Une à une, les voix se taisent. La plupart ont sombré dans la compromission ou la capitulation. La couardise engloutit le reste. Les acteurs les plus visibles de l’opposition, prenant prétexte de l’irruption du coronavirus, sont allés s’accroupir sous les pieds de celui dont ils refusaient, il n’y a guère longtemps, la légitimité de son titre de président de la République.
Comme envoûtés, silencieux sur tout ce qu’ils lui reprochaient, de son braquage des ressources naturelles du pays à la mise en joue des libertés publiques et individuelles, jusqu’à cette cherté intenable de la vie pour leurs partisans, ils ont avalé fierté et fougue, remisé au placard leurs idées et idéaux, pour se rendre à canossa. En clair faire acte d’allégeance à l’ennemi juré.
Quelle irresponsabilité et quelle légèreté: en tombant dans le piège d’un faux consensus national pour lutter contre la pandémie du moment, ils se sont livrés avec armes et bagages. Sans même revendiquer une quelconque assurance sur les risques qu’ils prenaient au profit d’un récidiviste dans la roublardise et l’escroquerie. En quittant le palais de la République, accompagnés par un hôte des lieux requinqués par une aussi incroyable reddition, ils ont poussé la bêtise jusqu’à enregistrer pour la postérité leur plate soumission.
Ils l’ont fait en s’épanchant sur les micros grandement ouverts des médias favorables à leur nouveau chef. Debout, suivant une chorégraphie savamment orchestrée à leur insu, ils y ont rivalisé d’ardeur. Avec la même verve, pour déclamer la profondeur de leur alignement derrière celui qu’ils ont hissé, sans retenue, au grade de commandant en chef d’une armée en guerre dont ils n’étaient plus que de petits moine soldats, à sa dévotion.
Berlue
Macky SALL semblait être lui-même frappé d’une berlue. Comment, se pinçait-il, ces opposants, que le peuple avait fini par prendre au sérieux dans leur hostilité, fondée, contre lui, s’étaient-ils lâchés au point, non seulement, de ne plus apparaître qu’en minables marionnettes, mais jusqu’à lui donner carte blanche pour le vote d’une loi d’habilitation qui concentrait tous les pouvoirs entre ses mains?
Avaient-ils été victimes des lourds fétiches qu’il applique, dit-on, à ses adversaires ?
Plus de trois semaines après, plus aucune voix n’ose monter des rangs d’une opposition compromise jusqu’à la moelle épinière et réduite à jouer les figurants consentants des actes graves, des détournements de deniers et marchés publics, sans avoir aucune marge de manœuvre pour se sortir du guêpier dans lequel ils se sont laissés enfermer.
Becs cloués, ils ne ressemblent plus qu’à ces oiseaux surpris par les marées noires des hydrocarbures, ailes gelées, regards mélancoliques, que l’on voit sur certaines côtes obscurcies par des eaux gluantes.
L’opposition classique s’est donc faite hara-kiri, un suicide aussi violent qu’inutile qui a réduit à néant sa valeur boursière sur le marché politique. C’est à une mort consentie qu’elle s’est donnée et elle la paie au prix de sa ridiculisation qui a fini de consacrer sa naïveté, son amateurisme et, pis, son étourderie sous les éclats des lambris d’un palais devenu son cimetière.
Le silence aussi bruyant des forces civiles et citoyennes a été le pendant de celui des politiques. Et il n’est pas besoin d’aller loin pour comprendre pourquoi ces dernières ont plus facilement encore vendu leurs voix.
Depuis longtemps, en effet, on savait que nombre de ses membres entretenaient des relations louches, adultérines, avec le pouvoir qu’ils prétendaient combattre mais n’en étaient que des appendices à peine masqués.
Les mouvements consuméristes, incarnés jusqu’à la caricature par l’inénarrable Momar Ndao, à la moustache fasciste, ou ceux dits civils, occupés par le nombreux Birahim SECK, champion de la duplicité, étaient déjà connus pour n’être que des amuseurs de galeries. Ils font désormais rire jaune. Au même titre que le trio, symbole achevé de la collaboration, réminiscence d’un petainisme tropical, constitué par les têtes de Mazide Ndiaye, Moundiaye CISSE et Babacar Gueye, les volontaires chargés des basses œuvres qui font honte à l’histoire institutionnelle du pays.
