Militant convaincu et engagé depuis 1996, je m’adresse aujourd’hui à mes camarades et à l’opinion publique en tant que socialiste fidèle, mais aussi en tant que président du courant politique Racines Socialistes, que j’ai l’honneur de diriger depuis juillet 2024. Ce cri du cœur n’est ni un réquisitoire, ni une posture. C’est une alerte. Une alerte face à la paralysie interne que traverse notre cher Parti Socialiste, et un appel au respect des règles fondamentales qui font vivre toute organisation politique digne de ce nom.
Depuis le décès de notre Secrétaire Général Ousmane Tanor Dieng, en juillet 2019, le parti vit sous la direction intérimaire de la camarade Aminata Mbengue Ndiaye. Son rôle transitoire devait ouvrir la voie, dans des délais raisonnables, à l’organisation d’un congrès pour l’élection démocratique d’une nouvelle direction. Six ans après, ce congrès n’a toujours pas eu lieu, malgré plusieurs promesses non tenues. Le malaise est profond. L’impatience est réelle. Et l’usure de la base militante, le désengagement de plusieurs responsables deviennent inquiétants.
Dans le Manifeste des Racines Socialistes, nous écrivions : « Un parti politique sans démocratie interne est un navire sans boussole. Le PS doit redevenir un espace d’expression libre, de délibération constructive et de respect scrupuleux des textes. »
Nous y appelions déjà à la reconnexion avec la base militante, à l’organisation régulière des congrès, et à la revalorisation de l’autorité des structures statutaires.
Il est aujourd’hui impératif de convoquer, dans les plus brefs délais, un congrès extraordinaire, non pas pour opposer des camps, mais pour remettre en ordre nos institutions, rétablir la légitimité de la direction du parti et restaurer la confiance des militants. Comme le disait Jean Jaurès : « La démocratie, c’est l’organisation du progrès par la loi. »
Un parti qui ne respecte pas ses lois internes ne peut prétendre incarner le progrès dans le pays.
Cela étant, je tiens à exprimer avec fermeté mon désaccord total avec une autre dérive : le recours à la justice pour régler nos différends internes. Ce choix affaiblit notre image et trahit nos valeurs. Un parti politique n’est pas une affaire judiciaire ; c’est une communauté politique régie par le dialogue, le débat et la discipline. Les ‘Racines Socialistes’ ont toujours prôné une résolution endogène des crises, par les militants et pour les militants.
Comme le disait Senghor, dont l’héritage nous oblige : « La démocratie est d’abord une discipline intérieure. »
Nous devons apprendre à nous parler, à nous confronter dans le respect, mais à rester dans le cadre que nous nous sommes librement donné.
Je refuse que notre parti soit transformé en scène de règlement de comptes personnels ou en affaire d’appareil verrouillé. Le PS appartient à sa base. Il est temps de remettre la militance au centre et d’arrêter de suspendre l’avenir du parti aux calculs d’un petit nombre.
En outre, il convient de rappeler que le recours systématique aux tribunaux pour arbitrer nos différends internes n’est jamais anodin et entraîne de lourdes conséquences pour notre formation. Une telle démarche expose la vie interne du parti à la sphère publique, offrant le spectacle de nos divisions à tous, et porte gravement atteinte à notre image tout en diminuant la confiance de la base et de l’électorat. Cette judiciarisation finit par fragiliser notre capacité à gérer nos propres affaires et alimente la méfiance parmi les militantes, les militants et l’ensemble de la société.
Sur le plan concret, solliciter les juges ralentit les prises de décision, fige les débats, et installe un climat de suspicion généralisée. Les discussions constructives et le dialogue se retrouvent relégués au second plan, remplacés par la crainte des procédures et d’une logique d’affrontement. Ce phénomène risque d’entraîner une démobilisation de la base, de décourager l’engagement actif, voire de provoquer des départs et l’émergence de courants dissidents.
Plus fondamentalement, s’en remettre à la justice revient à priver les militantes et militants de leur pouvoir d’arbitrage et de délibération. Le parti perd alors sa souveraineté, sa capacité à se régénérer par le débat démocratique et le compromis. À terme, cela risque d’éroder notre identité, de nous transformer en simple acteur procédurier, déconnecté de nos racines populaires et de notre vocation de mouvement politique vivant.
Je confirme Ousmane Tanor DIENG qui disait souvent : «la vitalité du Parti Socialiste repose sur l’écoute, la confrontation des idées » et la résolution endogène de nos crises. Renoncer à ces principes au profit du tribunal, c’est compromettre notre avenir collectif et laisser place à une logique d’affrontement stérile, qui ne profite ni à la démocratie interne, ni à l’image du parti dans la société.
C’est pourquoi, au nom de l’engagement socialiste, au nom du Courant Racines Socialistes, et par fidélité à l’histoire de notre parti, je demande la tenue urgente d’un congrès extraordinaire, inclusif, transparent et apaisé pour une reconstruction de nos valeurs de gauche mais surtout pour notre réconciliation avec l’électorat sénégalais.
Un congrès qui tranchera démocratiquement et qui nous permettra de repartir sur de nouvelles bases.
Le Parti Socialiste ne se sauvera ni dans les tribunaux, ni dans les calculs d’appareil. Il se sauvera dans l’honnêteté, la transparence et le retour aux principes fondateurs.
Moustapha DIAW*
Président de RACINES SOCIALISTES
Rires !