Mortalité nocturne dans les hôpitaux : Dr. Aminata Diop livre sa part de vérité au ministre de la santé

Mortalité nocturne dans les hôpitaux : Dr. Aminata Diop livre sa part de vérité au ministre de la santé

Alors que le ministre de la Santé et de l’action sociale Ibrahima Sy pointe un pic des décès nocturnes dans les hôpitaux publics, la réponse du docteur Aminata Diop résonne comme un cri d’alarme. Dans un témoignage poignant, elle dévoile l’envers du décor : urgences démunies, personnel épuisé, et vies perdues faute de moyens élémentaires. À travers une expérience vécue, elle interpelle l’État sur l’urgence de réformes concrètes pour sauver un système à bout de souffle.

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Monsieur le Ministre, Ibrahima Sy
Saviez-vous que lors de ma dernière garde, il y a 10 jours, une femme de 40 ans est arrivée aux urgences à 3h du matin, accompagnée de son fils de 18 ans, en ayant un pneumothorax compressif et une acidocétose diabétique ? Deux urgences vitales. Deux diagnostics qui exigent une intervention IMMÉDIATE : insuline, sérum salé, drainage thoracique. Des minutes comptent.
Saviez-vous M. le ministre que rien de tout cela n’était disponible aux urgences dans un hôpital de NIVEAU 3 ?
Saviez-vous que son fils, paniqué, a dû courir pour acheter les médicaments lui-même ? Et pire, il avait l’argent sur son téléphone, mais la pharmacie de l’hôpital ne prenait pas Wave ? Moi le médecin de garde n’avais de l’argent que dans mon wave également.
À 3h du matin, où vouliez-vous qu’il retire de l’argent, Monsieur le Ministre ? Dans la rue ? Dans un distributeur fantôme ?
J’étais seule. Seule face à cette femme qui suffoquait. Seule face à ce fils qui regardait sa mère mourir. Seule, alors que je savais exactement quoi faire, mais que le système, NOTRE SYSTÈME m’en empêchait.
Je me suis battue car il était hors de question que cette femme meure devant son fils pour des médicaments qui étaient sensés être disponibles à tout moment dans un service d’urgence.
J’ai couru, supplié, cherché désespérément une solution. Et savez-vous qui nous a sauvés ce soir-là M. le Ministre ? Le caissier de la Brioche Dorée de l’UCAD (Mille mercis encore à lui).
Oui, un homme dont le métier est de vendre des croissants a fait ce que NOTRE HÔPITAL, VOTRE, HÔPITAL n’a pas pu faire : il nous a dépannés.
Est-ce cela, notre système de santé ?
Un médecin seul, de 17h à 8h, qui doit :
– Surveiller 45 patients, dont 4 en réanimation.
– Gérer les urgences, les hospitalisations, les avis.
– Et en plus, jouer au banquier, au logisticien, au mendiant de médicaments à 3h du matin.
Nous, médecins, nous nous tuons à la tâche. Nous inventons des solutions miracles dans un système en RUINE. Nous supplions des caissiers de boulangerie pour sauver des vies. Jusqu’à quand ?
Assez de discours. Assez de promesses. Assez de vies sacrifiées pour des économies de misère.
Je vous le demande, au nom de cette femme, de ce fils, de tous ceux qui meurent dans l’ombre comme vous le dites sans des études aux préalables :
– recrutez les médecins qui chôment avant de les perdre
– Approvisionnez les urgences en médicaments.
– ARRÊTEZ DE FAIRE DES HÔPITAUX DES MOUROIRS A BUDGET SERRÉ
La santé n’a pas de prix. Mais son absence, elle, coûte des vies.
Agissez. Il est temps de faire de ce secteur UNE PRIORITÉ
Tout en espérant que d’ici la prochaine « fête du Travail » les choses vont réellement changer.
Dr Aminata Diop

21 COMMENTAIRES
  • awocat

    Aucun sérieux dans les structures de santé. Absence totale d’intrants pour la prise en charge des malades, les urgences mal gérées, le personnel , en grande quantité, déshumanisé et j’en passe. Le pire est le comportement totalement irresponsable des professeurs qui arrivent à n’importe quelle heure alors que les malades, déjà mal en point, attendent depuis des heures. Ces médecins d’un autre genre se croient tout permis et très souvent, ne vous prescrivent que des ordonnances. Font~ils preuve de plus de sérieux dans les cliniques privées, lieux par excellence de leur fameux xarmatt ? La faute à qui ? L’Etat qui joue au laxiste.

  • Ablay

    Merci, doc
    Anonyme Merci.
    Le mal est profond prenons le à bras le corps.
    Le flux financier découvert ces jours ci, les économies budgétaires qui seront réalisées, l argent du pétrole, les niches d impots bref faisons bloc pour régler les maux de ce pays.arretons le bavardage. J ai perdu la maman de ma fille en 1992 dans ces conditions

  • Ibrahima Ndiaye

    Merci Dr Diop pourtant les politiciens ont d’autres priorités dommage les africains et les sénégalais en particulier ne comprendront jamais les priorités je dis toujours à mes amis si l’Afrique était blanche en 50ans ils vont le développer sur tout les plans bon weekend

  • Dioh

    Je suis estomaqué
    L’ éducation, la santé deux branches qui doivent être une priorité pour un état qui se respecte
    Merci ma sœur

  • Mamadou ba

    Merci docteur notre ministre de la Sante est tres nul on lui appris a Faire des discours Matin et soir

  • Fall

    Senegal dou réuw… Un vrai pays de merde

  • Cheikh

    Merci Docteur vous avez le courage de dire tout haut ce que vos confrères pensent tout bas. Notre pays a besoin de gens de votre trempe et espérons que le Ministre entendra ce cri qui résonne partout au Sénégal.

