Niger : Nationalisation de la SOMAÏR, conflit avec Orano sur l’uranium.

Le Conseil des ministres nigérien a adopté un projet d’ordonnance pour la nationalisation de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR SA) lors de sa réunion hebdomadaire à Niamey. La SOMAÏR, créée en février 1968, exploite l’uranium depuis 1971 dans la région d’Agadez. Cette société anonyme de droit nigérien possède un capital social de 4 348 900 000 francs FCA, détenu à 63,40 % par le groupe français Orano et à 36,60 % par la SOPAMIN, une société publique nigérienne.

Dans un communiqué, le Conseil des ministres dénonce plusieurs actions d’Orano. Il rappelle l’accord initial prévoyant un prélèvement d’uranium proportionnel aux parts des actionnaires. Or, la réalité est différente : sur 81 861 tonnes d’uranium produites entre 1971 et 2024, Orano aurait prélevé 86,3 %, contre 9,2 % pour la SOPAMIN, sur les 80 518 tonnes commercialisées.

Le communiqué souligne également qu’Orano aurait tenté d’interrompre l’exploitation de la SOMAÏR après le coup d’État du général Abdourahmane Tiani, le 26 juillet 2023. Parmi les griefs, figurent la tentative d’Orano d’arrêter la production lors de Conseils d’Administration extraordinaires, l’annonce en décembre 2024 de la perte de contrôle de la SOMAÏR, et une plainte déposée contre l’État du Niger devant le CIRDI le 20 janvier 2025. Orano est aussi accusé de campagnes d’intoxication visant à perturber les relations de la SOMAÏR avec ses partenaires et employés.

« Face à ce comportement irresponsable, illégal et déloyal d’Orano, société détenue par l’État Français, un État ouvertement hostile au Niger depuis le 26 juillet 2023 et soutenant le terrorisme dans le Sahel, l’État du Niger décide en toute souveraineté, de nationaliser la SOMAÏR », indique le communiqué. Les autorités nigériennes affirment que « cette nationalisation va permettre une gestion plus saine et plus durable de la société et par conséquent, la jouissance optimale des richesses issues de leurs ressources minières, par les Nigériens. » L’État nigérien devient ainsi pleinement propriétaire des actions et du patrimoine de la SOMAÏR. Selon Agence Afrique, cette décision marque un tournant dans l’exploitation de l’uranium au Niger.