Entreprise de corruption
Les voix qui s’éteignent n’épargnent pas non plus celles des chefs religieux, enrôlés dans l’entreprise de corruption que fut l’embellissement de leurs cités, mais tombée depuis en désuétude après la fraude électorale qu’elle cherchait à lubrifier, avant le scrutin vampirisé d’il y a un an…
Celles des femmes, caporalisées au moyen du vote d’une loi-piège pour criminaliser viols et pédophilie, ne sont pas non plus en reste. Elles ne sont plus qu’au service du décorum pour un Macky SALL ne boudant pas son plaisir, toute de fatuité, à s’afficher en “grand seigneur” au milieu de ses amazones de pacotille qui en sont hélas arrivées à n’exister que par la taille de leurs boubous, foulards, escarpins et mèches. Ce faisant, elles participent, en bouteilles habillées, à la culture ambiante de la compromission mais s’imaginent en actrices d’une grande histoire quand le pays, sous leur validation subtilement forcée, s’enlise dans les ténèbres de la dictature.
Il ne restait qu’à clouer le bec aux mouvements protestataires réunis en autant de cris de guerre sans portée au delà des macadams et de la place de l’Obélisque.
Y-en-a-marre, Frapp-France Dégage, Aar Li Nu Bokk, Gno Lank ne servent plus que de bruits de fond sans intérêt. Et tous se posent des questions, en particulier celle-ci: étaient-ils un nid de pions et d’espions pour le régime de Macky SALL ou ont-ils été infiltrés, ou, pis, achetés, rubis sur l’ongle, à mesure que leurs hurlements vocaux s’élevaient?
Le fait est trop frappant pour ne pas être souligné: on ne les entends plus, ces temps-ci, que pour s’égosiller dans le combat œcuménique contre la pandémie du coronavirus. Derrière leur nouveau leader, le Général SALL.
Adieu lutte contre la vie chère, la hausse de l’électricité, le bradage, à Aliou SALL, des ressources en hydrocarbures du pays, le maintien du franc cfa, les violations des libertés démocratiques, l’insécurité, la corruption ou pour le sauvetage de l’éducation, la santé, l’équilibre ethnique, pour ne citer que ces exemples.
Même l’élite intellectuelle, où se retrouvent les plus grands cerveaux dont on saluait naguère les exploits scolaires et l’érudition, a elle aussi perdu la voix. Elle se retranche désormais derrière la douteuse officine Seneplus pour pondre des textes sans muscles, nimbés d’obscurantisme et de néologismes illimités, où ses composantes les plus reconnues, de Bachir à Felvine, déversent leurs théories inutiles sur la décolonialité, l’enchantement de l’Afrique, l’universalisme de l’Islam et autres préciosités…
Signe de sa propre disruption: on observera que l’intelligentsia sénégalaise tourne ostensiblement le regard ailleurs pour ne pas voir la régression démocratique et la prédation économique, encore moins la perte rapide de la souveraineté nationale.
Le trop-plein d’énergie qu’elle accumule à force de se terrer n’est cependant pas perdue. Elle le déverse, ces temps-ci, dans la confection et la co-signature, sectaire et narcissique, d’infinies pétitions sans prises sur les enjeux qu’elles prétendent adresser.
Fermez le ban: comme partout ailleurs où la dictature a été facilitée par le silence des peuples qu’elle écrase, celui du Sénégal, fracassant, scelle l’enracinement d’une minable et crapuleuse autocratie aux petits pieds. Soixante ans après la proclamation de son indépendance, qu’il célèbre tous les 4 Avril, depuis lors, sa descente dans les ténèbres ne pouvait être plus brutale que ce qu’il vit en ces heures décidément sombres de son histoire. Dans un si long, lourd silence, uniquement perturbé par les frasques, en roue libre, d’un dictateur émergent et de ses sicaires. Même les forces de l’ordre, les praticiens du droit, les journalistes et syndicalistes semblent avoir battu pavillon.
Et ce pays naguère gai où l’on aimait débattre de tout n’est plus qu’une morne plaine.
Comme dans un cimetière. On se tait: le Sénégal s’affaisse, s’abaisse!