  • Anonyme

    Du calme, sans panique apprenons avec équilibre et raison gardés à faire face aux «désastre ou au scandale» quand il se manifeste ou se présente dans notre société. Comme on peut le constater, sous le choc de l’évènement c’est de façon émotionnelle que nous réagissons et portons des jugements hâtifs, parcellaires et erronés. Une société est un tout cohérent où tout est rattaché, relié. Ceci pour souligner que chez nous les nuits comme les jours fériés ou de « Magals » ou d’allégresse populaire comme quand nous avons gagné la coupe d’Afrique, tout arrête de fonctionner de A à Z, dans la santé, les transports, le commerce .et les services en général, partout et en même temps. Ainsi c’est l’ensemble des structures de la société qui sont ainsi désarticulées disons le mot, bloquées. Mutatis mutandis, tout est un seul et même corps et le mal se ressent partout et en tout et partout dans la santé comme dans toute autre chose. Voyons large car lutter contre le sous-développement, et c’est cela la problématique majeure, consiste à l’élimination des désarticulations, à la méthode et à une bonne organisation sociétale de jour comme de nuit, les jours fériés comme les jours ordinaires. Arrêtons de nous pointer du doigt les uns les autres quand un mal éclate quelque part car nous sommes tous parties intégrantes d’une seule et unique équation, vaincre le désordre et l’archaïsme sociétal. Le terme « sous-développés » ou des « pays en développement »,implique une sorte de retard dans la construction sociale, politique et économique qui se traduit par une série de faiblesses et de conséquences négatives pour le pays.

  • DSP

    J’ai récemment perdu un parent proche à Dalal Diam. Il semblerait que la prise en charge n’était pas des meilleures. Pourquoi tous les senegalais ne se levent-ils pas comme un SEUL HOMME pour exiger que la santé soit réglée une bonne fois pour toutes.

  • Tafa

    HÔPITAUX NIVEAU 1/2/3/4OU 25 TOUS DES MOUROIRES RIEN QUE CIMETIÈRE. PIRE ENCORE CONSTRUITS A COUP DE MILLIARDS

  • David

    Merci beaucoup docteur je suis très fier de vous

  • Walf

    Merci Docteur

  • Le Vrai.

    Face à la vérité de ce témoignage, vous ne verrez point une seule indignation des recrutés et recrutées de Pastef qui scrutent chaque texte pour débiter leurs injures ou leurs irrespects envers ceux et celles qui sont dotés d’un esprit critique. La santé et l’éducation nationale, hélas ont été; depuis Abdou Diouf, les poumons sclérosés de la politique de tous les gouvernements successifs de Wade et de Macky. Aujourd’hui, avec Diomaye et Sonko, elles ont développé un niveau de métastases inimaginables. Voir la vie en rose relève de l’utopie, avec le nouveau type sénégalais.

    Le Vrai.

  • Ndeye Ndiaye

    Oui tout est urgence dans ce pays mais la santé l éducation et la sécurité doivent étre considérées comme des surpriorités.

  • Mafall

    C’est connu que le soir la qualité des soins est très médiocre dans nos hôpitaux .Je n’oublierai jamais un ami de 65 ans atteint d’avc perdu il y’a qq années par un inimaginable pour un profane dans une structure hospitalière de la place.Le médecin de garde qui l’a consulté a omis de lui faire analyser sa glycémie.Et à prescrit une ordonnance pour le cœur.Le lendemain soir,il n’allait pas mieux. Transporté dans une grande structure médicale,la perfusion (glucosée) l’a plongé dans le coma.La mesure exacte de sa glycémie était invisible sur l’appareil,tellement le sucre était en quantité inimaginable dans son corps.Un test que je croyais élémentaire.

    les efforts pour le ranimer furent vains….

  • Momo

    Merci Dr, que Dieu vous garde, vous avez parfaitement raison. Le coût d’une V8 peut doter plusieurs hôpitaux en insuline et sérum salé. Ces grosses et hideuses voitures coûtent 100 millions à l’achat, une calandre ou un feu peut coûter plus d’un million, sans compter les frais d’entretien et de carburant. On ne trouve ces folies que dans l’administration et les sociétés publiques essentiellement, comme dans les monarchies du Golfe. Juste pour aller au bureau et rentrer, dans les embouteillages. Ce pays marchait sur la tête, des cadres qui devaient tirer leur pays se sont transformés en jouisseurs, en profitards, ils vont se soigner à l’étranger avec l’argent du contribuable, leurs immenses fortunes et leurs passeports diplomatiques leur permettent à tout moment de prendre le prochain avion s’ils le désirent. Des fils de pauvres devenus des arrivistes, quel honte, il est temps de se ressaisir. Des centaines de jeunes ont fini leur formation d’infirmiers, sont au chômage ou sont empêchés de passer leur examen pour le diplôme d’Etat. Ils préféraient construire à n’en plus finir, comme des pyramides, pour s’enrichir et noyer les surfacturations dans le béton. Ils ont préféré voler l’argent du Covid, quelle infamie.

  • Paulelle

    Merci Dr. Aminata Diop on a espoir qu’il aura des changements la santé est une priorité et non une politique (Ainsi que l’éducation nationale)

  • Camou Sissoko

    Merci Docteur !
    Vous venez de lui mettre un bâton dans l’arrière train.

  • Fallaye

    Émouvante plaidoirie. Merci Docteur.

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    En résumé les structures de santé au Sénégal sont des mouroirs, de l’indépendance à nos jours rien n’a été fait et nous risquons d’attendre encore très longtemps! Maudit pays!

    • Diouf

      Dr Diop faites votre travail et soignez les patients au lieu daller faire du kharr matt pour commencer. Ensuite vous pourrez donner des leçons

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