Réquisitoire contre l’impunité et la dérive des finances publiques
![Réquisitoire contre l’impunité et la dérive des finances publiques](https://senego.com/wp-content/uploads/2025/02/La-Matinale-Senego-Ousmane-Diagne-Alioune-Tine-et-le-poids-de-la-dette-senegalaise_thumbnail.jpg)
Monsieur le Ministre de la Justice,
L’heure est grave. Le rapport de la Cour des comptes, dans sa froideur implacable, jette une lumière crue sur une gestion des deniers publics qui, loin d’être une simple succession d’erreurs administratives, révèle un système méthodiquement construit sur l’opacité, la prévarication et le mépris des règles élémentaires de la gouvernance financière. Loin d’être un accident isolé, cette situation s’inscrit dans une longue tradition d’impunité qui rappelle, toutes proportions gardées, les dérives budgétaires ayant précipité des États comme le Venezuela ou le Liban dans le chaos économique.
Monsieur le Ministre, il n’est plus temps de la complaisance. Il n’est plus temps des rapports qui s’empilent dans l’oubli institutionnel, des enquêtes sélectives qui épargnent les puissants du moment, des discours d’intention sans lendemain. Il est temps que la justice, dans toute sa rigueur, s’empare de ces révélations avec une détermination inébranlable et une impartialité absolue.
UN SYSTÈME DÉLIBÉRÉ DE FRAUDE ET DE DÉTOURNEMENT
Les chiffres falsifiés, les irrégularités manifestes et les fautes de gestion relevées par la Cour des comptes ne relèvent pas d’un simple manque de vigilance. Ils traduisent une organisation dévoyée où les principes fondamentaux du contrôle a priori ont été piétinés. Les circuits de validation budgétaire ont été sciemment contournés, les organes de surveillance, au lieu de jouer leur rôle de rempart contre les abus, se sont mués en complices passifs ou actifs.
Les institutions financières censées garantir la transparence ont laissé prospérer un système où les dépenses étaient engagées sans justification crédible, où les deniers publics étaient distribués avec une désinvolture coupable, où certaines personnalités ont bénéficié de largesses inacceptables. Comment ne pas voir, derrière cette mécanique, une intention manifeste de se soustraire aux principes élémentaires de la gestion publique ?
UNE JUSTICE À GÉOMÉTRIE VARIABLE : UNE INJURE À L’ÉTAT DE DROIT
Le scandale ne réside pas uniquement dans l’ampleur des détournements. Il réside également dans le traitement différencié des acteurs impliqués. Alors que certaines figures du régime déchu sont livrées à la vindicte médiatique et judiciaire, d’autres, ayant opportunément rallié le nouvel exécutif, semblent bénéficier d’une clémence troublante. Faut-il en conclure que la justice n’est rendue qu’à la carte, selon les intérêts du moment ? Que la lutte contre la corruption n’est qu’un outil de règlement de comptes politique ?
Monsieur le Ministre, cette situation est intolérable. La justice ne peut être un instrument maniable au gré des vents politiques. Elle ne peut se soumettre aux exigences d’un exécutif soucieux d’affirmer son autorité sur les vestiges du passé tout en protégeant ses propres affidés. Elle doit s’exercer avec une rigueur absolue, sans distinction de camp ni d’allégeance.
UNE RESPONSABILITÉ HISTORIQUE
L’histoire jugera sévèrement ceux qui, aujourd’hui, auront laissé prospérer l’impunité. Elle retiendra que des rapports accablants ont été publiés, que les preuves ont été exposées, que la vérité a été mise à nu, et que pourtant, la machine judiciaire est restée figée, paralysée par les influences et les intérêts.
Monsieur le Ministre, vous avez entre vos mains l’opportunité de rompre avec cette fatalité. L’indépendance de la justice, tant proclamée, doit maintenant s’incarner dans des actes concrets. Les enquêtes doivent être menées sans restrictions, y compris contre ceux qui occupent encore aujourd’hui des hautes fonctions. Tous ceux dont les noms apparaissent dans ces rapports doivent être convoqués, interrogés, jugés.
Les Sénégalais attendent des actes, non des discours. Le gouvernement a promis la transparence : elle doit être totale. L’Assemblée nationale doit cesser d’être un simple enregistreur de lois et assumer pleinement son rôle de contrôle. La Cour des comptes, si prompte à donner des quitus dans le passé, doit prouver que son autorité ne dépend pas des conjonctures politiques.
LA JUSTICE COMME SEUL HORIZON
L’histoire récente nous l’enseigne : les alternances ne sont souvent que des cycles où les mêmes erreurs se répètent, où les mêmes fautes se perpétuent sous d’autres visages. Il ne tient qu’à vous, Monsieur le Ministre, de briser cette spirale.
Que la justice, enfin, se fasse. Qu’elle ne soit ni sélective, ni instrumentalisée, ni détournée. Qu’elle soit l’arme implacable de la vérité et de l’équité.
Car sans justice, il n’y aura ni paix, ni confiance, ni avenir.
Cheikh Ahmed Tidiane Ly
En tous cas limouy yekh na lol
Vous avez parfaitement raison Mr Ly, il faut que tous ceux qui sont impliqués dans ces rapports soient convoqués et juger et qu’ils rendent l’argent jusqu’au dernier centime.
Pas de justice sélective, finit d’emprisonner les voleurs de poules et laisser les voleurs de milliards
Les pastefiens ne peuvent pas avoir une justice equitable.c est pas possible