Concours général et bac : l’école sénégalaise face à un paradoxe

Au Sénégal, un paradoxe éducatif interpelle : les élèves des établissements publics dominent le Concours général, tandis que les écoles privées, notamment catholiques, affichent des taux de réussite au baccalauréat bien supérieurs. Selon Cécile Thiakane, consultante RSE, cette situation met en lumière des disparités au sein du système éducatif sénégalais.

L’excellence publique au Concours général

Sur les 120 distinctions décernées lors du Concours général 2025, 80 sont revenues à des élèves d’établissements publics. Ces derniers représentent une large majorité des 113 lauréats, dont 55 filles, répartis sur 32 disciplines. En classe de Première comme en Terminale, les élèves du public ont remporté 40 distinctions, contre 25 et 15 respectivement pour le privé.

Succès du privé au baccalauréat

À l’inverse, les écoles privées catholiques affichent un taux de réussite au baccalauréat de 92% en 2025, avec 665 mentions sur 2 287 candidats. Ce chiffre contraste fortement avec le taux national de réussite, qui s’établit à 42,85%, marqué par de fortes disparités régionales. Dakar, par exemple, enregistre un taux de 57,07%, tandis que certaines académies rurales sont en difficulté.

Un système à deux vitesses ?

Mme Thiakane souligne que ce paradoxe révèle une « ligne de fracture profonde » dans le système scolaire sénégalais. L’excellence, selon elle, ne se trouve pas toujours là où on l’attend. Les élèves brillants, souvent issus de milieux modestes, sont « invisibles » aux classements traditionnels. La consultante RSE estime que le modèle éducatif du privé catholique, bien doté et organisé, repose sur un accès socialement limité, contribuant à un système scolaire à deux vitesses.

Des pistes pour l’avenir

Pour Cécile Thiakane, il est essentiel d’identifier les forces de chaque système et de les mutualiser. Elle propose plusieurs pistes pour réconcilier excellence et équité, notamment une réforme structurelle dès le primaire, l’introduction des langues nationales, la valorisation de la filière professionnelle, la numérisation des contenus, des partenariats entre écoles, universités et entreprises, et la création d’un fonds pour l’excellence publique. « L’éducation doit redevenir l’affaire de toute la nation », conclut-elle.

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3 commentaires

  1. Constat

    Un autre angle d’analyse:

    – dans le privé en général: l’encadrement est très important du fait que les responsables d’établissement sont très exigeants aussi bien envers eux-mêmes, qu’à l’endroit du corps professoral, ainsi les élèves sont dans des conditions académiques telles qu’il suffit qu’ils fassent preuve de volonté pour décrocher leurs diplômes. Et ceux qui ont encore plus de volonté et d’encadrement à domicile ont une forte probabilité de décrocher des mentions.

    – dans le public: l’élève doit vraiment se donner à fond et en vouloir pour décrocher le graal. s’il a la chance d’être suivi à domicile, au moins le bac est assuré.

    Tout est, en premier lieu, une question d’encadrement: à domicile et à l’école.


  2. Lamine

    Pour le concours général faut pas analyser en fonction de nombre de laureat mais en pourcentage. S’il y a 3 ou 4 fois plus d’eleves dans le publics c’est normal qu’ils aient plus de laureats.


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