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"La nouvelle république cavalière" Par Oumou WANE Présidente africa 7

Alors que la capitale Burkinabé est ensanglantée, que les groupes djihadistes projettent le pire sur notre région en se rapprochant dangereusement de nos frontières, que faisons-nous en lieu et place de nous positionner vent debout et de nous montrer déterminés à faire face ? Rien ! Aucun mouvement de solidarité, aucun choc national, aucune empathie. Seul un communiqué du Président de la République au milieu de la tempête de nos palabres. Mais nous le peuple, les associations, la société civile, les intellectuels, nous sommes muets et immobiles, empêtrés et engloutis jusqu’au cou dans des polémiques internes sidérantes concernant le mandat de notre chef d’Etat. De palabres en palabres nous voguons comme si notre vie en dépendait. De longues semaines passées à ressasser et à pétrir ce sujet jusqu’à l’épuisement.

Devant ces nouveaux périls qui nous guettent, car la question n’est plus de savoir si nous serons visés par des attentats, mais quand cela arrivera, cette attitude évanescente et irréfléchie, marque de fabrique d’un nouveau socio-style sénégalais râleur et polémiqueur, empêche toute volonté d’avancer ensemble, et nous prive des aspirations qui furent jadis les nôtres, allant jusqu’à délaver la devise nationale « Un peuple, Un but, Une foi » qui plastronne sur un monument devenu le mur des lamentations et des complaintes citoyennes et guerrières.

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En publiant ce dimanche soir le projet de révision constitutionnelle, le président espérait peut être se sortir de la nasse érigée par la meute du doute, qui comme Saint Thomas ne croit que ce qu’elle voit mais non croyez-vous, ici on ne se bat pas pour le succès, c’est bien plus beau quand c’est inutile. Les polémiques vont désormais connaître une nouvelle floraison avec le contenu de ce texte. Les forces du contre tout ont assurément du grain à moudre et vont concentrer leurs nouvelles batailles sur de la grammaire, de la sémantique et des points et virgules mal placés dans ce projet de révision constitutionnelle. Toujours plus exigeant, jamais satisfait de rien et mécontent de tout !

Ce trait culturel se retrouve jusqu’à l’allégorie dans les comportements de la classe politique. Une grande partie des sénégalais est otage de cette nouvelle caste qui met ses volontés au dessus de celles des autres et nous impose son calendrier polémique… De vraies terreurs contre la pensée libre qui ne supportent aucune voix discordante au risque de se faire traiter de tous les noms d’invertébrés.

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Derrière sa carapace taiseuse, notre président n’en pense certainement pas moins du comportement et des attaques de ses opposants. Sûrement a-t-il décidé d’ouvrir le dialogue et de faire preuve de dépassement, s’il souhaite voir se construire son projet de nouvelle société dans la paix. Ces dernières semaines, sous les rafales des haines et des polémiques qui le visent, avec des commentaires si durs qu’ils dépassent le simple désaccord politique, nous avons cru voir Macky Sall perdre son calme, pour ne pas dire son sang froid.

Faute d’un service de presse coercitif et assez peu intéressé lui-même par la communication, notre Président pressé et quelque peu sous pression a même réussi à se mettre à dos les instances médiatiques en reprochant notamment aux télévisions « un manque de programme et le fait de donner la parole à n’importe qui ». Avant d’ajouter à l’attention des observateurs : « Arrêtez de parler et allez travailler, n’écoutez pas les radios et les télévisions sur la question du mandat ».

Non Monsieur le Président, ni les médias, ni les journalistes ne sont responsables de toute la curie arcboutée autour de vous, même s’il faut avouer, que virulence, agressions et insultes verbales sont légion dans la presse en général. Mais ce qu’il faut avouer également, c’est que pour le moment vous n’avez pas non plus fait tout votre possible pour la modernisation de nos médias et en particulier pour les programmes éducatifs dans nos télévisions. Vous le savez très bien, la nature a peur du vide et nous faisons avec ce que nous avons !

Enfin, pour en revenir à nos moutons, notre pays, si l’on en croit cette vieille garde politique, ressemble à un patient mal en point, dont chacun s’improvise le médecin personnel. En lisant tout ce qui s’écrit sur le Sénégal, je vois que chacun essaie de noircir le tableau, de dramatiser la maladie et de verser de la bile sur l’État, le pouvoir, les institutions et le reste…décrivant un pays en crise institutionnelle, au bord du gouffre !

Reprenons nos esprits et arrêtons de prendre les Sénégalais pour des demeurés ! Notre Président, s’il n’est pas une bête médiatique, reste un capitaine courageux néanmoins, une force vive qui passe dix-huit heures par jour sur le pont du navire Sénégal, certain qu’il mènera l’escadrille et son équipage à bon port. Il nous ressemble si peu d’ailleurs, tellement retenu, alors que nous sommes bavards, impulsifs, bruyants et bouillants d’ardeur et de passion.

Mais la situation va empirer dans les prochains jours pour lui. Car, qu’il l’ait fait exprès ou pas, ce projet de révision constitutionnelle touche les murs porteurs du PDS dont le candidat désigné et le candidat de transition, si besoin en était Maitre Wade himself, se retrouveraient d’office éliminés des prochaines joutes. Si le PDS est logique avec lui-même, il voterait non à ce referendum inéluctable désormais puisque ce piège à sa patte l’enfermerait. La pression a changé de camp avec ce cadeau empoisonné et les divisions au sein de ce parti pour le oui ou le non risquent de déboussoler les militants qui pourraient s’abstenir massivement, ne sachant plus où est leur véritable intérêt.

Décidément, le chat Macky Sall pourrait bien retomber sur ses pattes. Son projet de révision de la Constitution, tout en étant “une opportunité pour corriger les lacunes, insuffisances, contradictions et imperfections dans certains articles constitutionnels”, dixit Mamadou Abdoulaye SOW ce matin, pourrait très bien le confirmer par la voie du referendum et le choix du peuple dans un premier mandat de 7 ans reconductible.

Oumou Wane
Présidente africa 7

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