La croisade contre Khalifa Sall se poursuit. Et cette fois-ci, après le maintien de sa condamnation à 5 ans de prison ferme et une amende de 1.8 milliards de Fcfa, voici que le député-maire de la Ville de Dakar a été révoqué, par décret, par le président Macky Sall. Une décision illégale selon certains juristes et membres de l’opposition qui dénoncent un acharnement du régime en place contre Khalifa Sall.

Me Babou:
« La décision prise par le président de la République est illégale« , fustige Me Babou. L’avocat est catégorique sur la question. Il poursuit dans l’Obs: « Si le décret est fondé sur l’arrêt de la Cour d’Appel pour révoquer Khalifa Sall, ce n’est pas fondé. C’est illégal. Pour la bonne et simple raison que l’arrêt de la Cour d’Appel n’est pas une sanction définitive qui remet en cause l’autorité de la chose jugée.
En matière procédurale, si la Cour d’Appel prend un arrêt, la personne qui a succombé, en l’occurrence Khalifa Sall, peut, ou par l’intermédiaire de ses avocats, faire un pourvoi en cassation. Même si le pourvoi en cassation confirme l’arrêt de la Cour d’Appel, il y a ce qu’on appelle une autre procédure, un rabat d’arrêt qui refait les chambres réunies. Je confirme donc que tant que toutes les voies de recours n’auront pas été épuisées, nul ne peut dire que Khalifa Sall est condamné« , regrette Me Abdoulaye Babou qui dénonce une certaine précipitation de la part des autorités.
Me El Mamadou Ndiaye:
Pour sa part, l’avocat de Khalifa Sall dit qu’ils vont attaquer ce décret « qui n’est que diversion… » Un décret qui, selon la robe noire ne peut être légal. « On peut essayer de comprendre que le pouvoir essaie de mettre en jeu deux dispositions: les articles 135 et 140 du Code général des collectivités locales. Ces dispositions sont très claires. Elles ne peuvent être mises en oeuvre que lorsqu’il s’agit d’une condamnation définitive. L’article 35 de la loi organique relative de la Cour suprême est très clair« , rappelle-t-il que les délais de pourvoi ainsi que le pourvoi en cassation sont suspensifs…
Ce qui veut dire qu’une condamnation pénale ne peut prendre effet, lorsqu’on est hors des délais ou lorsqu’il n’y a pas eu pourvoi. « Il est clair que Khalifa Ababacar Sall a été condamné hier (Ndrl: jeudi 30 août 2018), par la Cour d’appel, mais il a six jours pour se pourvoir en cassation…« , se pose-t-il la question « si dans ces six (6) jours le pouvoir peut prendre une décision ou une révocation? » Pour ainsi dire qu’une telle décision ne peut être prise, tant qu’il y a des voies de recours, à moins qu’ils ne décident que Khalifa Sall n’a pas le droit de se pourvoir en cassation…
L’opposition, les partisans de Khalifa Sall et une partie de la société civile a réagi face à cette décision du président Macky Sall de révoquer le député-maire Khalifa Sall.
Une décision qui a fait rire Khalifa Sall:
« Ce que Khalifa Sall tient à dire aux Dakarois qui l’ont élu, aux sénégalais qui le portent dans leur coeur, c’est que cette décision l’a fait rire. Même nous, une telle décision ne nous stresse même pas. Car, nous estimons que Macky Sall était maire, il est né après les indépendances et que le temps de Mobutu et Jammeh sont révolus. Mais cela montre qu’il est entouré par des incompétents…« , regrette Bamba Fall.
Malick Gackou dénonce un acharnement sans fondement contre Khalifa Sall
Pour le leader du « Grand parti », « aucune adversité politique ne justifie cet acharnement sans fondement contre Khalifa Sall. Je m’insurge et m’indigne face à cette démonstration de force contre un adversaire politique. Le Sénégal, notre pays et son peuple ont toujours abhorré l’impertinence et la haine en bandoulière dans l’action politique… »
« Les moments les plus sombres de l’histoire du Sénégal…«
« Un cauchemar« , s’indigne Alioune Tine. Le directeur d’Amnesty internationale pour l’Afrique de l’Ouest et du centre peine à se réveiller de ce mauvais rêve. Selon lui, sous Macky Sall, « la justice bloque les ambitions de ceux qui peuvent être des dangers pour le pouvoir« . Car, rappelle-t-il, un Etat de droit, c’est d’abord la justice.