Amnesty dénonce des atteintes aux droits humains en Afrique de l’Ouest pour 2024

Amnesty dénonce des atteintes aux droits humains en Afrique de l’Ouest pour 2024

Le 29 avril 2025, Amnesty International a présenté son rapport annuel 2024 sur l’état des droits humains en Afrique de l’Ouest lors d’une conférence de presse organisée à L’Harmattan Sénégal. À la tête de cet événement, Marceau Sivieude, directeur régional par intérim pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a été accompagné de Seydi Gassama, directeur de la section sénégalaise. Ils ont mis en lumière les principales préoccupations du rapport, particulièrement alarmantes au Sénégal.

Dans son intervention, Marceau Sivieude a identifié quatre problématiques essentielles. D’une part, des violences persistent au Sahel, autour du lac Tchad et dans les régions anglophones du Cameroun. Ces zones sont en proie à des exactions, tant par les groupes armés tels que Boko Haram et le JNIM, que par certaines forces de sécurité nationales. De nombreux crimes de guerre restent impunis. Parallèlement, la vulnérabilité socio-économique affecte plus de 57 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire, exacerbée par les conflits, le changement climatique et la réduction d’aides internationales après les coupes de l’USAID.

En outre, les violences basées sur le genre demeurent préoccupantes malgré les progrès législatifs, comme l’interdiction des mariages d’enfants en Sierra Leone. Les mutilations génitales féminines et les mariages forcés subsistent, avec un manque notable de soutien pour les victimes. Le rapport pointe également la restriction continue des libertés civiques sous des régimes militaires et autoritaires dans certaines régions, où les manifestations sont violemment réprimées et les voix dissidentes muselées, notamment en Guinée et au Burkina Faso.

Seydi Gassama a mis l’accent sur le Sénégal, évoquant des violations des droits humains durant la présidence de Macky Sall, et des défis qui restent à relever sous l’actuel gouvernement. Il a notamment mentionné les manifestations de février 2024 contre le report des élections, qui ont entraîné la mort de quatre personnes et l’arrestation de 150 autres. Des cas de tortures, impliquant des journalistes comme Mor Amar et Absa Anne, ont été signalés. En outre, une loi d’amnistie adoptée en mars 2024 a bloqué toute poursuite judiciaire en la matière.

La liberté d’expression est également mise à mal, malgré la fin des arrestations pour de simples « likes » sur les réseaux sociaux. Des journalistes, à l’image d’Amir Sidiane Camara, ont été emprisonnés pour des critiques jugées malvenues. Le rapport d’Amnesty appelle à la décriminalisation des délits de presse et s’inquiète des conditions de détention dans des prisons surpeuplées comme Rebeuss, où des épidémies telles que la tuberculose prospèrent. Bien que des projets de construction de nouveaux établissements soient en cours, la situation sanitaire reste critique.

Seydi Gassama a également plaidé pour que l’État privilégie l’accompagnement légal des médias au lieu des suspensions, préconisant une aide à la presse au lieu de répression. Il a rappelé l’importance de garantir la présomption d’innocence et de réduire les inégalités d’accès à la justice, notamment pour les détenus en attente de jugement.

Dans cette présentation, les intervenants ont salué la résilience de la société civile et exhorté les autorités à tenir leurs promesses, notamment en matière de droits des femmes, de protection des enfants talibés, et de mise en place d’une justice équitable. Le rapport détaillé d’Amnesty International, attendu dans les prochains jours, promet d’approfondir ces tendances pour la période 2024-2025. Ce compte rendu a été lu sur le site de nos confrères de Sud Quotidien.

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