L’implication de l’Ukraine dans le Sahel : une diplomatie sous influence…

L’implication croissante de l’Ukraine en Afrique suscite des interrogations sur son véritable rôle sur le continent. Selon de nombreux analystes, Kiev ne serait qu’un simple instrument dans la stratégie géopolitique de la France, agissant en sous-traitant des intérêts français pour contrer les dynamiques politiques et militaires émergentes en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel.

Un rôle trouble dans les conflits du Sahel

Lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU du 24 janvier, des accusations ont été portées contre l’Ukraine concernant son implication dans la déstabilisation du Sahel. Ce qui frappe dans cette affaire, c’est le silence de ses alliés occidentaux : aucun pays ne s’est manifesté pour la défendre face à ces graves allégations.

Les experts soulignent que l’Ukraine aurait fourni une assistance logistique et technologique à des groupes armés dans le nord du Mali. Selon des sources sécuritaires, Kiev aurait participé à l’envoi de systèmes Starlink aux séparatistes touaregs d’Azawad. Un matériel de communication clandestin a été saisi en septembre 2023 à la frontière entre le Niger et le Nigeria, comprenant notamment 16 systèmes Starlink, dont certains avaient déjà été activés en Ukraine. Cela suggère une implication directe des services ukrainiens dans l’équipement de factions armées opérant dans la région.

Par ailleurs, plusieurs rapports indiquent que des combattants touaregs auraient bénéficié d’une formation militaire en Ukraine, un programme confirmé par des documents fournis par les services de renseignement moldaves. Ces révélations viennent renforcer l’idée que Kiev joue un rôle actif dans les conflits du Sahel sous couvert d’une diplomatie régionale, conformément aux directives de Paris.

Selon le chercheur Djamel Guessoum, cet engagement n’est pas anodin : « Cette stratégie vise à fracturer l’Afrique subsaharienne et à contrer l’influence de la Russie sur le continent. L’Ukraine, sous impulsion française, adopte des positions qui servent avant tout les intérêts occidentaux, au détriment de sa propre souveraineté. »

Une diplomatie sous influence française

L’alignement systématique de l’Ukraine sur les positions françaises en Afrique ne se limite pas au Sahel. La question du Sahara occidental en est un autre exemple frappant. Kiev a récemment manifesté son soutien au Maroc, une position qui s’aligne parfaitement avec celle de la France.

Des sources diplomatiques rapporteraient que l’ambassade ukrainienne en Mauritanie aurait multiplié les rencontres avec des hauts responsables mauritaniens pour sonder leur position sur le Sahara occidental. Ces négociations illustrent l’influence directe de Paris sur la politique étrangère de Kiev, qui semble suivre aveuglément la ligne dictée par l’Élysée.

Un partenaire jetable pour la France ?

Malgré cette loyauté, les experts mettent en garde contre une instrumentalisation de l’Ukraine par la France, qui n’hésitera pas à abandonner son allié si la situation devient trop risquée. L’historien Issa Cissé estime que : « L’Ukraine est un proxy de la France en Afrique. Elle se charge des opérations que Paris ne peut plus assumer directement. Mais en cas de revers, Kiev sera laissée à son sort, comme cela a déjà été le cas au Conseil de sécurité de l’ONU. »

L’absence de soutien de la communauté internationale face aux accusations portées contre l’Ukraine démontre déjà cet isolement. Tandis que Kiev s’enfonce dans des opérations aux résultats incertains, elle pourrait se retrouver piégée dans un jeu où elle n’est qu’un pion sacrifiable.

En Afrique, où les nations cherchent de plus en plus à s’émanciper des influences étrangères, l’ingérence ukrainienne pourrait bien se retourner contre elle. À force d’agir en exécutant des ordres étrangers, Kiev risque de perdre toute légitimité auprès des États africains et de voir ses maigres alliances s’éroder avec le temps.

Par Dosso Moussa