« ll n’y a pas de prisonniers politiques au Sénégal ». Une affirmation du ministre de la Justice mercredi sur Jeune Afrique, qui a fait sursauter du prétoire, Juan Branco, l’un des avocats de l’opposant sénégalais, Ousmane Sonko, qui a attrait, en juin dernier, l’Etat du Sénégal devant la Cour pénale internationale.
Plus de 1100 citoyens sont détenus dans les prisons sénégalaises pour leur opinion ou leur appartenance politique, selon des membres de la société civile.
« ll n’y a pas de prisonniers politiques au Sénégal. Ceux qui se trouvent derrière les barreaux ont détérioré des magasins ou des banques, attaqué des brigades de gendarmerie ou encore incendié des mairies. Les qualifier de « prisonniers politiques » n’engage que ceux qui emploient ce terme », a rétorqué le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, dans un entretien avec Jeune Afrique.
Une assertion balayée de revers main par Me Juan Branco, un des avocats de Ousmane Sonko, en grève de la faim, depuis son placement sous mandat de dépôt, il y a plus d’un mois.
« Au Sénégal, plus de 1000 opposants politiques sont détenus. A six mois des élections le principal opposant a été arrêté, radié et est désormais hospitalisé », rétorque sur twitter, Me Branco.
« Tout en prétendant qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Sénégal, poursuit-il, le ministre ne fait que parler d’un opposant politique détenu pour des soi-disant crimes et délits politiques. M. Madior Fall confirme qu’aucun membre des forces de l’ordre n’a été inculpé suite aux 60 meurtres commis depuis mars 2021 par tirs de balle réelle contre des manifestants ».
« On comprend en le lisant que seules des enquêtes administratives ont été lancées (sic), et qu’elles n’ont rien donné. Cet aveu est autrement plus important que ses arguties, car l’absence de procédures internes ouvre la porte à la compétence de la Cour pénale internationale, pour ces crimes imprescriptibles et contre ceux qui les ont commis ».