Réinventer l’Afrique, pour le salut économique du continent

Tous les problèmes auxquels l’Afrique est confronté, se situe au niveau structurel et organisationnel. Notre souveraineté alimentaire, énergétique, militaire, et technologique passera nécessairement par la synergie des forces individuelles du continent. 

L’industrialisation et la consommation de nos productions, la préservation de nos propres ressources, la valorisation de nos recherches scientifiques, la reconnaissance et la promotion de nos talents dans tous les domaines, l’appropriation de notre identité culturelle par l’enracinement avant l’ouverture, la culture intellectuelle vis-à-vis des enjeux de la gouvernance mondiale, l’indépendance sur la gestion responsable de nos propres problèmes sécuritaires à savoir : la protection collective de nos territoires balkanisés, le respect par nos pairs de notre souveraineté sans ingérence étrangère, etc. La liste est longue et nécessite une réelle réflexion pour réinventer le continent africain.

Ce qu’il faut d’abord retenir à travers ce constat, est que fédérer nos intelligences est le premier chantier à bâtir afin que toutes les forces individuelles servent d’abord à l’Afrique.

Mettre fin à l’appauvrissement de l’Afrique passe inéluctablement par l’industrialisation de nos propres productions pour diminuer les coûts d’importation et créer localement des emplois.  Car, aucune autosuffisance alimentaire n’est envisageable si la consommation locale est dépendante de l’importation. Aucune industrie ne pourrait être florissante en Afrique si la production locale est concurrencée par d’autres produits similaires étrangers. 

Et malheureusement, le constat est plus que frappant, car plus de 80% des produits alimentaires consommés en Afrique proviennent de l’importation. Il suffit de jeter un coup d’œil sur ce qui est exposé sur les rayons des grandes surfaces commerciales et dans les boutiques des quartiers pour se rendre compte que la quasi totalité de la consommation africaine est estampillée “importé”.  Ceux qui arrivent à déceler ce gap,  entre les produits locaux et importés, sont ceux-là qui ont ce sens d’observation, ce sens aigu et pointilleux du patriotisme économique doublé d’un esprit de veille concurrentielle sur tout ce qui a trait à l’importation. Car, comment minimiser le coût d’importation d’une petite boîte de cure-dent importée et qui coûte 100 FCFA ou la petite sucrerie étrangère à 15 FCFA tant prisée par nos chers enfants, le petit pot de conserve ou le petit gel de douche importé et vendu à 500 voir 1500 FCFA, la paire de chaussure de mauvaise qualité qui tue l’artisanat local? Tous ces produits importés constituent une marge incommensurable dans l’assiette économique du pays exportateur. Donc, aucun article/produit, aussi petit ou insignifiant soit-il ne doit être minimisé devant un analyste averti et soucieux du développement économique et de l’essor industriel de l’Afrique. Car si la règle d’or du commerce international voudrait que nous achetions tout, la logique économique et patriotique quant à elle, voudrait que nous achetions uniquement ce que nous sommes dans l’incapacité de produire localement, et également de consommer d’abord tout ce que nous sommes capables de produire localement par nos propres moyens et forces collectives. 

Alors! Comment sortir de cette spirale de dépendance étrangère à tous les niveaux ? Comment réinventer l’Afrique pour son salut économique et social? La solution est dans le changement structurel et organisationnel à travers la fusion des forces et intelligences individuelles. 

Il faut que nous comprenions que le monde a complètement changé après le passage du cyclone Covid-19. Avec l’inflation à tous les niveaux, on assiste à une mue totale de l’activité économique. L’ère des prix bas est révolue. Tout le monde veut se faire une marge parce que tout le monde pense qu’il a perdu quelque chose dans le cyclone Covid-19. 

Donc réinventer l’Afrique est le salut économique et social du continent. Car la situation actuelle est telle que les clignotants sont au rouge sur le plan mondial avec les défis climatiques et énergétiques, la raréfaction des ressources et les conflits politico-militaires et civils notés ça et là. Seule la synergie des forces des intelligences peut aider les populations à vivre dignement l’après-cyclone Covid-19.

Trouver de nouveaux modèles économiques, mettre en place de nouveaux paradigmes est le plus grand défi du continent africain. Il faut que nous comprenions que la fusion des idées et des forces est la locomotive de toute réalisation durable et pérenne. 

Dans son dernier post intitulé « cette diaspora africaine qui joue à la pédanterie intellectuelle », la plume citoyenne que je suis, s’adressait à cette frange de la diaspora africaine qui n’apporte rien de constructif à l’Afrique mais qui passe tout son temps à dénigrer l’effort de développement du continent. Certes à côté de cette diaspora qui est toujours dans la complainte, existe une autre diaspora vaillante, experte et compétente, qui contribue au développement inclusif de l’Afrique. Pour ma part, en tant que plume citoyenne, je considère toute la diaspora comme une deuxième force incontournable de l’Afrique si tant est qu’elle mesure et apprécie la place qu’elle occupe et qui lui revient de droit sur le continent.

La diaspora africaine à elle seule constitue une véritable force financière pour la réalisation des infrastructures du continent. Au lieu de faire toujours appel aux financements étrangers, la mise en place d’un fonds d’investissement de la diaspora africaine est la clé qui, à mon humble avis, pourra ouvrir de belles perspectives à la prise en charge de manière efficiente de la problématique de l’éducation, de l’agriculture, de la santé, de la promotion de l’habitat social permettant ainsi de réduire drastiquement cette fracture sociale au niveau du logement, et le financement de projets de recherche et de développement industriel. 

