Pr. Aziz Diouf : « Dans la pratique, les magistrats sont plus enclin à répondre aux injonctions du pouvoir… »

Pr. Aziz Diouf : « Dans la pratique, les magistrats sont plus enclin à répondre aux injonctions du pouvoir… »

Sur le plan textuel, rien n’empêche aux magistrats d’être indépendants, mais dans la pratique, ils sont plus enclin à répondre aux injonctions du pouvoir politique. Tel est l’avis d’Abdoul Aziz Diouf, Professeur Titulaire des universités en droit privé, agrégé des Facultés de droit. Dans une interview avec l’économiste Felwine Sarr, le Professeur Diouf aborde également l’héritage colonial de notre système judiciaire.

Il explique que le Sénégal a hérité l’état colonial de son système judiciaire, et le pays ne s’est pas encore départi de cette réalité. Il y a de nombreuses entreprises de réformes. Cependant, toutes ces réformes ou modifications observées à partir de 1960, ont une nature cosmétique. Fondamentalement, la magistrature sénégalaise ne s’est pas départi de ses racines coloniales.

Concrètement, précise le professeur à l’Ucad, on a toujours une magistrature non pas au service de ces destinataires, c’est à dire les populations, mais connecté directement, à l’appareil politique. « C’est un emprunt de la période coloniale qui se perpétue même dans cette période. La magistrature sénégalaise telle qu’elle se pratique actuellement, est toujours liée à cette époque coloniale. »

Cet emprunt colonial se manifeste aussi dans son architecture avec cette division entre la magistrature debout c’est-à-dire le parquet et une magistrature assise, c’est le juge, a-t-il ajouté. Et au-delà, de cette architecture, les rites, les symboles (la balance, la toge) l’imaginaire de cette magistrature a également des origines coloniales.

Sur l’indépendance de la justice, M. Diouf d’affirmer que la seule autorité qui saurait s’imposer par rapport à un magistrat, en principe, c’est la loi. Mais, dans la pratique judiciaire, « les magistrats sont plus enclin à répondre aux injonctions, aux attentes du pouvoir politique. »

Concrètement, le conseil supérieur de le magistrature (CSM) est cet outil, cet instrument à travers lequel le pouvoir politique organise l’instrumentalisation ou le contrôle de l’appareil judiciaire. Le président de la République est le président du CMS, et le ministre de la Justice en est le vice-président. Donc, l’administration de la justice est purement politique, regrette-t-il.

Le moment est venu de faire quitter le président de la République ainsi que de son ministre de la justice du CSM, a-t-il ajouté entres autres.

2 COMMENTAIRES
  • Sow

    C’est ki lui ?

    • Ano

      Pr. Aziz DIOUF. Il fait partie des 2 à 3 agrégés en Droit International Privé du Sénégal. Professeur titulaire à l’UCAD.

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