Tunisie : Sonia Dahmani, journaliste, condamnée à deux ans de prison ferme

La journaliste tunisienne Sonia Dahmani a été condamnée à deux ans de prison ferme pour « déclarations liées aux immigrants illégaux », a annoncé son avocat, Sami Ben Ghazi. Cette condamnation fait suite à des propos jugés « sarcastiques » concernant un discours du président Kaïs Saïed sur la question migratoire. Selon Me Ben Ghazi, le verdict a été rendu malgré la demande d’un délai pour prouver que sa cliente avait déjà été jugée pour les mêmes déclarations dans un procès antérieur.

Le jugement, rendu par la sixième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, s’appuie sur le décret 54 relatif à la lutte contre la criminalité liée aux systèmes d’information et de communication. La radio Mosaïque FM a confirmé l’information, précisant que la condamnation concernait une déclaration médiatique de Mme Dahmani sur le dossier des migrants.

Cette condamnation intervient après une précédente condamnation à huit mois de prison en septembre 2024 pour des propos jugés « moqueurs » sur le même sujet. Selon Me Ben Ghazi, Mme Dahmani fait également l’objet d’enquêtes pour d’autres déclarations, notamment sur le racisme en Tunisie, des critiques envers des ministres et la situation carcérale.

Le Président Kaïs Saïed a maintenu que la justice tunisienne est indépendante. Cependant, l’opposition l’accuse d’instrumentaliser la justice pour réprimer ses opposants, suite aux mesures exceptionnelles prises en juillet 2021, incluant la dissolution du Conseil de la magistrature et du Parlement. Ces mesures sont perçues différemment selon les forces politiques : certaines les considèrent comme un coup d’État, tandis que d’autres les voient comme un redressement du processus révolutionnaire de 2011. L’affaire Dahmani illustre les tensions politiques actuelles en Tunisie et les débats autour de la liberté d’expression et de la justice.

Il est important de noter que plusieurs journalistes et chroniqueurs ont été poursuivis ces derniers mois en Tunisie et au Sénégal pour des accusations similaires, soulignant les défis liés à la liberté de la presse et à la régulation des discours publics dans ces pays. Au Sénégal, des affaires similaires ont vu des peines de prison requises pour diffusion de fausses nouvelles et discours contraires aux bonnes mœurs. Ces cas mettent en lumière les différentes approches judiciaires face à la liberté d’expression et les risques encourus par les journalistes dans l’exercice de leur métier.

La condamnation de Sonia Dahmani soulève des questions sur la liberté de la presse en Tunisie et la manière dont les autorités gèrent les critiques concernant les politiques migratoires. Des cas similaires au Sénégal montrent que la question de la liberté d’expression est un enjeu majeur dans plusieurs pays africains.

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