Pour un service d’accompagnement psychologique dans les universités sénégalaises. Par Dr Laurent BONARDI
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Les années universitaires sont une période charnière de la vie, jalonnée de nombreux défis. Entre la pression académique, les difficultés financières et les incertitudes liées à l’avenir, de nombreux étudiants, au Sénégal comme ailleurs, se retrouvent en situation de détresse psychologique. Pourtant, la santé mentale demeure un sujet tabou dans notre pays, souvent reléguée au second plan. Face à cette réalité, la création d’un service d’accompagnement psychologique au sein des universités est à mon sens une nécessité impérieuse. Plus qu’un
simple soutien, c’est un levier essentiel pour la réussite académique et l’épanouissement des jeunes. Et pour certains, c’est même une question de survie, comme nous le démontre le triste témoignage posthume de Matar Diagne.
Les étudiants sénégalais évoluent dans un environnement académique exigeant et ce stress constant, combiné à des difficultés financières et à un isolement social, peut engendrer des troubles psychologiques allant de l’anxiété à la dépression. Beaucoup se retrouvent livrés à eux-mêmes, incapables d’exprimer leur mal-être par peur du regard des autres ou par manque de structures adaptées.
Loin d’être un phénomène marginal, cette détresse psychologique se traduit par des conséquences préoccupantes : perte de motivation, échecs répétés, décrochage et, dans les cas extrêmes, des pensées suicidaires. Pourtant, la question de la santé mentale reste largement ignorée dans les politiques universitaires, laissant les étudiants sans véritable recours face à leurs difficultés.
Mettre en place un service d’accompagnement psychologique dans les universités sénégalaises implique d’en faire un dispositif intégré et adapté à nos réalités. Ce service pourrait être rattaché aux centres médicaux universitaires et fonctionner sous la supervision de professionnels qualifiés : psychologues, travailleurs sociaux et coachs en développement personnel.
L’un des éléments clés de ce service serait l’instauration de consultations gratuites ou à faible coût, accessibles à tous les étudiants. Ces consultations pourraient se décliner sous plusieurs formats :
-des entretiens individuels et confidentiels, permettant aux étudiants d’exprimer leurs
difficultés et de recevoir un soutien adapté.
-des groupes de parole et des ateliers, favorisant l’échange et l’apprentissage de techniques
de gestion du stress.
-un service d’écoute en ligne, garantissant un accès anonyme et immédiat pour ceux qui
hésitent à se déplacer.
Par ailleurs, une sensibilisation massive sur la santé mentale doit être menée à travers des campagnes d’information et des formations destinées aux enseignants et au personnel universitaire. Il s’agit de créer un environnement bienveillant où les étudiants se sentent en confiance pour demander de l’aide, sans crainte d’être stigmatisés.
L’instauration d’un tel service aurait un impact significatif sur la vie universitaire. D’abord, il contribuerait à améliorer le bien-être général des étudiants en leur offrant les outils nécessaires pour gérer le stress et l’anxiété. Un étudiant en bonne santé mentale est plus concentré, plus motivé et donc plus performant académiquement. Ensuite, cela favoriserait un climat universitaire plus serein et inclusif. La reconnaissance et la prise en charge des problèmes psychologiques permettraient de réduire les tensions, d’encourager la solidarité et de prévenir des situations de crise.
Enfin, sur le long terme, cet accompagnement psychologique contribuerait à former une jeunesse plus équilibrée, plus résiliente et mieux préparée à affronter les défis du monde professionnel. Il s’agit donc d’un investissement stratégique pour l’avenir du pays, car une société ne peut se développer pleinement sans prendre en compte la santé mentale de sa jeunesse.
Merci pour cette contribution utile