Sénégal : Saint-Louis, point névralgique de l’immigration clandestine vers l’Espagne
Dans la ville sénégalaise de Saint-Louis, le flux des migrants tentant de rejoindre illégalement l’Espagne par la mer est en constante augmentation. Ville historique et ancien centre politique, Saint-Louis est aujourd’hui un passage crucial de l’immigration clandestine de l’Afrique vers l’Europe. Sa proximité avec l’océan Atlantique et sa grande activité de pêche en font un point de départ stratégique pour de nombreux migrants désespérés.
Saint-Louis, anciennement capitale de l’Afrique occidentale française et du Sénégal jusqu’en 1957, est confrontée à une migration illégale incontrôlable. La surpêche industrielle, l’impact des entreprises énergétiques mondiales et le changement climatique érodent les moyens de subsistance des pêcheurs locaux, poussant les jeunes à chercher des alternatives, souvent dangereuses.
Les candidats à l’immigration embarquent à Saint-Louis pour une périlleuse traversée de 1 300 kilomètres jusqu’aux îles Canaries. Ce voyage, risqué et de plusieurs jours, attire des migrants du Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest en quête d’une vie meilleure en Europe. Cependant, le prix humain est élevé, avec plusieurs embarcations chavirant en mer.
Selon un rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, l’année 2024 a été particulièrement meurtrière pour les migrants avec plus de 10 457 décès en mer. Le phénomène dure depuis les années 90, où les premiers clandestins ont atteint les Canaries en 1994. Malgré les risques, la quête d’un meilleur avenir à l’étranger reste tenace parmi ces populations vulnérables.
Pour Mamadou Fall, président de l' »Association des migrants de retour d’Espagne », le coût d’une traversée vers l’Espagne oscille entre 500 et 700 dollars par personne. Pourtant, ce périple ne garantit pas une vie meilleure. Fall milite pour des solutions durables et exhorte les gouvernements à créer des opportunités économiques pour freiner cette émigration dangereuse.
Dans un entretien rapporté par l’agence Anadolu, Fall met en garde contre les illusions liées à la migration. Il insiste sur la nécessité de démanteler les réseaux de passeurs et de mettre en place des politiques favorisant l’emploi local. Pourtant, beaucoup de ceux qui atteignent les rives espagnoles taisent leurs conditions précaires auprès de leurs familles restées au pays.
Abdurahmane Seck, un migrant de retour, partage cette désillusion. Après cinq ans en Espagne, sans visa ni perspectives durables, il déconseille fortement le voyage aux jeunes Sénégalais. Selon lui, un travail discipliné au Sénégal vaut mieux que des illusions à l’étranger. Il dénonce ceux qui vivent sous la menace des trafiquants d’êtres humains et plaide pour des voyages légaux et sûrs vers l’Europe.