Amadou Sall : « Nous voulons d’un système qui s’adapte mieux à nos réalités… » (Entretien)

Amadou Sall : « Nous voulons d’un système qui s’adapte mieux à nos réalités… » (Entretien)

Amadou Sall est un Sénégalais vivant dans la Diaspora et qui a fait sa scolarité à Ziguinchor où il a eu son Baccalauréat en 1989. Actuellement établi à Zurich où il a travaillé dans le secteur public, il compte apporter sa partition pour un « Sénégal meilleur », à travers la politique et en tant que « panafricain et citoyen du monde ». Il s’est entretenu, à cet effet avec Senego sur l’actualité du pays.

Entretien…

Qu’est -ce qui vous a motivé à réagir face à la situation du pays ?

Ma Motivation c’est d’abord ma conception de la Politique. Pour moi, la politique est « l’affaire de tous et l’affaire de tous est la politique ». Alors chaque citoyenne et chaque citoyen y est tenu. La Politique englobe tout et tout le monde. Ensuite, de par mon expérience, je suis venu donc répondre à un Appel au devoir. Un devoir civique et morale.

D’emblée, le moment est venu pour le Sénégal d’amorcer un développement total et harmonieux avec l’aide de nos ressources naturelles dès fin 2023. Le Sénégal pourra bientôt entrer pleinement dans le concert des Nations. Pour cette construction nationale, une volonté commune est bien nécessaire. Il nous faudra en 2024 une véritable Politique Nationale. Nous aurons besoins d’un programme de développement adapté a nos réalités. Et pour se faire, nous aurions besoins d’un fédérateur et d’une équipe dynamique. Ma motivation principale est de solliciter l’investiture des Sénégalaises et Sénégalais et d’accomplir pleinement le rôle de chef d’Etat et de Fédérateur de la Nation. Je perçois la portée de ce acte, le poids des exigences qui s’y attachent pour doter le Sénégal que nous aimons d’un avenir meilleur.

Cette situation, justement parlons-en. Quelles analyse faites-vous de cette situation tendue provoquée par les politiques ?

Face à cette situation que connait le pays, je dirais que nous sommes passés d’un régime socialiste avec le Président Abdou DIOUF à un autre régime… Puis est arrivé le Président Macky SALL. Si mes souvenirs sont exacts, le Président WADE disait en son temps : « Bou keurr mêttey – Doff – ya – mousse ». A son tour, le Président SALL nous annonça la rupture, qui nous semble une suite logique. Alors, « Rupture » on y est. Cependant, ajoutons que la crise n’est pas seulement conjoncturelle, elle est également structurelle. Elle est même civilisationnelle. Monsieur Mamadou DIA en préface de son œuvre « Enquêtes et Etudes » – Réflexions sur l’Economie de l’Afrique Noire – (Editions Présence Africaine) P. LAURAC inscrivait ce qui suit. : « Une Civilisation avant tout technicienne qui implique la négation théorique et pratique d’une part des Droits de l’Homme sous prétexte d’assurer l’avenir , et d’autre part, du droit des peuples sous prétexte de les libérer n’est pas une civilisation de justice et de fraternité, donc de paix telle que nous la voulons ».

Aujourd’hui nous voulons d’un système qui s’adapte mieux à nos réalités. Construisons un Sénégal où chacun peut manger à sa faim. Un pays où le travail est primordial.

En 2024, c’est une véritable politique Nationale qu’il s’agit de définir et non plus un programme. Moi-même comme Monsieur DIA, à son époque je situe la politique dans la conjoncture historique oû nous sommes, pour qu’elle puisse répondre ä tous nos problèmes. Il est plus que jamais nécessaire que le pays tout entier, et au premier chef, les Responsables que nous sommes, acceptent d’en assurer le poids. C’est une confiance active, dynamique qu’il nous faut et non pas seulement une adhésion intellectuelle. C’est surtout en engagement commun. Une politique doit être avant tout, claire, cohérente, explicite, réaliste.

