Rapport 2024 : Amnesty dénonce une année noire pour les droits humains au Sénégal…

Amnesty International a publié ce mardi son rapport annuel 2024, mettant en lumière de graves violations des droits humains au Sénégal. La situation, particulièrement tendue durant la période préélectorale en 2023, a été marquée par une répression brutale des manifestations, une impunité renforcée par une loi d’amnistie, et des lacunes persistantes dans la protection des droits des femmes, des enfants et des migrants.
Dans le contexte politique explosif précédant l’élection présidentielle, les forces de sécurité sénégalaises ont fait usage d’une violence excessive contre les manifestants. Selon le rapport, quatre personnes, dont un adolescent, ont été tuées par des tirs policiers, tandis que plus de 150 manifestants ont été arrêtés. Des journalistes couvrant les événements ont également été battus par les forces de l’ordre, une atteinte directe à la liberté de la presse.
Amnesty dénonce également l’adoption en mars d’une loi d’amnistie qui a mis un terme aux enquêtes et poursuites concernant la mort de 65 manifestants et passants entre mars 2021 et février 2024. L’organisation critique cette décision comme une entrave à la justice pour les victimes et leurs familles, qui se retrouvent privées de vérité et de réparation.
Le rapport note peu de progrès en matière de droits des femmes et des filles. Le Code de la famille sénégalais contient encore des dispositions discriminatoires, et le gouvernement n’a pas pris de mesures efficaces pour garantir la protection des enfants talibés, souvent soumis à des abus et à l’exploitation.
Autre donnée alarmante : au moins 959 migrants partis en bateau depuis le Sénégal ont péri en mer au cours des cinq premiers mois de l’année 2024. Ce chiffre dramatique reflète l’ampleur de la crise migratoire, aggravée par le désespoir économique et l’absence de perspectives pour une large frange de la jeunesse sénégalaise.
Sur le plan environnemental, Amnesty souligne une décision gouvernementale notable : la suspension de toutes les opérations minières le long de la rivière Falémé, en raison des graves dégradations environnementales. Cette mesure est saluée comme une réponse nécessaire aux alertes répétées des communautés locales et des écologistes.