Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé un plan pour lutter contre la surpopulation carcérale en France. Ce plan prévoit la construction de 3000 places de prison modulaires en 18 mois, à un coût deux fois inférieur aux constructions traditionnelles. 17 sites ont déjà été sélectionnés pour accueillir les 1500 premières places, répartis sur tout le territoire, de Troyes à La Réunion. Selon le ministre, interrogé sur RTL, des Ehpad fermés pourraient être transformés en établissements pénitentiaires, et la location de places à l’étranger, en Espagne et en Allemagne notamment, est envisagée.
Cette initiative fait suite à une situation alarmante : au 1er juin, 84 447 détenus occupaient 62 566 places, soit une densité carcérale moyenne de 135%, dépassant même 200% dans certaines maisons d’arrêt. Comme le rapportaient nos confrères de Senego le 31 mai dernier, la surpopulation carcérale en France battait déjà des records au 1er mai, avec 83 681 détenus pour 62 570 places disponibles. Le ministre justifie son plan par cette urgence.
Cependant, le plan de M. Darmanin suscite des critiques. Béatrice Bellay, députée socialiste, s’interroge sur la faisabilité du projet, tandis que Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, regrette l’absence de mesures de réduction de peine, qu’elle juge plus efficaces pour la réinsertion. « C’est beaucoup de déception », a-t-elle déclaré. Par ailleurs, M. Darmanin a également annoncé la construction d’une prison de haute sécurité en Guyane, destinée aux narcotrafiquants, comme le soulignait un article de Senego du 18 mai dernier. L’efficacité à long terme du plan reste donc incertaine, notamment sans mesures complémentaires de réduction des peines ou de développement d’alternatives à l’incarcération.
Le coût des prisons est un point important soulevé par les critiques. Le ministre mise sur des prisons modulaires moins chères (environ 200 000 € par place contre 400 000 € traditionnellement), mais l’opposition réclame une approche plus globale pour résoudre le problème de la surpopulation carcérale en France. « On a découvert des places magiques ? Vous les mettez où ? », a ironisé Béatrice Bellay.