Son Excellence le Président de la République Macky Sall est un génie politique. Toutes celles et tous ceux qui doutent de cet aphorisme resteront continuellement surpris. Car il a suffisamment fait ses preuves.
La dernière preuve est la décision prise de ne pas se représenter. Elle renseigne de la concentration et de la froideur extrêmes du chef de l’Etat qui sait prendre, quitte à s’auto flageller, la bonne décision.
C’est ce qui fait de l’homme politique Macky Sall un homme redoutable. Aujourd’hui, au Sénégal, le contexte politique est particulier suite à sa décision de ne pas se représenter.
Conséquence : Il n’y a pas de grande lisibilité du jeu politique.
Toutefois ; et curieusement, le Président de la République Macky Sall tire son épingle du jeu. Pour preuve, son retrait stratégique de l’espace médiatique récemment au profit de son « candidat » le Premier Ministre Amadou Ba.
En effet, subrepticement, il est constaté une sorte de passation de témoin au sommet de l’Etat avec un Amadou Ba de plus en plus visible et un Macky Sall de moins en moins visible.
Il aurait été intéressant, comme en France, d’avoir des instituts de sondage qui apprécient les côtes de popularité. Puisqu’au constat et à l’analyse de ce qui se passe et fur et à mesure qu’on évolue, la côte du Premier Ministre Amadou Ba sera basse et celle de Macky Sall de plus en plus élevée.
La conséquence immédiate est la suivante : une ascendance renforcée du Président de la République sortant Macky Sall sur le possible Président de la République entrant se nommant Amadou Ba.
D’ailleurs, c’est peut-être ce qui explique la boutade malheureuse de ce dernier qui renseigne que le Président Macky continuera à diriger le pays en cas de victoire du Benno Book Yakaar.
Par contre, si le Benno Book Yakaar perd les élections, le Président Macky Sall va récupérer son parti et signer l’arrêt de mort politique de l’homme Amadou Ba.
Le sort de Abdoulaye Diouf Sarr, candidat déchu à la ville de Dakar et à Yoff et juste après destitué à la tête du Ministre de la santé, pourrait renseigner.
En vérité, ce qu’il faut comprendre est simple et reste ceci : Le Président de la République Macky Sall est encore jeune politiquement. Sa mort politique découlera d’une perte de son appareil politique puisqu’il n’est pas encore acquis un poste à la hauteur de sa dimension au niveau international.
Raison pour laquelle, il fera tout pour conserver son appareil. D’autres arguments peuvent être, tout aussi, rappelés.
Le premier est qu’il a été professé par beaucoup de ses plus fidèles lieutenants la possibilité qu’il revienne en 2029. Cf. la sortie de Monsieur Amadou Mansour Faye, Ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Le jeudi 12 juillet 2023, en marge du lancement des travaux du Programme spécial de désenclavement à Malem Hodar.
Généralement, c’est à l’âge de départ de Macky Sall à la tête du pays, en Afrique, que les Président de la République accèdent au pouvoir. Il aura 63 années révolues en 2024 et 68 années révolues en 2029. Loin des 75 années exigées par la constitution pour pouvoir postuler à la présidence de la République.
Cf. article 28 de la constitution du Sénégal. L’autre vérité est qu’il est dit un peu partout ; à tort ou à raison, que monsieur Amadou Ba n’était le véritable choix du Président de la République pour être le candidat de la grande majorité présidentielle.
Au demeurant, Amadou Ba candidat de la grande mouvance présidentielle, saignée par les départs des pontes très représentatives dans leurs localités du Benno Book Yakaar, que sont Mahammed Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Mame Boye Diao, ne devait accepter, si même invité à le faire, le poste de Premier Ministre.
C’est un cadeau empoisonné. La preuve suit en explication. En effet, le revers de la médaille de l’euphorie et des bains de foules constituera à endosser obligatoirement le passif du bilan du Benno Book Yakaar. Or, actuellement, la situation sociale n’est pas des meilleures.