Nous allons donc définir la nouvelle charte qui s’attachera à résoudre nos problèmes intérieures et extérieures ; Pour suivre une véritable révolution de nos structures administratives et économiques pour doter le pays depuis le bas jusqu’au sommet, des instruments de son développement. Du travail a été fait et il faut achevé la mise en place. Et surtout donner leurs orientations nouvelles a certains organismes appelés à jouer un rôle capitale dans notre évolution. De sorte que, en reprenant les propos de Monsieur DIA, en fonction de tous ces objectifs peut et doit s’effectuer la Mobilisation des masse, de tout le peuple. Il n’y a pas à faire appel à une catégorie privilégiée de citoyen : tous ont la même ligne de devoir, ouvriers, paysans, intellectuels et travailleurs, jeunes et vieux, hommes et femmes.

Le Sénégal a besoin de tous ses enfants d’ici et d’ailleurs. Et nous voulons que la Mobilisation s’établisse dans toute la mesure du possible. Sur les bases d’une promotion des masses : Que l’Engagement communautaire soit un acte de progrès, un phase de notre libération humaine. Nous nous engageons donc avec force, mais réalisme, dans une politique de coopération multinationale. Dans le concret, nous établirons avec tous les Etats frères, qui l’accepteront dans le même esprit, une coopération économique et technique très large, sincère, amicale et fructueuse. Mais qui ne peut se fonder que sur des données réalistes, équitables, dans le respect des libertés d’engagement et des intérêts réciproques.

Notre désir de solidarité nous mènera également à nouer des liens avec toutes Les Nations qui accepteront de contribuer à notre Œuvre de construction du Sénégal en particulier et de l’Afrique en général, sur des bases de dignités et de respect mutuel. Nous avons confiance dans la Solidarité agissante de tous nos amis, qui ne manqueront pas de se manifester, nous en sommes assurés, par de là les phases de diversion que nous pouvons traverser.

N’avez-vous pas peur que la situation empire avant la Présidentielle de 2024 ?

En général, les Hommes aiment frôler le danger. Et pour la plupart des cas, ils savent rebrousser chemin pendant qu’il est encore temps. Ce n’est pas pour rien que le Président SALL appelle au dialogue.

Sachant que : « Le Mandat est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux Mandats consécutifs.» Certes la situation est confuse. Rien n’est encore sûr. Mais, bon gré, mal gré tout, nous devons accéder au dialogue. C’est un impératif.

Par ailleurs, notons qu’au Sénégal de nos jours, le mot le plus usuel, ou l’un des plus usuel, c’est le terme « sadique ». La violence est partout à la fois. C’est ce qui me fait peur. Mais la Solidarité agissante des forces vives de la Nations donnent confiance. La volonté collective de réussir coûte que coûte ne devrait reculer devant aucun obstacle. J’ai confiance dans la Solidarité agissante de toutes et de tous nos compatriotes.

Que pensez-vous de l’Appel au Dialogue du Président Macky SALL ?

Si nous résumons la situation actuelle du pays, nous dirions que nous sommes au bord de la catastrophe. La tension est très vive. Cependant il faut résister à la tentation de s’unifier selon les formes traditionnelles de l’offre politique qui prétend toujours, par un grand coup de boutoir, renverser l’obstacle et passer ä des jours meilleurs. Il serait mortel pour notre pays de voguer à la dérive au gré des évènements. Aussi, construire la paix sans la justice c’est chose impossible. Le Président Macky SALL peut et doit ouvrir toutes les vannes propices à l’éclosion d’idées nouvelles pour un Sénégal meilleur.
Le F24 suscite beaucoup d’intérêt ; Et peut participer pleinement à l’élaboration d’une feuille de route allant jusqu’à l’investiture de 2024. Le Président SALL se doit d’accompagner ce processus au nom du triomphe de la paix et de la sécurité de notre pays. Et nous voulons espérer que les décisions du Président SALL aideront à construire la Paix dans la Justice.

