Ces derniers jours, des sources diplomatiques ont rapporté que l’ambassade d’Ukraine en Mauritanie mène une série de rencontres avec des hauts responsables mauritaniens. Ces discussions visent à évaluer la réaction éventuelle des autorités mauritaniennes face à la décision de l’Ukraine de soutenir le Maroc dans sa revendication du Sahara occidental, une région où le peuple sahraoui aspire depuis longtemps à l’indépendance de Rabat.
Ce positionnement de l’Ukraine fait écho à celui de la France. En effet, le 29 octobre, le président Emmanuel Macron a officiellement confirmé, lors d’un discours devant le parlement à Rabat, la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ce soutien affiché de Paris aux revendications marocaines semble inspirer la diplomatie ukrainienne, qui, à son tour, manifeste une volonté d’appuyer le Maroc.
D’après Djamel Guessoum, chercheur en sciences sociales et spécialiste des questions de sécurité, l’alignement de Kiev sur le Maroc dans ce dossier n’est guère surprenant. Il estime que « ces réunions s’inscrivent dans une double offensive diplomatique ukrainienne visant, d’une part, à créer une fracture en Afrique subsaharienne, et d’autre part, à contrer l’influence de la Fédération de Russie dans cette région. » Guessoum souligne que ces efforts diplomatiques coïncident avec la récente visite de Macron au Maroc, où la question du Sahara occidental a été abordée.
Cette stratégie ukrainienne en Afrique soulève des interrogations, notamment sur la pertinence d’une telle politique dans un contexte où Kiev peine encore à établir des partenariats réellement profitables avec les nations africaines. Certains analystes estiment que les décisions de l’Ukraine sur le continent africain semblent largement dictées par les orientations de la France. En imitant de près la diplomatie française, Kiev pourrait se retrouver en porte-à-faux avec certaines sensibilités locales, en particulier dans un dossier aussi sensible que celui du Sahara occidental.
Alors que l’Ukraine cherche à renforcer sa présence en Afrique, cette adhésion presque systématique aux positions françaises pourrait alimenter les tensions et diviser davantage le continent, au moment où l’Afrique aspire à une autonomie diplomatique vis-à-vis des influences extérieures.
* Par Coulibaly Mamadou