Il aurait pu s’épargner de devoir faire face, pour s’en expliquer où les régler, aux diverses bombes sociales que constituent la grève des agents des élus locaux, l’émigration clandestine qui décime la jeunesse sénégalaise, la cherté de l’électricité, la charte des denrées de première nécessité malgré la réduction de leurs prix, la grève des enseignants, la fermeture des universités, la conjoncture économique…
L’autre problématique est la difficulté de bâtir un discours innovateur pour ne dire de rupture. En tant que Premier Ministre, il devra endosser le bilan. Il devra le justifier et continuer sur cette base. Il n’aura donc pas beaucoup de marge de manœuvre.
Ce qui reste problématique pour quelqu’un qui normalement devrait se réinventer pour proposer quelque chose de mieux aux sénégalaises et sénégalais. Que cela s’en tienne pour dit. Les sénégalais ont besoin d’entendre autre chose.
Sur la base de ce qui est fait présentement ? dont acte ! Toutefois, ils ont besoin d’un discours innovateur, de nouvelles utopies qui font rêver et qui viennent à la place d’un défaut de changement du personnel politique. C’est important et bon à savoir.
Par ailleurs, le fait que les tournées économiques initiées par le gouvernement actuel, en période pré-campagne, ressemblent à une sorte de campagne électorale déguisée, alors que les autres candidats sont éconduits à chacune de leur sortie, ne sortira pas plus grand ou plus fort le candidat.
Il faut rectifier la donne à ce niveau. Au demeurant, si même le Président de la République Macky Sall l’appuie politiquement par le biais des conseils des ministres décentralisés, il se jouera la guerre des mobilisations. Il est à risquer ou à craindre que la popularité du Président de la République Macky Sall réduise à néant celle du candidat Amadou Ba.
Ce dernier devra exister même face à Macky Sall. C’est les exigences de la realpolitik. Pour ce faire, il devra avoir à son arrivé un accueil similaire à celui du Président de la République Macky Sall qui arrive le jour suivant et pour l’occasion des conseils des ministres décentralisés.
Normalement, c’est le Premier Ministre qui arrive en premier et reçoit le chef de l’Etat à sa venue. S’il ne parvient à être à la hauteur du pari de la mobilisation, ce sera un réel camouflet qui sera difficile à dissimuler. En définitive, il convient de retenir que le Président de la République Macky Sall s’éclipse lentement mais surement.
Néanmoins, il sait bien ce qu’il fait. Ses tournées internationales et la permutation de quelques-unes des symboles de sa gouvernance à savoir Félix Antoine Diome et Ismaela Madior Fall à d’autres stations stratégiques montre qu’il prépare autre chose.
Il reste à Amadou Ba de manœuvrer car, en vérité, c’est lui qui joue son avenir politique. Si ses chances de gagner ces élections les plus improbables de l’histoire politique du Sénégal restent intactes, ses chances de se défaire de Macky Sall restent infimes. Or, pour exister, il faudra tuer le maitre. L’exigence est de le faire de façon très noble.
Boubacar Mohamed SY.
Juriste
Écrivain / Essayiste
Chroniqueur juridique et politique
merci BMRSY
belle plume
réflexion très féconde
je me demande si les pontes du BBY te lisent souvent
en tout cas tu es un intellectuel accompli
une analyse profonde on est à l’heure de la réalpolitique attention
Intéressant. Ce qui a été vu à Dakar plateau corrobore ces propos. On a constaté un Amadou Ba très timoré. Par contre Macky Sall s’est montré en forme et à son aise.
Macky sall est un as politique. Il n’a pas joué sa dernière carte politique. Toute façon l’avenir nous dira.
Merci
N’importe quoi ! Ce texte, un chiffon , tout simplement. Croire que ce piètre Président, un accident de l’histoire, pourra se relever de son actuelle déchéance , est une hérésie.
Belle analyse. Très instructif
Mon cher Cheikh Tidiane: je doute que tu sois Sénégalais !
Votre analyse est complètement à côté de la Réalitè sénégalaise de ces 12 dernières années.