Dans une tribune publiée par Sud Quotidien, Mame Diarra Ndiaye Sobel, Directrice exécutive d’Agenda Afrique, revient sur la 4ᵉ Conférence Internationale sur le Financement du Développement (FfD4) qui s’est tenue à Séville. Selon elle, cette conférence, censée redynamiser les Objectifs de Développement Durable (ODD), a accouché d’un sentiment d’irréalité. « Un théâtre mondial où les mots sont forts, les diagnostics répétés… mais les actes toujours différés », écrit-elle.
Mame Diarra Ndiaye Sobel souligne l’échec des précédents plans globaux, des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) aux ODD, en passant par le Consensus de Monterrey et les rapports du G20 et des institutions de Bretton Woods, à transformer structurellement les économies africaines et à leur garantir une pleine souveraineté financière. L’Agenda 2030, poursuit-elle, s’enlise également dans l’incapacité du système multilatéral à se réformer.
La Directrice exécutive d’Agenda Afrique s’interroge : pourquoi attendre un miracle d’un système figé ? Elle cite l’appel du Secrétaire général des Nations unies à « rectifier le cap », « honorer la justice fiscale » et « réduire les coûts du capital », ainsi que l’évocation par le FMI de la restructuration des dettes « insoutenables ». Cependant, elle déplore le manque de signes concrets d’une volonté politique de rompre avec l’austérité et de renégocier les règles de l’ordre économique mondial. Le Président Diomaye Faye avait d’ailleurs plaidé, lors de cette conférence, pour des financements adaptés aux réalités africaines.
Pour Mame Diarra Ndiaye Sobel, l’Afrique est confrontée à un « mirage multilatéral ». Elle estime que la FfD4 risque d’être un sommet de plus où les doléances du continent sont entendues sans que les mécanismes qui l’affaiblissent – fuite des ressources, endettement structurel, déséquilibres commerciaux, domination monétaire, exclusion des instances décisionnelles, etc. – ne soient remis en cause. Elle reprend les termes du rapport « Who Owes Who ? » d’Action Aid, selon lequel les pays du Sud subventionnent les économies du Nord. « Loin d’être des bénéficiaires d’aide, les pays africains sont les créanciers moraux et économiques d’un système qui les dépouille de leurs richesses », affirme-t-elle.
Face à ce constat, Mame Diarra Ndiaye Sobel appelle l’Afrique à cesser d’attendre et propose plusieurs actions : mettre fin à l’attentisme multilatéral en créant un cadre panafricain ; déclarer l’insoutenabilité de la dette actuelle ; reconvertir la dette vers les services sociaux de base ; mobiliser les ressources domestiques ; renforcer la solidarité africaine et Sud-Sud, notamment via la ZLECAf ; et assurer le recouvrement des avoirs et la justice fiscale mondiale. Ces points rejoignent d’ailleurs les préoccupations soulevées par le Président Diomaye Faye lors de son discours à Séville.
« Nous n’avons que deux options : nous assumer avec audace ou continuer à subir ce statu quo », conclut Mame Diarra Ndiaye Sobel, invitant l’Afrique à construire son propre avenir. Elle estime que la FfD4, qui aurait pu être un tournant, risque de n’être qu’une « note de bas de page ».