« Le Diourbel de l’excellence, un model à émuler »

Les résultats éloquents encore obtenus au bac 2020 montrent, à souhait, que le modèle économique du lycée d’excellence de Diourbel devrait inspirer sa généralisation à l’échelle nationale.

L’aspect principal à retenir ne serait forcément pas de créer un modèle élitiste, mais plutôt le cadre émulateur propre à pousser tout pensionnaire à suivre la vague et refuser de se laisser distancer. Ce sera alors une saine compétition entre camarades s’épaulant mutuellement et s’entraidant solidairement. En effet, le statut d’internat en est un paramètre clé, qui amoindrit les influences extérieures négatives susceptibles de divertir, voire détourner de leurs priorités, ses pensionnaires en matière d’occupations scolaires, ludiques ou familiales. Toutefois, le coût de l’internat pourrait constituer un frein à la mise à l’échelle, c’est-à-dire la généralisation sur l’ensemble des régions. Mais cette généralisation pourrait être progressive à raison d’un lycée par région, ensuite un par département et ainsi de suite.

Quid d’un modèle qui s’auto entretiendrait ? En effet, un système de contributions solidaires d’anciens pensionnaires peut, avec le temps, engranger assez de ressources pour prendre en charge la pérennisation du financement d’un tel modèle. Pour cela, il peut s’agir de développer un réseau des anciens qui, d’un lycée, peut arriver à couvrir l’ensemble du territoire national. La qualité d’ancien reconnu et honoré, à travers un système de mentorat, pourrait amener à faire des contributions très appréciables à des structures de gestions de fonds de solidarité à l’instar de certaines corporations. Ces types de réseaux font la réussite des grandes universités telles que Harvard, Wharton et autres. Ces réseaux vont jusqu’à contribuer à l’insertion des jeunes diplômés cadets, dans les grandes entreprises ou banques qui comptent déjà un bon nombre de leur devanciers.

Le sentiment d’appartenance exacerbé est à même de soulever des montagnes, pour perpétuer la bonne image et l’excellence scolaire de son établissement d’origine. Bien sûr qu’un désengagement progressif de l’État pourrait permettre à ces anciens de se sentir concernés par une prise de participation bénévole dans la gestion de tels établissements. Loin d’être un rêve, il faut y voir une alternative au financement public pour l’essentiel, de l’éducation.

Autrement, il est tout aussi imaginable que le financement demeure foncièrement public. En effet une redevance minimale adossée aux paiement des factures d’eau ou d’électricité par les ménages peut assurer un financement conséquent redevable par tous, à l’instar de la taxe sur les ordures ménagères (TOM).Une micro simulation économétrique pourrait en être faite pour évaluer l’impact ex-ante d’une telle mesure, sur le niveau de vie des ménages. Au final, si cela pourrait contribuer de manière significative à relever le niveau scolaire des élèves et alléger la charge des dépenses scolaires, la mesure ne pourrait être que salutaire pour tous.

Bref, l’école publique est, toutes choses étant égales par ailleurs, un modèle par excellence à préserver mais une plage non moins importante devra toujours être laissée à l’initiative privée. Toutefois, la modernisation du management publique de l’éducation devra demeurer dynamique et prospective. Ainsi l’école moderne, versus école nouvelle, ne devrait pas faire l’économie de réformes en phase avec les évolutions actuelles et futures de notre monde.

Les alternatives imposées par la pandémie du COVID-19, notamment avec l’usage du numérique à travers le télé travail et l’enseignement à distance, ont fini de prouver notre capacité d’adaptation face aux chocs conjoncturels. Il importe tout aussi d’inspirer des réformes structurelles sur la base d’expériences probantes qui peuvent se révéler efficaces pour venir à bout des problèmes endémiques qui gangrènent le système éducatif.

* Mamadou Mbodji Diouf
MBA Paris Dauphine-PSL
Membre du BP du Parti socialiste

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