Le Niger en mode souveraineté minière suspend les activités de la société française Orano sur le site d’Arlit

Le Niger en mode souveraineté minière suspend les activités de la société française Orano sur le site d’Arlit

La multinationale française Orano (anciennement Areva) a récemment annoncé la suspension de ses opérations d’extraction d’uranium sur la mine d’Arlit, située dans le nord du Niger. Cette décision, motivée par des difficultés financières de sa filiale locale Somaïr, met en lumière les tensions croissantes entre Niamey et Paris, exacerbées depuis le coup d’État de juillet 2023, mené par Abdourahamane Tiani. Le gouvernement de transition nigérien, en effet, a clairement exprimé sa volonté de réformer le secteur minier, cherchant à garantir que les richesses du sous-sol nigérien profitent d’abord à l’économie nationale.

Une exploitation française controversée
Depuis plus de 50 ans, Orano exploite les ressources en uranium du Niger, contribuant de manière significative à l’économie française. La richesse en ressources naturelles de l’Afrique a historiquement attiré les puissances européennes, qui ont souvent bénéficié de ces ressources à des conditions avantageuses. Cependant, l’exploitation de l’uranium par Orano n’a pas eu le même impact pour les populations locales, dont les conditions de vie et la stabilité économique restent précaires. En 2022, le Niger assurait environ 4,7 % de la production mondiale d’uranium, une ressource essentielle pour alimenter les centrales nucléaires européennes.

Reprise en main des ressources minières
Ce gel des activités sur le site d’Arlit n’est pas un cas isolé. En juin 2024, le gouvernement nigérien a décidé de retirer le permis d’exploitation de la mine d’Imouraren, un immense gisement de 200 000 tonnes d’uranium, jusqu’alors sous licence d’Orano. Les autorités de Niamey, invoquant leur volonté de défendre la souveraineté nationale, ont affirmé leur intention de reprendre le contrôle des ressources naturelles du pays et d’en maximiser les bénéfices pour la population nigérienne. Cette décision survient après une série d’avertissements de la part du ministère nigérien des Mines, exigeant la relance de ce projet majeur.

Une remise en question des relations franco-africaines
L’attitude du Niger reflète une tendance plus large observée dans le Sahel, où plusieurs pays, tels que le Mali et le Burkina Faso, ont également affiché leur volonté de renégocier leurs accords miniers avec des entreprises étrangères, hérités d’une époque marquée par une forte influence française. Ces nouvelles dynamiques montrent un désir commun de ne plus être « la vache à lait » de l’ancienne puissance coloniale. En coupant progressivement les liens qui maintiennent la dépendance économique, le Niger et ses voisins s’engagent vers une autonomie accrue et une redistribution plus équitable des profits miniers.

Un enjeu stratégique pour l’Europe
La suspension de la production d’uranium à Arlit pourrait avoir des conséquences significatives pour l’approvisionnement énergétique en Europe, qui dépend fortement de cette ressource en provenance du Niger. En 2022, le pays fournissait près d’un quart de l’uranium utilisé par les centrales nucléaires européennes. Ce changement pourrait obliger les pays européens à rechercher de nouveaux partenaires commerciaux, en fonction des évolutions géopolitiques.

Une nouvelle ère pour le Niger et la région sahélienne
Les réformes entreprises par le gouvernement nigérien en matière d’exploitation minière marquent une étape importante dans le processus de prise de contrôle des ressources du pays par le peuple nigérien. Les richesses de la région devraient avant tout renforcer les économies locales et permettre des investissements dans des infrastructures vitales pour le développement. Le Niger, par ses actions, envoie un message fort de souveraineté économique et encourage d’autres pays de la région à suivre la même voie.

Le contexte actuel offre ainsi une opportunité pour l’Afrique de transformer ses relations économiques avec l’Occident, en affirmant sa position de partenaire à part entière, dans le respect de ses intérêts propres.

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