Depuis des années, les experts alertent sur la disparition programmée de la presse sénégalaise, qui dépend souvent de subventions et de ressources insuffisantes. Les médias sénégalais ont eu du mal à maintenir une stabilité financière, notamment à cause de ventes faibles et de revenus publicitaires en baisse. Récemment, ces difficultés ont été mises en lumière, suscitant un débat national sur l’avenir de la presse.
Un journal vendu à 100 ou 200 francs CFA ne peut pas être financièrement viable, surtout sans soutien publicitaire. La crise actuelle de la presse ne résulte pas uniquement de sa précarité structurelle, mais de l’attention croissante de l’opinion publique. Pour de nombreux observateurs, la faillite inévitable du secteur était déjà prévisible, faute de perspectives financières et stratégiques.
Les faibles ventes et la baisse de la publicité remettent en question l’existence même de la presse comme vecteur de démocratie et de liberté. Les conditions de travail des jeunes journalistes se dégradent, sans plan de carrière ou d’avancement. Même le minimum requis par la convention collective des journalistes n’est pas respecté.
De plus, les entreprises de presse sont soumises aux mêmes obligations fiscales que les autres entreprises, les exposant à des redressements pour cotisations sociales, TVA et autres impôts. Les rares médias qui parviennent à satisfaire ces exigences le doivent à l’intégration de gestionnaires spécialisés dans la gestion financière. Cependant, la majorité des organes de presse n’y parvient pas et risque la faillite, avec la menace constante de sanctions administratives.
REPENSER LA PRESSE
Que faire pour sauver la presse sénégalaise ? Il est crucial d’engager des négociations, de mettre en place des moratoires et de dresser un état des lieux sans complaisance. La presse a toujours été sous l’influence de lobbies politiques, économiques et idéologiques, qui l’ont utilisée à leurs fins.
Les négociations doivent aborder toutes les questions présentes et futures, faute de quoi les entreprises de presse continueront de rencontrer des obstacles. Les assises de la presse, dont les conclusions sont en cours de finalisation, pourraient servir de référence pour entamer ces négociations de manière efficace. Le but est de trouver des solutions pérennes permettant à la presse de jouer pleinement son rôle de gardien de la démocratie, sans tomber dans des compromis ou des compromissions.