Université: Plaidoyer pour une privatisation généralisée ! (Par: Ibrahima Diallo)

Au lendemain de cette douloureuse tragédie qui a frappé toute la famille universitaire du Sénégal, une réflexion sérieuse sur les solutions qui peuvent sortir ce secteur stratégique des eaux troubles s’impose à notre agenda intellectuel.

Offrir à la jeunesse de meilleures opportunités de réussite avec une formation qui assure une insertion rapide en entreprise doit être selon mon point de vu le « seul » objectif des universités sénégalaises. Le contexte socio-historique d’après indépendance a fortement influencé le contenu des enseignements et des filières proposées à l’apprenant. A l’époque ces choix étaient justifiés car l’Etat devait se construire, la Nation se consolider, le peuple se forger une identité et s’affirmer à travers la culture, la philosophie et les sciences politiques. Aujourd’hui, force est de constater qu’à l’exception de certaines facultés spécialisées telles que la FASEG ou ESP, le contenu des enseignements universitaires n’offre pas de réelles débouchés professionnelles aux étudiants. Un pays en voie de développement tel que le Sénégal ne doit pas se contenter d’offrir comme seules opportunités aux étudiants les concours d’entrà ©e à la police, la douane, l’enseignement ou même le gardiennage (ASP).

« Un étudiant est une valeur sur laquelle, il faut investir, fructifier et gagner en dividende ! »

La privatisation généralisée de l’enseignement supérieur offrira au Sénégal d’énormes opportunités économiques et réglera en définitive le problème des bourses, du logement et celui de l’emploi des diplômés.

Reformer les textes

L’Etat de concert avec le patronat et un comité scientifique spécifie le contenu des enseignements, le cursus et les diplômes ; se gardant ainsi l’exclusive prérogative d’accréditation des universités et de la reconnaissance des diplômes délivrés.
Par appel d’offres nationales et/ou internationales, l’Etat cèdera en concession la construction, l’équipement, l’organisation, la prise en charge et la restitution des enseignements à des consortiums avec l’attribution d’une « licence grise » en référence à la matière. Un cahier de charge prenant en compte le confort de l’étudiant (résidences universitaires, restaurants) et la qualité de l’enseignement devra être scrupuleusement respecté.

Les avantages pour l’Etat seront nombreux: non prise en charge des salaires des professeurs, pas de facture d’électricité ni d’eau. En clair, l’Etat percevrait tout ce qu’il dépense aujourd’hui en plus de taxes qui s’y ajoutent.
Exception faite de la mise à disposition gratuite des surfaces foncières et l’attribution de bourses sociale, l’Etat n’aura pas d’investissements à faire. Soumis à la concurrence du marché, ce secteur deviendra ainsi un pan important de l’économie.
Du commerce : se tourner vers la création de valeur ajoutée
En incitant le secteur privé à s’organiser en consortium et à investir dans le secteur, l’Etat s’assurera un investissement sécurisé et la création de multiples emplois dans les zones d’implantation de ces nouvelles universités. Chaque terroir par rapport à son potentiel économique pourra prétendre avoir une université ou un collège universitaire pour stimuler et pérenniser ses acquis socio-économiques.

D’industrie sucrière, la Compagnie Sucrière Sénégalaise pourrait s’unir dans le Nord avec CSE et ISRA, structures spécialisés respectivement en BTP et dans la recherche agricole pour créer, une grande Université du Delta avec une spécialisation en agro-industrie, agro-business et recherche végétale.

Le même principe peut être appliqué à Rufisque ou Mboro avec les industries d’extractions minières, idem pour la région du bassin arachidier. Les entreprises s’assurent d’un retour sur investissement doublement bénéfique : une rentrée financière constante en plus d’une compétence locale accessible.
Des Managers à la place des recteurs !

Les directeurs de ces établissements seront de managers purs et durs essentiellement tournés vers la performance car ils seront rémunérés en fonction des résultats satisfaisants et non nommés par connivence ou entente politique. En définitive, les professeurs seront des salariés et les étudiants des clients.

A priori, tout mouvement de grève reste illusoire du moment où les enseignants sont bien rémunérés et les étudiants bien traités. Les forces de l’ordre n’auront pas à intervenir dans n’importe quel campus, donc pas de front, ni de Balla gaye ou Bassirou Faye.
L’Etudiant : un bien à fructifier … en valeur financière.

Etant au cœur du système, l’étudiant est à la fois client et valeur sûre pour tout investisseur : Banques, organismes (sportif, culturels, religieux) et des lobbys industriels … qui vont se rués volontiers dans ces « fabriques » de l’élite politico-économique du futur Sénégal émergent avec l’octroi de bourse à l’américaine.
Avec ce système l’accès aux universités spécialisées sera plus facile et seule l’excellence sera récompensée. Grâce à la concurrence, la qualité des enseignements sera ainsi assurée.
L’implantation d’une dizaine ou d’une vingtaine d’universités spécialisées sur toute l’étendue du territoire national facilitera l’accès à l’enseignement supérieur et diminuera de façon conséquente les coûts liés à l’apprentissage pour les étudiants avec l’appui des institutions financières.

Une contribution de Ibrahima Diallo

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