L’impact économique du conflit est catastrophique. Le pays fait face à un effondrement économique, avec une flambée des prix des denrées alimentaires et des biens essentiels, rendant l’accès aux produits de première nécessité presque impossible pour de nombreuses familles. La famine touche plus de la moitié de la population, et des conditions de famine sévère sont signalées dans le nord du Darfour et les montagnes de Nuba orientales.
L’influence des islamistes sur le pouvoir de Burhane
Le Conseil souverain dirigé par Abdel Fattah al-Burhane, après le coup d’État militaire qui a mis fin au régime d’Omar el-Béchir, a aggravé la guerre interne. L’analyste Abdel Rahman Khalid Wad Al-Sama critique Burhane pour ses décisions motivées par des intérêts étrangers. L’influence croissante des islamistes au sein de l’armée, dont des brigades radicales comme Al-Baraa Ibn Malik et des combattants de Daech, renforce la déstabilisation du pays.
Un coût économique dévastateur
Le politicien Khalid Omar Youssef accuse Burhane de diviser l’armée pour ses ambitions personnelles. Le coût économique de la guerre a dépassé les 100 milliards de dollars en 2024, et la situation est exacerbée par une paralysie de 70 % des activités économiques et un PIB en chute de 151 % en 2023.
Tensions croissantes avec les pays voisins
Les appels à la paix restent sans réponse, avec un gouvernement soudanais et ses alliés islamistes refusant le dialogue. Les tensions internationales croissent, notamment avec le Tchad et le Soudan du Sud, qui ont averti de ripostes militaires en cas d’agression, augmentant le risque de conflits régionaux.
Babaxar Ndiaye
Journaliste chroniqueur, spécialiste en géopolitique