Sénégal : Pour une refondation des leviers d’attractivité et de compétitivité…

Depuis l’accession à la présidence de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye FAYE et son Premier ministre, M. Ousmane SONKO, ont manifesté une volonté affirmée de renforcer l’attractivité et la compétitivité du Sénégal. Trois initiatives concrètes méritent d’être soulignées, au-delà des orientations énoncées.

D’abord, les déplacements à l’étranger du Président de la République, notamment en Californie (USA), au cœur de l’innovation technologique à la Silicon Valley. Ensuite, son voyage en Asie du Sud-Est, plus précisément en Chine, où il a visité le centre de démonstration de Huawei lors du Forum sino-africain (FOCAC) qu’il a co-présidé avec le Président Xi Jinping. Enfin, il convient de mentionner ses visites en Arabie Saoudite et au Qatar, ainsi que son déplacement en Turquie, qui s’est déroulé en parallèle de son séjour au Qatar.

Lors de la 8ème « Future Investment Initiative » en Arabie Saoudite, du 29 au 31 octobre 2024, le Président de la République Bassirou Diomaye FAYE a mis en avant les atouts du Sénégal devant un auditoire d’investisseurs, tout en intégrant ces éléments dans la vision sénégalaise à l’horizon 2050. À Ankara, il a poursuivi cette dynamique de communication en visant à intensifier le partenariat entre la Turquie et le Sénégal dans des secteurs clés pour la croissance. Au Qatar, le « Forum de Doha » a servi de plateforme pour mettre en lumière les avantages comparatifs du Sénégal. Grâce à une stratégie de communication efficace, il a articulé une proposition de valeur attrayante pour attirer des investisseurs.

Tous ces déplacements partagent un objectif commun : promouvoir le Sénégal comme destination d’investissement à travers une approche comparative et la mise en avant de notre offre territoriale unique auprès de partenaires soigneusement sélectionnés.

Il s’agit de transformer des prospects potentiels en clients. Dès lors, il devient impératif d’activer tous les leviers d’attractivité et de compétitivité territoriale pour atteindre cet objectif.

Des institutions comme l’APIX (Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux) jouent un rôle prépondérant en séduisant des cibles par la mise en avant de nos atouts distinctifs. Un éventail de questions se pose et l’APIX, en collaboration avec le Gouvernement, s’efforce quotidiennement d’y répondre. D’autres organismes, tels que l’ASPT (Agence Sénégalaise de Promotion Touristique), l’APROSI (Agence de Promotion des Sites Industriels), l’ASEPEX (Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations) pour ne citer que ces agences, ainsi que les chambres consulaires et les bureaux économiques à l’étranger, contribuent à cette dynamique, bien que parfois en concurrence, ce qui nuit à l’efficacité collective. Il est donc crucial de rassembler certaines institutions autour d’une doctrine commune. La France a récemment initié un recensement de ses leviers d’attractivité dans une perspective de les regrouper, et le Sénégal pourrait en tirer des leçons.

Le communiqué du Conseil des ministres d’hier (22 janvier 2025) indique une volonté de repositionner l’APIX sur le segment des incitations et du suivi opérationnel de l’environnement des affaires par la mise en place d’une nouvelle doctrine d’attraction et de fidélisation des investissements, ce qui est pertinent compte tenu de son expérience et de ses résultats concrets. Cependant, il est essentiel qu’elle agisse de manière collaborative, en mobilisant tous les acteurs concernés dans une dynamique de promotion des investissements. Les réalités locales doivent également être prises en compte pour assurer l’acceptabilité et l’appropriation des projets par les acteurs territoriaux grands bénéficiaires de ces investissements. Les pays ayant réussi à développer une approche de marketing territorial l’ont fait grâce à une coordination horizontale et itérative. Actuellement, le Sénégal ne dispose pas d’une marque territoriale ou d’une stratégie nationale de marketing territorial clairement établie et opérationnelle. Il est temps de repenser notre méthodologie. En unissant nos efforts et en clarifiant notre discours, nous avons l’opportunité de réaliser des avancées significatives au cours des 25 prochaines années, comme l’illustrent les réussites de certains pays d’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient, ainsi que des exemples africains tels que le Maroc, le Rwanda et le Botswana.

En vue des événements majeurs, tels que les Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, nous pouvons nous préparer à entrer dans une nouvelle phase de développement. Ainsi, nous proposons les recommandations suivantes pour améliorer le marketing territorial au sein des politiques publiques :

1. Organiser, d’ici le Forum Investir au Sénégal prévu les 24 et 25 avril 2025, une journée de l’investissement dans chaque région, mobilisant les acteurs locaux ;

2. Consacrer le Forum de Dakar à la consolidation des avantages comparatifs observés sur l’ensemble du territoire national ;

 3. Créer une marque territoriale qui regroupe toutes les structures locales et nationales promouvant l’investissement ;

 4. Accompagner les pôles territoriaux dans leurs stratégies de marketing territorial ;

5. Instituer une rencontre annuelle pour évaluer, communiquer et ajuster si nécessaire les démarches de promotion des investissements.

Daouda Thiandoum

Géomarketeur, Aménageur, Urbaniste et Écrivain

Secrétaire général du Club de Réflexion sur l’Urbain (CRU) 

dthiandoum@yahoo.fr