Au 1er novembre 2024, les prisons françaises comptaient 80 130 personnes incarcérées, comme le rapporte le ministère de la Justice. Malgré une capacité d’accueil de 62 357 places, la densité carcérale atteint 128,5 %, un niveau préoccupant qui reflète la crise persistante dans la gestion des établissements pénitentiaires du pays.
La situation est particulièrement critique dans 13 établissements où la densité dépasse les 200 %. En conséquence, 3 962 détenus dorment actuellement sur des matelas au sol. Dans les maisons d’arrêt, dédiées aux prévenus et aux condamnés à de courtes peines, cette densité monte encore à 155,1 %.
Un record inquiétant a été constaté : en novembre de l’année précédente, il y avait 75 130 détenus. Le nombre de détenus en attente de jugement s’élève désormais à 20 831, illustrant les retards dans le système judiciaire français.
La France se classe ainsi parmi les pays européens les plus touchés par la surpopulation carcérale, à la suite de Chypre et de la Roumanie, selon le Conseil de l’Europe. Malgré des réformes comme l’interdiction des peines inférieures à un mois et la promotion des travaux d’intérêt général, le problème persiste.
Didier Migaud, ministre de la Justice, a récemment indiqué un retard dans la construction des 15 000 nouvelles places de prison prévues d’ici 2027. Seules 6 400 places devraient être disponibles d’ici là. Il a précisé devant la commission des lois du Sénat que « l’achèvement du plan ne pourra être réalisé avant 2029, dans le meilleur des cas ».
En réponse à cette situation urgente, des mesures provisoires sont envisagées. Elles incluent la réhabilitation d’anciennes infrastructures pénitentiaires et l’emploi de structures modulaires. Le ministre examine également des « mesures alternatives à l’incarcération pour les infractions de faible gravité ».
La question de la surpopulation carcérale dépasse les seules infrastructures. En octobre dernier, des organisations telles que l’Observatoire international des prisons ont appelé à une réforme systémique du modèle pénal. Elles suggèrent de privilégier les alternatives à la détention pour alléger les conditions actuelles.