Le discours autour du pétrole au Sénégal est souvent teinté d’enthousiasme national et d’attentes élevées quant aux retombées économiques. Toutefois, pour maximiser les revenus et encourager une collaboration fructueuse avec les compagnies pétrolières, une approche plus nuancée serait bénéfique. Les déclarations enthousiastes des autorités et de la société civile, centrées sur comment augmenté les retombées pour le Sénégal, peuvent susciter des inquiétudes parmi les compagnies pétrolières en raison des réalités opérationnelles et des incertitudes du secteur.
En toute légitimité, la société civile sénégalaise exerce une pression sur les compagnies pétrolières pour des pratiques responsables et une contribution au développement local, mais ces attentes doivent être équilibrées avec une compréhension des défis opérationnels. Les incertitudes liées à la renégociation des contrats et aux normes de qualité du gaz (projet GTA) , ainsi que la transition énergétique mondiale et la fiscalité, ajoutent des complications pour les compagnies pétrolières au Sénégal .
L’état des lieux actuel de la politique pétrolière du Sénégal depuis le nouveau code pétrolier de 2019 semble éloigner les compagnies pétrolières internationales de notre pays, compromettant ainsi les perspectives de développement réel du secteur. En effet depuis deux ans, le Sénégal a lancé des appels d’offre pour 12 blocs libres mais peine à trouver un preneur malgré la participation du Sénégal aux différentes rencontres nationales et internationale (oil & gas glabal show) pour vendre la destination du Sénégal aux entreprises pétrolières et partenaires.
Les compagnies pétrolières craignent des changements soudains de réglementation ou des politiques imprévisibles affectant la rentabilité de leurs investissements. L’exploitation pétrolière est un domaine technique et capitalistique avec des risques élevés. Pour attirer et retenir les investissements, le Sénégal pourrait adopter une communication plus équilibrée et axée sur les partenariats, tout en gérant les attentes du public sur le long terme des bénéfices pétroliers.
Il est crucial à mon avis de gérer les attentes du public en expliquant que le développement des ressources pétrolières est un processus à long terme et que les bénéfices ne seront pas immédiats. Cela permettra de créer une compréhension plus mature et une anticipation plus raisonnable des impacts économiques. D’autant plus que l’Etat du Sénégal va rembourser durant les premières années d’exploitation des hydrocarbures les prêts contractés auprès des compagnies pétrolières pour financés les parts de la société nationale PETROSEN dans le développement des projets GTA et SANGOMAR . Et cette déduction des remboursements dans les parts de PETROSEN va réduire durant les premières années le « government take » du Sénégal dans le partage de la production.
J’en appelle encore une fois au calme à la sérénité, le Sénégal n’est ni le Qatar, ni l’Arabie Saoudite encore moins le Nigéria et il ne peut aller au-delà de l’attrait de son domaine pétrolier.
En résumé, le succès de la politique pétrolière du Sénégal dépendra beaucoup de la capacité des autorités et de la société civile à équilibrer leur discours avec les réalités du secteur et les préoccupations de toutes les parties prenantes.
Par : El Hadji Diallo de FORTESA, membre du cadre de concertation des compagnies pétrolières au Sénégal pour la mise en œuvre de l’ITIE.