Pensez-vous qu’il soit sincère au moment où l’opposition dénonce une liquidation de la part de Macky, de ses adversaires ? Comme ce fut le cas avec Karim WADE, Khalifa SALL ou encore Ousmane SONKO ?

Vous me diriez que le PASTEF n’y voit pas d’un bon oeil. Je vous donnerais raison. Qu’ils prennent leurs gardes, cela semble rationnel. A l’état actuel des choses, le Président a-t-il une autre voie que d’appeler au dialogue ? A savoir, des concertations élargies à toutes les parties y compris la société civile. L’heure est grave, il est vrai, les moments très difficiles. Mais il nous faut être à la hauteur de notre aspiration à la pleine Souveraineté.

Accédons aux dialogues, c’est une opportunité pour résoudre définitivement la question des détenus politiques. Une concertation inclusive est nécessaire et il faut aller vers cela. Nous ne pouvons pas certes avoir assurance de la bonne foi du Président Macky SALL avant échéance. Mais le Postulat posé par le F24 sur les conditions d’un Dialogue apportera un éclairage par rapport aux ambitions du Président de la République.

Ne pensez-vous pas que cette querelle pouvoir/opposition qui est à l’origine de cette tension, de ces manifestions qui ont occasionné des morts?

Au Sénégal, la tension était déjà palpable bien avant l’avènement de l’affaire SONKO /A. SARR. Il y a eu au paravant l’affaire B. DIAZ. Après SONKO, le capitaine TOURE. Et vous savez bien ce qui s’en est suivi. Le cas des journalistes entre autres. Mais je suis d’avis que ces querelles dépassent le cadre de pouvoir contre oppositions. Le monde bouge, le monde change. La crise que nous traversons est beaucoup plus profonde que certains ne pensent. C’est pourquoi il nous fait à présent, bâtir de nouveaux axes, trouver de nouvelles orientations.

Et qu’à cet effet les divergences peuvent être de mise. L’en doit en tenir compte. Aussi des changement majeures doivent s’opérer et nous nous devons toutes et tous de les accompagner. La rupture a été annoncée, sinon même amorcée. Je pense que qui dit rupture prévoit ipso facto opposition de nature et/ou de style, etc… Nous y sommes au milieu de la crise. Et une crise qui ne dit pas son nom.

Quelle solution préconisez-vous pour une paix durable au Sénégal? Et quel rôle comptez-vous jouer, à cet effet?

Une paix durable c’est d’accorder une grande importance aux éléments d’une organisation écologique de notre économie, de notre éducation, de notre société.

Nous devons malgré nos différences apparantes trouver un équilibre social. Equilibre entre tradition et modernité, entre les techniques et les cultures, entre la Civilisation matérialiste et celle des valeurs spirituelles ; Equilibre dont devra sortir une Civilisation du Travail qui aulieu d’être « inflation de l’humain » sera épanouissement de l’homme intégral.

Nous pouvons établir un manuel de guide avec le référentiel Sénégalais pour disposer d’un cadre de vie adapté a nos besoins et à nos valeurs. Je souhaite que la mobilisation des masses et des élites politiques s’opère sous le signe de la plus large Union Nationale. Nous devons accepter touts les concours pourvu qu’ils émanent de patriotes sincères pour entamer une véritable transformation au Sénégal.

Votre message à l’endroit de la classe politique

Chers Compatriotes, le Sénégal de 2024 peut apporter pleinement sa contribution au grand Rendez-vous des Nations. Il peut faire parler son génie, faire entendre sa voix à travers le monde. Il s’agit pour nous de définir une véritable politique nationale et non pas un programme. Nous devons situer notre politique dans la conjoncture historique où nous sommes, pour qu’elle puisse répondre à tous nos problèmes. Et pour être digne de cette mission exaltante qui nous est dévolue, nous devons exiger toujours d’avantage de nous-mêmes. Nous devons aussi sortir une fois pour toutes de toutes les petites querelles intérieures. Le Sénégal Nouveau, le Sénégal de 2024, c’est autre chose. Il faut que nous restons dans l’esprit de cette Union.

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