* Adama Gaye, Le Caire, 26 Avril 2020
Je suis à moitié d’accord avec vous Adama Gayre. Si Ousmane Sonko est au silence ce n’est ni plus ni moins qu’on fait face à un terrible ennemi invisible le corona virus qui n’a pas fini de terroriser le peuple sénégalais. Dans la situation qui prévaut actuellement c’est l’intelligence qui agit. Le fait qu’Ousmene Sonko se soit abstenu du vote de la loi d’habilitation lui a valu les slaves de toute part. Le problème de Sonko ce n’est pas Macky Sall mais bien les sénégalais, pour peu qu’il émette des réserves sur la gestion des choses , les sénégalais qu’il croit alerter le traiteront de pêcheur en eau trouble, càd au lieu de penser aux souffrances du peuple sous corona virus il ne pense qu’à prendre la place Macky Sall. De plus il faut pouvoir distinguer l’appel du président de la république Macky Sall de l’appel du président politicien Macky Sall. Ousmane Sonko en homme intelligent a ignorer l’appel politique du président politicien Macky Sall au dialogue national et a accepté de répondre à l’appel du président de la république Macky Sall qui a besoin de toutes les forces vives de le nation combattre le nouvel ennemi déclaré du peuple : le corona virus.On ne peut mener un combat contre une pandémie qui menace le peuple et mener en même temps un combat politique. Tout ce qui se passe de bon ou de moins bon, le peuple en est bien conscient puisqu’il vit l’amère ou l’agréable expérience. Le peuple est mature pour juger pour lui-même..
La grosse carotte qu’il a infligé à pauvre soi disant opposition Senegalaise.
A ce jour le seul opposant qui a résisté et avait anticipé l’immense arnaque politicienne pour s’ériger tout les pouvoirs est Abdoul Mbaye ancien PM et je n’en doute pas doit être une personne avec une certaine moralité .
Macky Sall est un pauvre type(Badola dans l’âme et arriviste )Élu par défaut et qui est en train de créer une situation intenable au Senegal.
Qu’Allah protège le Senegal J’ai peur pouf mon pays
Merci Adama voilà au moins quelque un qui réfléchit avec piété et responsabilité…… Ce Sénégal a besoin des hommes comme vous devant la scène politique
Tres belle plume!!! Cela se voit que vous maniez très bien la langue de Moliere et vous avez raison sur beaucoup de point mais nous avons un autre chat à fouetter. Il s’appelle CORONAVIRUS
peut etres la carote
Adama tu n’es qu’un imbécile de classe mondiale tu es derrière les Arabes et vouloir nous mettre en feu et flamme.Tu n’es qu’un petit virus devant Corona mal intentionné
Morpheo a dit l’essentiel. Il ya un temps pour combattre et un autre pour faire la paix. Combattons d’abord le Covid 19 et apres sa defaite, nous reprendrons nos batailles politiques! Il me semble que M. Adama Gaye est fache contre toutes les composantes de Notre pays. Il en veut à tout le monde!! Le combat ce n’est au Caire qu’il se passe mais à Dakar et au Senegal!!
tout à fait ! mais il faut savoir aussi ce n’est pas le moment de se quereller ,.
on est ici au sommet de la rigueur et de l’analyse intellectuelle..on voit aussi se déployant aisément le patriote sourcilleux imprégné d’un courage politique rare dans nos cieux ..merci Adama
Sur certains points tu as raison adama, mais sache aussi que le Corona ne fait pas de distinction riche ou pauvre pouvoir ou opposition, le citoyen lambda tout le monde est exposé. Aller répondre au palais ne signifie nullement un ralliement,c est tout à fait normal d’aller lui exposer d’autres idées. Si aucun des opposant n’était parti le voir, certains de vos confrères allaient s’indigner et critiquer véhément un soi disant manque de patriotisme.
La situation est assez grave pour que l’on s’attarde sur des querelles de positionnement,le peuple n’est pas dupe. Le moment viendra où ceux détournent les deniers publics rendront compte. Macky et sa famille(belle famille) ne resteront pas éternellement au pouvoir.
Monsieur AdamaGaye, un fils du Sénégal et de l’Afrique qui sait comment marchent les deals et autres combines politiques et qui a toujours le courage de les dénoncer. Son texte est le reflet de la situation ambiante : des soumis à plat ventre devant la nouvelle virginité de M.S. Je n’ai plus larmes pour pleurer ce nouveau djebeulou
Respect je cherche votre contact
vérité absolue mr Adama vous êtes une des rares patriotes a l image de pape Alé a être debout mais bon rien n Est éternel un jour viendra
lol,quand Sonko dénonçait vigoureusement les détournement de milliards qui pouvait servir mieux les priorité du peuple, tu étais où? trop facile, Sonko n’est pas le cher à canon de l’opposition
triste Adama tu fais pitiè.