Aujourd’hui, la diaspora africaine constitue pour le continent une véritable niche de compétences et d’expertises dans tous les domaines. Elle devrait à mon humble avis, être le deuxième pouvoir décisionnaire de l’Afrique, et ce, à tous les niveaux. Mon ultime conviction est que la diaspora africaine à elle seule, peut constituer le premier bailleur de fonds et pourvoyeur en intrants du continent. Pour cela, il faudrait d’abord qu’elle prenne conscience de la place qu’elle occupe sur le continent. Toutes cette manne financière acheminée vers le continent à travers d’autres structures financières étrangères aux taux d’intérêts exorbitants, devrait à mon humble avis, passer par une seule entité crée et dédiée exclusivement à la diaspora par l’Afrique. Ce qui permettrait à la diaspora d’envoyer de l’argent vers les bénéficiaires avec un taux incitatif. Ce qui fera que les bénéfices de ces transactions resteront sur le continent et serviront de financement pour les projets d’infrastructures et de développement.

L’exemple de l’arrivée de WARI dans le transfert d’argent a permis de tordre la main au grand monopole orange Money. Imaginez l’impact de la création d’un établissement financier dédié exclusivement à la diaspora africaine sur le marché financier africain ? Imaginez toute cette création de richesse pour la diaspora et pour l’Afrique ? 

Eh oui ! Je sais !! J’appréhende d’ores et déjà les réponses à ces idées ! D’aucuns diront que c’est impossible parce que ceci ou cela. C’est normal, puisque nous avons été formaté comme ça. Impossible de faire par nous-mêmes. D’autres peuvent aller explorer Mars mais c’est impensable pour l’Afrique de créer ses propres astronautes.

Nous excellons tous à travers nos forces individuelles. Mais quand il s’agit de l’intérêt collectif, la fusion devient impossible. Le courant ne passe pas, car beaucoup de goulots d’étranglement et de facteurs juridico-institutionnel-humain qui limitent l’émulation des idées. Donc, il faut aller chercher l’expertise ailleurs. Tous nos blocages se situent à ce niveau. Pour ma part je n’y crois pas car l’impossible n’existe nulle part si ce n’est dans la tête. Tout est réalisable si on se crée toutes les opportunités et possibilités.

La force des puissances étrangères est uniquement due à leur capital humain qu’elles ont su valoriser en tenant en compte de la compétence et de l’expertise de chacun dans chaque domaine d’expertise et de savoir-faire. Leur force réside également dans le fait qu’elles n’ont pas besoin de consulter leurs pairs africains pour réaliser leurs propres projets, si ce n’est que lorsqu’il s’agit d’utiliser les ressources africaines comme intrants à leurs productions.

C’est à ce stade que la formation est un enjeu capital pour réinventer l’Afrique. Car, il est impensable de vouloir faire une omelette si on ne casse pas les œufs. Ce capital humain africain constitue une véritable bombe économique pour le monde si tant bien est que toutes les élites africaines y compris les pouvoirs publics ont compris les réels enjeux géostratégiques économiques, scientifiques, militaires, sécuritaires. 

Ce qui revient à prendre conscience du besoin urgent de former la jeunesse africaine à tous les niveaux selon tous les besoins. Car le salut économique du continent réside également à ce niveau. Autrement dit, on peut même affirmer sans détour que la clé de la souveraineté totale de l’Afrique est entre les mains de sa jeunesse. Un continent qui détient la population la plus jeune au monde doit résolument mettre tous les moyens imaginables pour doter cette jeunesse des outils qu’il faut pour relever tous les défis de l’Afrique. Les pouvoirs politiques y ont leur part mais également les pouvoirs civils, de la cellule familiale à la cellule sociale et communautaire. 

En leur inculquant les véritables codes et valeurs, ils seront en mesure de protéger ce qui doit l’être. En les formant sur les véritables enjeux, cette jeunesse africaine sera consciente des véritables défis à relever et saura ainsi préserver ce qui leur revient de droit. Et la préservation de ce qui revient de droit à la jeunesse passe inéluctablement par la protection de toutes les ressources dont regorge le continent et tant convoitées par ses pairs. 

Et qui doit assurer cette ligne de défense si ce n’est la force militaire et politique ? Aujourd’hui, s’il y’a trop de tensions civiles et conflits militaires partout à travers l’Afrique, c’est parce que nous n’avons pas encore mesurer l’importance organisationnelle et structurelle de nos forces collectives sur le plan sécuritaire et politique.   

Réinventer l’Afrique est inévitable pour son salut économique et sa stabilité politique et sociale. Un véritable défi est à relever à tous les niveaux de la société afin que la fusion des forces individuelles puissent servir efficacement le continent.

Poursuivons la réflexion à l’échelle individuelle et collective, LOCALE, TERRITORIALE, SOUS REGIONALE et CONTINENTALE. Dans tous les cas, c’est l’Afrique qui gagne !

One love 

____// 

Plume citoyenne – MaremKANTE

Mardi 31 Janvier 2023.

COMMENTAIRES
    Publiez un commentaire