Prévention de la fistule obstétricale : Une organisation communautaire de base sensibilise à Tambacounda

La fistule obstétricale constitue toujours une réelle préoccupation pour les pouvoirs publics au Sénégal où, chaque année, 400 nouveaux cas sont recensés. La prise en charge étant gratuite, l’Organisation communautaire de base (Ocb) du quartier Abattoirs de la commune de Tambacounda a décidé de diffuser cette information auprès du grand public.

L’Organisation communautaire de base (Ocb) du quartier Abattoirs de la commune de Tambacounda a initié une journée de mobilisation sociale à l’intention des femmes et filles de ladite commune. Cette activité a permis de passer en revue les conséquences sociales de la fistule obstétricale.

Selon Babacar Ndao, chef du Service régional du développement communautaire de Tambacounda, « la majorité des cas de fistule obstétricale survient quand les filles se marient trop jeunes et contractent des grossesses précoces ».

Des propos confirmés par Mme Yaba Sy, sage-femme d’Etat au centre médical de Tambacounda. Elle a rappelé que la fistule obstétricale est « une communication anormale entre le vagin et la vessie et/ou le rectum qui résulte d’un accouchement prolongé et difficile, sans intervention médicale rapide. Elle entraîne une perte permanente d’urines et/ou de selles ».

Dans le cadre de cette journée de mobilisation sociale sur la prévention de la fistule, l’occasion a été saisie par Dr Mbaye, du centre de santé, pour souligner que cette maladie touche les filles et les femmes les plus vulnérables qui vivent dans les zones enclavées.

Ainsi, pour Aminata Diallo Sall, relais de l’Ong « Article 19 » et responsable de l’Ocb, le moment est venu de mettre fin à la fistule obstétricale et de remédier aux circonstances qui la perpétuent : la pauvreté, le manque d’accès aux soins de santé, les mariages d’enfants et les grossesses précoces. Cela passera nécessairement, selon elle, par la prévention partout dans la région de Tambacounda.

De concert avec le ministère sénégalais de la Femme, de la Famille et de l’Enfance et celui de la Santé et de l’Action sociale, le traitement des femmes vivant avec la maladie et leur accompagnement, en vue de leur réintégration dans leur communauté, est une préoccupation prise en compte par l’Etat du Sénégal et ses partenaires, a précisé M. Ndao.

En 2016, Article 19 et d’autres partenaires comme Unfpa, Tostan, etc., ont organisé un camp pour la prise en charge des réparations et opérations de fistuleuses. A cette occasion, 26 femmes malades ont bénéficié de soins gratuits. Durant ce camp, une femme de 70 ans a été opérée après avoir vécu 45 ans avec la fistule.

Il est précisé que la fistule n’est pas une maladie mortelle, mais très handicapante. Elle a des effets dévastateurs sur la femme. Dans la plupart des cas, elle perd son bébé durant le processus d’accouchement.

Ensuite, elle souffre d’une incontinence chronique: incapable pour la femme malade de contrôler l’écoulement de l’urine ou l’excrétion des matières fécales. Les conséquences sociales sont encore plus dramatiques. La femme est, dès lors, mise à l’écart, abandonnée par son mari et son entourage.

D’après Mme Coly Mabinta Sambou, du Service régional de l’information et l’éducation pour la santé, c’est le mari qui abandonne souvent en premier sa femme. Elle a ajouté que cette maladie, qualifiée de honteuse, ne laisse aucune chance à la femme ou à la jeune fille.

« Elle n’a plus la possibilité d’exercer une fonction ni de s’asseoir dans les instances de prise de décision. En somme, elle est carrément marginalisée », a-t-elle regretté. Ce malheureux constat fait que les malades n’ont pas les moyens de se prendre en charge, car n’étant plus en état d’exercer des activités génératrices de revenus. (Soleil)

 

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